Des soldats vétérans revenant d'Ukraine commettent des crimes lorsqu'ils rentrent en Russie
De nombreux médias russes ont rapporté que le nombre de délits graves perpétrés par des militaires de retour de mission a augmenté en Russie, les soldats rapportant au pays la violence qu'ils ont subie sur le front.
Une analyse de centaines de documents judiciaires et d'articles de presse rapportant des crimes violents commis par des soldats de ce que la Russie appelle "l'opération militaire spéciale" en Ukraine a été réalisée par Verstka, le magazine d'information sociopolitique en ligne indépendant russe.
Au moins 242 personnes ont été tuées et 227 ont été gravement blessées sur les 500 civils qui ont été victimes de crimes violents commis par des soldats, selon le magazine.
Le magazine Verstka précise que la plupart des crimes impliquent la consommation d'a l c o o l et que les délits répertoriés vont de l'usage direct de la violence à la négligence et aux infractions au Code de la route qui provoquent des accidents.
Il semble toutefois que les crimes violents soient plus souvent commis au cœur de la famille et que les victimes soient souvent des femmes, selon le magazine d'information sociopolitique russe Verstka.
Mais le média a fait une autre découverte dans son analyse : deux tiers des crimes violents ont été commis par d'anciens prisonniers graciés ou ayant bénéficié d'une réduction de peine pour leur implication dans la guerre en Ukraine.
57 des 125 anciens soldats condamnés étaient des récidivistes ayant commis des infractions similaires à celles qui les avaient conduits en prison la première fois, avant qu'ils ne rejoignent l'armée ukrainienne, d'après le magazine indépendant Verstka.
Compte tenu du grand nombre de victimes de la guerre en Ukraine, les prisons ont constitué un important vivier de recrutement pour la milice Wagner et l'armée russe.
La radio britannique BBC a interrogé des experts au sujet de la violence liée à ces ex-combattants, et estime qu'environ 48 000 détenus ont été recrutés par la milice Wagner.
Ces personnes, qui ont commis des crimes graves, "sont saluées comme des héros" à leur retour dans leur pays, et cela constitue un véritable problème, a expliqué le sociologue Igor Eidman à la radio britannique BBC.
Qui plus est, les victimes craignent que leurs agresseurs ne soient pas punis, ce qui explique que de nombreux crimes commis par ces soldats ne soient pas signalés, selon la BBC.
La BBC rapporte que l'une des raisons qui pourraient décourager les victimes de porter plainte est la promulgation d'une nouvelle loi punissant le "discrédit" de l'armée russe.
L'impunité dont jouissent ces soldats est bien réelle. En effet, la Russie a connu une augmentation de 10% des crimes violents, due au sentiment d'impunité, selon les déclarations d'Olga Romanova, directrice de l'ONG Russia Behind Bars à la radio britannique BBC.
Il convient également de préciser que les peines prononcées à l'encontre de ces soldats ayant commis des crimes sont souvent adoucies par leur participation à "l'opération spéciale" (c'est-à-dire la guerre en Ukraine), selon le magazine d'information sociopolitique russe en ligne indépendant Verstka.
La plupart du temps, les juges prennent en compte le passé militaire de l'auteur de l'infraction, et ce n'est que dans 15 % des cas qu'ils ne le font pas, selon le magazine Verstka.
Mais cela va encore plus loin, puisque certains anciens prisonniers qui sont rentrés du front récidivent et retournent ensuite au front pour éviter les conséquences, selon la radio britannique BBC.