Des vacances de rêve qui ont tourné au cauchemar : la tragédie du camping de Los Alfaques (Espagne) le 11 juillet 1978

Un accident qui a coûté la vie à 215 personnes
Un lieu bien situé et très apprécié
Une proximité fatale avec la route
4 000 litres de gaz propylène en trop
Sur la route
Le gaz s'échappe du réservoir
Des dégâts d'une ampleur incroyable
Une chaleur extrême
Comme dans un film d'horreur
215 morts et 64 blessés graves
Une aide internationale
Les personnes décédées
Une surcharge fatale du réservoir
Le gaz n'avait pas pu se dilater
Un acier fragile
Deux personnes condamnées à un an de prison avec sursis
6,6 millions d'euros d'indemnités
La sécurité au premier plan
Ne jamais oublier
Un mur commémoratif
Un accident qui a coûté la vie à 215 personnes

Il y a 45 ans, un terrible accident mettait fin brutalement à des vacances de rêve dans les environs de Tarragone, en Espagne : le 11 juillet 1978, un camion-citerne de gaz liquéfié explosait près du camping "Los Alfaques". 215 personnes ont perdu la vie et 60 autres ont survécu avec de graves blessures. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire ?

Un lieu bien situé et très apprécié

Situé sur la Costa Dorada, le camping "Los Alfaques" ("Les Alfaques" en français) était très apprécié des vacanciers, car il donnait directement sur la mer tout en étant facilement accessible en voiture.

Photo : Pixabay / plataformah2oil

Une proximité fatale avec la route

Niché entre la mer et la route, le camping avait un accès direct à la plage sur toute sa longueur. Mais la faible largeur de son terrain (environ 50 mètres seulement) le plaçait également tout près de la route, ce qui allait s'avérer fatal.

4 000 litres de gaz propylène en trop

Le 11 juillet 1978, un camion-citerne passait justement par cette route, chargé de 23 tonnes de gaz propylène, soit 4 de plus que les 19 tonnes réglementaires.

Sur la route

Le camion se dirigeait vers Puertollano et devait encore rouler plusieurs centaines de kilomètres. Mais c'est aux environs de Sant Carles de la Ràpita que l'accident a eu lieu.

Le gaz s'échappe du réservoir

On était en plein après-midi d'une chaude journée d'été, et le camping était rempli avec 700 vacanciers sur place, lorsque du gaz s'est échappé du réservoir du camion.

"Les flammes de l'enfer"

Le gaz propylène s'est échappé à la vitesse de l'éclair et a pris feu avec les flammes des cuisinières à gaz que les vacanciers utilisaient à ce moment-là. En un rien de temps, le camping était en flammes et la température de l'air avait atteint 1 500 degrés, selon le journal allemand 'Stern'. Un témoin a évoqué des "flammes de l'enfer".

Photo : Unsplash / Will Truettner

Des dégâts d'une ampleur incroyable

La chaleur produite par le gaz enflammé a également fait exploser des bouteilles de gaz dans les caravanes, provoquant des dégâts d'une ampleur incroyable : l'onde de choc a projeté certaines personnes dans la mer, d'autres ont été brûlées vives.

 

Une chaleur extrême

Comme l'a rappelé la radio allemande 'Deutschlandfunk', le journaliste José Angel Odena, qui a été témoin de la scène, a indiqué que des personnes sont mortes même dans la mer à cause de la chaleur extrême, et que les mains d'une victime ont été gravées dans la roche.

Comme dans un film d'horreur

Sous le choc, les personnes blessées qui ont survécu ont déambulé sur place, comme des zombies. Selon un témoin, la scène avait des allures de film d'horreur.

215 morts et 64 blessés graves

215 personnes sont mortes pendant ou des suites de l'accident. 400 autres ont été blessées en tout, dont 64 gravement. Selon 'Stern', des riverains ont donné les premiers secours sur place, en apportant des pansements et en emmenant eux-mêmes les blessés à l'hôpital.

Une aide internationale

Comme les hôpitaux locaux ont rapidement été surchargés, d'autres pays ont envoyé des médecins et des médicaments dans la région de Tarragone. L'aide de l'Allemagne a été apportée par la Croix-Rouge, l'armée et l'aviation de ce pays, et par le club automobile ADAC : en effet, de nombreux Allemands se trouvaient parmi les victimes.

Les personnes décédées

Certaines des personnes décédées étaient si gravement brûlées que leur identification a duré plusieurs jours. 80 Français, 45 Espagnols, 38 Belges, 33 Allemands, 9 Néerlandais et 5 Suisses n'ont pas survécu au drame de Los Alfaques.

Une surcharge fatale du réservoir

L'enquête a montré par la suite que la surcharge du camion avait joué un rôle décisif dans la survenue de l'accident.

Le gaz n'avait pas pu se dilater

Le réservoir ne doit normalement pas être complètement rempli, afin que le gaz ait assez d'espace pour se dilater durant les fortes températures de l'été. Mais cette précaution n'avait pas été prise dans le cas du camion de Los Alfaques.

Un acier fragile

En se dilatant, le gaz a développé une force à laquelle la citerne n'a pas pu résister. Celle-ci était en outre fabriquée dans un acier dit sensible à la rupture fragile, un matériau peu ductile et sujet à de soudaines défaillances.

Deux personnes condamnées à un an de prison avec sursis

Deux personnes ont été condamnées lors du procès qui s'est tenu quatre ans plus tard. Le directeur de la raffinerie Enpetrol, et celui de l'entreprise qui avait fabriqué la citerne, Cisternas Reunidas, ont été condamnés chacun à un an de prison avec sursis.

Photo : Pixabay / falco

6,6 millions d'euros d'indemnités

Les survivants et les familles des victimes avaient reçu dès avant le procès une indemnité de 1,1 milliard de pesetas, convenue lors d'un règlement extrajudiciaire - soit environ 13 millions d'euros actuels.

La sécurité au premier plan

Ce drame n'est pas resté sans conséquences pour les dispositifs internationaux de sécurité : en Espagne, les "bombes roulantes" ont été interdites de circulation pendant un certain temps, selon 'Deutschlandfunk', tandis que des formations pour les chauffeurs ont été mises en place dans certains pays d'Europe pour sensibiliser aux dangers.

Ne jamais oublier

Les survivants de ce que le média allemand 'Focus' a appelé la "grande catastrophe européenne de l'après-guerre" n'oublieront jamais cet épisode qui les a marqués à vie dans leur chair...

Un mur commémoratif

La direction du camping "Los Alfaques" a fermé le lieu pendant un an, avant de le rouvrir. Il est toujours en activité aujourd'hui, sous le nom de "Camping Alfacs". Mis à part un mur commémoratif, plus grand-chose ne rappelle le terrible drame de 1978.

Photo : Instagram @campingalfacs

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