Les nouvelles politiques globales pour attirer professionnels qualifiés et nomades digitaux
La natalité est en crise partout dans le monde. De l’Italie à la Corée du Sud, en passant par la Chine, le Canada et la Russie, le nombre d’enfants par femme se situe en deçà du seuil de renouvellement des générations, ce qui entraînera à terme une baisse de la population.
Dans ce contexte, le capital humain se fait de plus en plus rare. Un phénomène déjà visible à travers l’exode rural, la fuite des cerveaux de certains pays, ou encore la pénurie de médecins et de commerces dans certains territoires.
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Pour faire face à ce problème, certains États, régions ou territoires se mobilisent pour attirer de la main d’œuvre, notamment jeune et qualifiée. Un tour d’horizon des dispositifs déjà mis en place.
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Les nomades numériques (ou « digital nomads »), des actifs de la tech libres de s’installer où bon leur semble, sont une population très convoitée en raison de leur pouvoir d’achat élevé.
Le site internet Citizen Remote ne recense pas moins de 66 pays offrant un visa spécifique permettant ou facilitant leur installation. De l’Afrique du Sud au Vietnam, du Costa Rica à la Norvège, le monde entier semble suivre ce mouvement.
Rien qu’en Europe, 18 États offrent des conditions avantageuses aux nomades numériques. En Espagne, des actifs du monde entier peuvent s’installer à condition de gagner au moins 2 215 dollars par mois.
État pionner du digital, l’Estonie a frappé fort en instaurant dès 2014 un statut de e-résident dans ce petit pays. Les démarches sont simples et ouvertes à tous à condition d’avoir un niveau de base en anglais.
Si ce statut ne modifie pas la résidence physique et le régime fiscal, il offre des avantages, comme une carte d’identité numérique avec signature intégrée, des moyens de paiement internationaux et l’accès à des services en ligne des banques estoniennes.
Avec son climat ensoleillé et ses plages paradisiaques, la Thaïlande fait partie des destinations préférées des nomades numériques. À l’issue de la pandémie de Covid, le pays a mis en place un visa de résidence à long terme.
Valable dix ans et offrant un taux d’imposition réduit (17 %), ce visa n’est délivré qu’à des conditions strictes : il n’est ouvert qu’aux personnes justifiant d’au moins 80 000 dollars par an de revenus.
Destination devenue populaire pour les nomades numériques, El Salvador offre des conditions avantageuses aux actifs du monde entier pour la coquette somme de 2 825 dollars. Un revenu de 1 460 dollars par mois est suffisant pour s’installer dans ce pays d’Amérique centrale.
La Nouvelle-Zélande a joint l’utile à l’agréable avec son Working Holiday Visa (« Permis Vacances-Travail » en français), ouvert aux jeunes âgés de 18 à 30 ans.
Valable un an et prolongeable trois mois sous conditions, ce visa permet de voyager dans le pays tout en ayant la possibilité d’étudier jusqu’à six mois et de travailler (dans une limite de six mois par employeur).
En France, le « passeport talent » permet à des actifs internationaux gagnant au moins le double du salaire minimum de simplifier l’obtention d’un visa de séjour long.
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En Espagne, la région très dépeuplée d’Estrémadure (26 habitants au kilomètre carré) a décidé cette année de mettre la main au portefeuille pour attirer de la main d’œuvre, en offrant une prime à l’installation.
Pour les moins de 30 ans, l’incitation financière est de 10 600 euros à l’arrivée, avec une majoration de 5 300 euros pour une année supplémentaire au bout de deux ans. Au-delà de 30 ans, la somme diminue à 8 500 euros à l’arrivée et à 4 200 euros en cas de prolongation.
Toucher ce petit pactole est néanmoins soumis à plusieurs conditions : ne pas avoir résidé en Estrémadure dans les six mois précédents, emménager dans une commune de moins de 5 000 habitants et prouver sa capacité à travailler à distance, détaille le média belge 7sur7.
L’outil fiscal est fréquemment utilisé pour attirer ou retenir la main d’œuvre dans un territoire donné. Au Québec, les jeunes diplômés travaillant dans une région éloignée bénéficient d’un crédit d’impôt.
Les jeunes qui travaillent dans certains métiers qualifiés peuvent obtenir un abattement allant jusqu’à 3 000 dollars canadiens par an, pour un montant cumulatif maximal de 8 000 ou 10 000 dollars, selon les cas.
Au niveau local, le marketing territorial vise à promouvoir une ville ou une région aux yeux des actifs, et plus seulement des touristes. Des métropoles comme Londres ou New-York lancent régulièrement des campagnes pour promouvoir leur dynamisme et attirer des jeunes qualifiés.
Catégorie-clé pour le progrès technologique et l’innovation, les chercheurs font l’objet de toutes les convoitises. En Chine, l’initiative controversée « 1 000 Talents » avait séduit 7 000 scientifiques, ingénieurs et professionnels de la finance entre 2008 et 2021, indique Le Monde.