Gouvernement Bayrou : premier conseil des ministres pour un exécutif sous pression
Nommé Premier ministre fin 2024 en remplacement de Michel Barnier, censuré par l’Assemblée nationale, François Bayrou a dirigé son premier conseil des ministres en France ce vendredi 3 janvier.
Le centriste a nommé une équipe largement remaniée, qui compte notamment deux de ses prédécesseurs à Matignon, Manuel Valls (Outre-mer) et Élisabeth Borne (Éducation nationale et Enseignement supérieur).
Dès la passation de pouvoir avec Michel Barnier, le Béarnais avait évoqué un « Himalaya des difficultés » de toutes sortes qui l’attendent. Une synthèse en images.
Cité par La Croix, François Bayrou a souhaité faire de 2025 une année sous le signe de la « réconciliation » et de la « stabilité ». Ses vœux seront-ils exaucés ?
« Deuxièmement, je souhaite l’action », a ajouté le locataire de Matignon, estimant « qu’une partie du désenchantement des Français vient de ce qu’ils n’aperçoivent pas l’efficacité qu’ils sont en droit d’attendre de ceux à qui ils confient le pouvoir ».
Le patron de l’exécutif doit tout d’abord gérer la crise et la reconstruction de Mayotte, l’archipel français de l’Océan Indien dévasté par la tempête Chido en décembre. La situation n’est pas non plus stabilisée en Nouvelle-Calédonie après les émeutes de l’an dernier.
François Bayrou a été ciblé par une première polémique dès sa prise de fonctions, lorsqu’il a préféré se rendre à Pau en jet pour présider le conseil municipal de la ville dont il reste maire, au lieu de rejoindre immédiatement Mayotte.
Par ailleurs, la France n’a toujours pas de budget pour l’année qui s’ouvre, le gouvernement précédent ayant chuté en tentant d’imposer son budget de la Sécurité sociale majoritairement rejeté par les députés.
En attendant l’adoption d’une loi de finances, une « loi spéciale » a été votée qui permet à l’État de lever les impôts et de financer les services publics. Mais les principaux choix budgétaires pour 2025 ne sont pas encore tranchés.
Autre dossier brûlant : la contestation des agriculteurs. Selon France Info, la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays, a lancé un ultimatum au Premier ministre pour obtenir un rendez-vous, avant d’envisager des « blocages ponctuels » ce dimanche.
François Bayrou prononcera son discours de politique générale à l’Assemblée nationale mardi 14 janvier. Un exercice périlleux pour un Premier ministre déjà chahuté dans l’hémicycle et dont le gouvernement est minoritaire.
En effet, l’exécutif est constitué du « bloc central », composé des forces macronistes et de la droite des Républicains. Mais cette alliance est minoritaire à l’Assemblée nationale face à l’union de la gauche et à l’extrême-droite du Rassemblement national (RN).
Afin d’élargir son socle pour s’inscrire dans la durée, l’exécutif doit donc tenter de convaincre d’autres groupes politiques, comme le Parti socialiste (PS), de soutenir son action.
La tâche s’annonce difficile, car le PS n’est pas disposé à rompre l’alliance du Nouveau Front populaire (NFP) pour voler au secours de François Bayrou. Par ailleurs, de premiers signes de division ont déjà été observés au sein du bloc gouvernemental.
Le parti d’extrême-gauche La France insoumise (LFI) a indiqué son intention de déposer une motion de censure immédiatement après le discours de politique générale. Le RN et la gauche joindront-ils de nouveau leurs voix ?
Dans ce cas, le gouvernement Bayrou serait l’un des plus éphémères de la Cinquième République et le président de la République, Emmanuel Macron, serait encore plus fragilisé. Les prochaines semaines nous permettront d’en savoir plus !