Le Royaume-Uni repère un "navire espion" russe dans la Manche et met en garde Vladimir Poutine
La Russie serait-elle en train de préparer de nouvelles opérations de sabotage ? C'est en tout cas ce que suspecte le Royaume-Uni, qui a annoncé avoir repéré cette semaine un navire russe Yantar dans la Manche.
Officiellement, le Yantar est un navire de recherche océanographique appartenant à la flotte maritime militaire russe. Il a été repéré le lundi 20 janvier à environ 70 km des côtes anglaises, dans la zone économique exclusive (ZEE) du Royaume-Uni.
Photo : Wikimedia Commons
« Soyons clairs, il s'agit d'un navire espion russe », a affirmé John Healey, secrétaire d'État à la Défense britannique, devant la Chambre des communes.
Londres suspecte ce navire russe de cartographier les réseaux de câbles sous-marins en vue de possibles opérations de sabotage. En réponse, les autorités britanniques ont mis en place des mesures pour contrer cette menace.
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La Royal Navy a rapidement réagi en déployant la frégate HMS Somers et le navire de patrouille HMS Tyne pour surveiller le navire russe « à chaque minute », a assuré John Healey.
Dans les airs aussi, la vigilance est de mise. Des avions de patrouille maritime ont été mobilisés afin de suivre avec précision chaque déplacement du Yantar.
John Healey a déclaré aux députés britanniques que cette situation représentait « un nouvel exemple de l'agression russe croissante », rapporte la BBC.
Selon The Guardian, John Healey a accusé le président Vladimir Poutine d'essayer de menacer la sécurité européenne en ciblant les infrastructures sous-marines transportant le pétrole, le gaz, l'électricité et l'internet.
« Nous vous voyons. Nous savons ce que vous faites », a déclaré le secrétaire d'État à la Défense en s'adressant à Vladimir Poutine, devant les députés britanniques.
« Nous n'hésiterons pas à prendre des mesures énergiques pour protéger notre pays », a-t-il ajouté, mettant en garde le président russe.
Ce jeudi, l'ambassade russe à Londres a affirmé que « de telles menaces n’ont jamais émané de la Russie », dans un communiqué cité par des agences russes.
« Les accusations formulées par l’establishment de la défense britannique à l’égard de la Russie concernant la création d’une sorte de menace contre les communications sous-marines sont absolument intenables », assure l'ambassade, accusant Londres d’« attiser les tensions » dans la mer Baltique et la mer du Nord.
Plus tôt ce jeudi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait refusé de commenter cette affaire. « Je ne possède pas d’informations […] donc je m’abstiens de commenter », avait-il déclaré à la presse.
Le journal britannique The Guardian souligne que le Yantar avait déjà été détecté dans les eaux britanniques en novembre dernier, avant de se diriger à l'est de Dublin, dans les eaux irlandaises. À l'époque, des inquiétudes avaient émergé concernant la possibilité d'espionnage des connexions Internet entre le Royaume-Uni et l'Irlande.
La marine britannique avait alors mobilisé un sous-marin (le HMS Astute — photo — selon The Guardian), des navires de guerre et des avions de patrouille pour surveiller le navire militaire russe.
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Au cours des 18 derniers mois, des câbles sous-marins situés dans la mer Baltique ont été endommagés à trois reprises dans des circonstances encore floues, rapporte le journal britannique. le jour de Noël par exemple, le câble électrique sous-marin Estlink-2, reliant la Finlande à l’Estonie, a été endommagé. La police finlandaise soupçonne l'équipage du pétrolier Eagle S, en provenance de Russie, d'avoir causé ces dommages en traînant son ancre sur le fond marin.