Kaja Kallas souhaite rendre plus visible le rôle de l'Europe dans l'aide au développement
Kaja Kallas, la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, s'est exprimée sans fard après la Conférence de Munich sur la sécurité : "Il semble que les États-Unis veuillent se disputer avec nous."
L'Estonienne souhaite répliquer et utiliser le levier de l'aide au développement, dont Donald Trump a coupé tous les financements américains, pour servir les intérêts de l'UE.
Le président américain a récemment décidé de suspendre l'aide aux pays en développement pour une période de 90 jours. L'UE a assuré qu'elle maintiendrait ses engagements dans ce domaine. Mais cela suffira-t-il à surmonter les crises actuelles ?
Selon l'OCDE, les États-Unis ont été le pays qui a le plus contribué à l'aide publique au développement en 2023, avec un montant de près de 63 milliards d'euros.
Cependant, l'Union européenne et ses États membres ont atteint un montant cumulé de près de 96 milliards d'euros sur la même période, ce qui place le continent dans sa globalité en tête du classement des contributeurs.
Cependant, malgré des circonstances difficiles, l'Union a indiqué qu'elle ne prévoit pas d'augmenter ses fonds pour l'aide internationale au développement à ce stade. Kaja Kallas souhaite toutefois intervenir ponctuellement, en cas de retrait définitif des États-Unis.
L'Union européenne n'a l'intention de compenser les contributions américaines supprimées qu'à certaines conditions et dans des cas stratégiquement intéressants pour elle.
Comme l'a déclaré Kaja Kallas dans une interview pour un réseau d'agences de presse, les moyens manquent pour combler immédiatement le vide laissé par les États-Unis.
Actuellement, l'Union européenne soutient de nombreuses organisations avec des moyens considérables, mais de façon trop discrète, selon Kaja Kallas.
La situation actuelle est donc une opportunité pour rendre le drapeau européen plus visible et pour montrer aux pays qui reçoivent l'aide quels sont leurs réels appuis.
Kaja Kallas a cité comme exemple l'Autorité palestinienne et l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), désignés par Israël et les États-Unis comme des auxiliaires du Hamas. « Nous sommes les plus grands soutiens, mais personne ne le sait », a déclaré l'ancienne Première ministre estonienne.
En réponse au projet de Donald Trump de "réinstaller" définitivement les Palestiniens hors de la bande de Gaza, Kaja Kallas a déclaré que "les gens ne peuvent pas être déplacés par la force".
La dirigeante de la diplomatie européenne a donc pris ses distances avec Washington, tout en estimant que, sans de bonnes relations transatlantiques, les perspectives de l'Europe sont plutôt sombres.
Dans une interview pour le journal allemand Tagesschau, Kaja Kallas a déclaré ceci à propos des négociations de paix entre les États-Unis et la Russie : "Il ne peut pas être question que la Russie obtienne des territoires ukrainiens, que les États-Unis obtiennent les ressources naturelles et que l'Europe paie la facture pour sécuriser la paix. Cela ne fonctionne pas. Nous devons désormais mobiliser notre force."
Les États-Unis souhaitent mettre fin aux guerres en faisant d'énormes concessions aux belligérants, tout en pensant en premier à leurs propres intérêts. Dans le cas de la fin de la guerre en Ukraine, les intérêts économiques pour les États-Unis sont nombreux.
Face à cette évolution de la diplomatie américaine, Kaja Kallas appelle à plus de réalisme de la part de Washington et à la préservation du partenariat avec l'Europe.
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