La crise du logement : un phénomène mondial, des solutions possibles
Bidonvilles et habitat précaire dans les pays pauvres, hausse des prix et accès difficile au logement dans les pays développés : la crise du logement est un phénomène mondial ! Où en est-on ?
« La plupart des pays peinent à garantir à leurs citoyens l’accès à un logement abordable et adéquat », a déclaré en juin Maimunah Mohd Sharif, la directrice générale d’ONU-Habitat, citée par Radio-Canada.
À l’échelle mondiale, environ 1,6 milliard d’individus vivent dans des logements précaires ou inadéquats. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici à 2050, sous l’effet de l’urbanisation accélérée et de la croissance de la population, souligne le même média.
L’ONU a estimé à 1,06 milliard le nombre de personnes vivant dans un bidonville dans le monde en 2023. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, plus de la moitié de la population urbaine réside dans ce type d’habitation, avec un triste record de 82 % au Tchad.
En Côte d’Ivoire, les opérations de « déguerpissement » se multiplient : il s’agit de l’expulsion des habitants d’un quartier, préalable à des travaux de réaménagement des lieux.
Le problème ? Les personnes concernées ne bénéficient pas d’un nouveau logement et ne reçoivent même pas toujours l’indemnisation, au demeurant très faible, de 250 000 francs CFA (environ 380 euros), selon Le Monde.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a rappelé cette année que les prix des logements avaient augmenté de 48 % en Europe durant la dernière décennie. Soit une croissance presque deux fois plus rapide que le revenu des ménages, indique Le Monde.
Les métropoles sont les plus durement frappées par ce phénomène. Au Royaume-Uni, un agent de police qui vit à Londres dépense en moyenne plus de la moitié de son salaire uniquement pour payer son loyer, note Radio-Canada.
Outre les prix qui montent en flèche, les habitants des grandes métropoles sont confrontés à la rareté des logements disponibles, comme en témoignent les longues files d’attente pour des visites d’appartements.
Propriétaires d’une chambre de bonne de 10 mètres carrés dans le centre de Paris, qu’ils louent pour 490 euros, Laurence et Jean ont témoigné dans Le Monde de l’afflux de candidatures aussitôt l’annonce mise en ligne : 148 réponses en une demi-heure.
Quelles sont les causes de cette pénurie commune à des territoires si différents ? Le manque d’investissement, le rythme de construction insuffisant face à la croissance de la population et la spéculation immobilière font partie des facteurs les plus fréquemment cités.
La location de logements de courte durée, notamment dans les villes touristiques, est également montrée du doigt par certains élus comme l’une des causes de la crise du logement dans les zones urbaines.
Quelles sont les solutions possibles à ce problème complexe ? Si la crise est difficile à éradiquer rapidement, plusieurs pistes existent pour tenter de l’endiguer.
En France, certains promoteurs immobiliers construisent des maisons de plus petite taille pour adapter leur offre aux budgets contraints, comme le groupe Hexaom qui propose des pavillons de 50 mètres carrés à partir de 80 000 euros (hors prix du terrain).
« Je suis célibataire, je n’avais pas besoin de plus grand et le prix a joué aussi », explique au Monde l’acquéreur d’un pavillon de 61 mètres carrés (soit près de deux fois moins que la moyenne nationale) pour seulement 122 000 euros dans le nord de la France.
Pour remettre davantage de logements sur le marché, certains proposent d’encadrer les locations saisonnières, notamment sur Airbnb, à travers une taxation supplémentaire ou un plafonnement du nombre de nuitées par an pour chaque propriétaire.
Une autre solution mise en œuvre dans plusieurs villes, comme Berlin, Amsterdam ou Paris, consiste à encadrer l’augmentation des loyers. La baisse de prix immédiate peut cependant aller de pair avec une réduction de l’offre ou une hausse des prix dans les environs.
En Espagne, le gouvernement a annoncé en janvier 2025 un plan global de relance du logement. Au menu : taxe sur la spéculation immobilière et les logements touristiques, modernisation du secteur de la construction, augmentation des aides aux locataires et des exemptions d’impôts pour les propriétaires qui remettent des logements vides à bas prix sur le marché.
En Australie, le gouvernement a lancé en 2023 une politique de primes allant jusqu’à 3 millions de dollars australiens, versées aux territoires qui construisent le plus de logements neufs. Les autorités ont pour objectif 1,2 million de nouveaux logements sur cinq ans dans le pays.
« Nous savons qu'il n'existe pas de solution simple d'un jour, d'une semaine ou d'un mois pour résoudre les problèmes de logement qui relèvent d'un problème d'approvisionnement à long terme », a déclaré le Premier ministre australien, Anthony Albanese, cité par Radio-Canada.
Cet homme politique a affirmé que l’augmentation de l’offre est « la clé pour faire baisser les loyers et aider les locataires ». Les pouvoirs publics parviendront-ils à vaincre la crise du logement d’un bout à l’autre du monde ?
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