Un ancien général russe révèle les premières cibles de Poutine dans une hypothétique troisième guerre mondiale
À la suite des actions militaires de la Russie en Ukraine, les préoccupations mondiales se sont intensifiées, en particulier en Europe, où les craintes d'une éventuelle troisième guerre mondiale se sont accrues. Cette situation a suscité de nombreuses spéculations quant aux pays que le président Poutine pourrait considérer comme des cibles potentielles dans une telle éventualité.
La guerre en Ukraine a été, jusqu'à présent, un conflit circonscrit. Mais personne ne peut prédire ce qui se passerait si la Chine, l'Union européenne ou les États-Unis s'impliquaient. Toutefois, certains ont spéculé sur les priorités de la Russie au cas où elle viserait Berlin, Londres ou Washington.
Vous n'avez peut-être jamais entendu parler du législateur russe Andrey Gurulyov. Cependant, le général à la retraite, qui est actuellement député à l'Assemblée législative russe, affirme que la Russie s'arme pour une "grande guerre colossale".
Le 24 juillet 2022, Gurulyov parlait déjà sur la chaîne publique Rossiya-1 de ce que seraient les cibles de Poutine dans le cas d'une nouvelle guerre mondiale.
Image : chaîne publique Rossiya-1
Sky News a souligné que Gurulyov, député à la Douma d'État et membre du comité de défense de la législature, a émis l'hypothèse que ce conflit mondial pourrait résulter de l'escalade d'un blocus sur Kaliningrad.
Image : Soldats allemands participant aux exercices de l'OTAN en mai 2022.
Kaliningrad est une enclave portuaire russe dans la Baltique, entre les pays de l'OTAN que sont la Pologne et la Lituanie. Cela rend les communications et l'approvisionnement de cette zone plutôt délicates.
Image : Aleksey Malinovski / Unsplash
Les experts se sont demandés si la Russie devrait essayer de créer un couloir, surnommé le couloir Suvalkovsky, pour relier Kaliningrad au reste du pays.
Le général à la retraite, selon The Sun, a fait valoir qu'il s'agissait d'un piège qui entourerait les troupes russes d'armées ennemies. Cependant, des mesures doivent être prises si l'OTAN bloque Kaliningrad.
Image : chaîne publique Rossiya-1
La première étape logique, selon Gurulyov, serait de désactiver le système satellite de l'ennemi.
« Personne ne se soucierait de s'ils sont américains ou britanniques. Nous les verrions tous comme l'OTAN », commente Gurulyov, cité par le Daily Mail.
Deuxièmement, il s'agirait d'atténuer le système anti-missile de l'ennemi "partout et à 100 %", a ajouté Gurulyov.
« Nous ne commencerions certainement pas par Paris, Varsovie ou Berlin », a déclaré Gurulyov aux journalistes de Rossiya-1. « Le premier coup serait Londres. Il est clair que la menace pour le monde vient des Anglo-Saxons ».
« Dans le cadre de l'opération de destruction de sites d'importance critique, l'Europe de l'Ouest sera coupée de l'électricité et immobilisée », a déclaré l'ancien militaire. Le Sun souligne que, comme beaucoup d'autres partisans de la ligne dure russe, Gurulyov pense que l'Union européenne est trop molle pour s'engager dans une véritable guerre.
Gurulyov a spéculé sur la façon dont les États-Unis parviendraient à soutenir l'Europe dans la lutte, sans nourriture ni électricité, et combien de temps Washington arriverait à éviter le conflit.
« Voici le plan approximatif », a déclaré Gurulyov, ajoutant : « j'omets délibérément certains moments parce qu'ils ne doivent pas être discutés à la télévision ».
Image : Russie-1
Dans une autre émission télévisée, le général à la retraite a énuméré les pays possibles que la Russie pourrait être forcée d'attaquer ensuite : la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie.
Le 9 janvier 2023, Gurulyov a récidivé lors d'une nouvelle intervention à la télé publique, menaçant cette fois la France : « Nous devrions faire une guerre préventive. Macron fournit des tanks, moi je ferais des frappes préventives contre la France en tant que belligérant », prévient-il.
Dans le Parisien, il aurait répliqué suite à la décision de Macron d'intensifier l'aide à l'Ukraine : « Si on frappe la France une fois, ce sera la fin de tout ça. Tout le monde aura peur, je vous le dis, personne ne voudra aller en Ukraine. Pas besoin d’engager notre potentiel stratégique, nous avons assez d’armes pour détruire la France ou la Grande-Bretagne », ajoute le député de la Douma.
« La France existait, et maintenant elle n’existait plus, est-ce que ça dérangerait qui que ce soit ? », a conclu Gurulyov. Un commentaire excessif, mais somme toute inquiétante au vu des dernières évolutions géostratégiques en Europe.
En effet, le 26 février 2024, un commentaire du président français Emmanuel Macron avait jeté de l'huile sur le feu, laissant entendre qu'un envoi de troupes ne serait "pas exclu". Suite à cela, le secrétaire de presse du Kremlin, Dmitri Peskov, avait répondu que l'envoi de troupes en Ukraine conduirait à un conflit "inévitable".
Toutefois, il faut garder à l'esprit que bien que Gurulyov soit député à la Douma (photo) et fasse partie du comité de défense de la législature, comme le souligne The Daily Mail, il n'est plus un membre actif de l'armée. Ses déclarations sont donc à prendre avec des pincettes.
Par ailleurs, non seulement il est aujourd'hui très improbable que des troupes de l'OTAN soient envoyées en Ukraine, vu que même Volodymyr Zelensky ne le réclame pas, et d'autre part, le président russe Vladimir Poutine aurait peu d'intérêt à se lancer dans un conflit mondial.
Dans un article du Time Magazine datant de novembre 2023, une analyse des probabilités de guerre a été faite. En fait, selon Bryan Frederick, politologue principal à la RAND Corporation, "il s'agit d'une stratégie d'information du Kremlin qui consiste à mettre l'accent sur les risques de la guerre pour l'Occident et à essayer de s'en servir pour réduire le soutien à l'Ukraine".
Selon Jay Winter, historien de la guerre au XXe siècle et professeur émérite à Yale, cité par le Time Magazine, "ce ne sont que des mots, et il s'agit d'un langage qui se développe bien au-delà de la capacité de la réalité à le soutenir". Autrement dit, ce ne sont que des menaces, dont la réalisation est fort peu probable.