Déclaration commune de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie : un premier pas vers la paix au Caucase ?

Une déclaration commune de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie
Les prisonniers relâchés
Des pourparlers de paix à Washington ?
Un changement de pied de l'Azerbaïdjan
Le refus initial de Bakou
Pas de réunion tripartite
La position américaine jugée partiale
La fermeté de Washington
Des négociations au point mort
L’Arménie souhaite la paix
La médiation de l’Europe
L'impact du conflit sur les civils
Un territoire disputé de longue date
Près de 120 000 personnes ont fui
Des accusations d’épuration ethnique
Un génocide en cours ?
Le rôle de la Russie
Un revirement de Moscou
Une dépendance vis-à-vis de l’Azerbaïdjan
Bakou soutenu par la Turquie
Les chimères de l’Empire ottoman
L’ambiguïté européenne
Des intérêts économiques
L’Azerbaïdjan en position de force
Exploiter diplomatiquement l'avantage militaire
Une déclaration commune de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie

Les tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont fortes depuis que ce pays a repris par la force la région du Haut-Karabakh, reconnue internationalement comme un territoire azerbaïdjanais, mais dont l'Arménie avait de facto assuré l'indépendance. Cependant, les deux États ont publié une déclaration commune le 7 décembre, qui devrait constituer un premier pas vers la normalisation de leurs relations.

Les prisonniers relâchés

Selon 'Reuters', les deux pays ont libéré les soldats qu'ils avaient fait prisonniers. Et l'Arménie aurait promis de ne pas entraver la candidature de l'Azerbaïdjan à l'organisation de la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique.

Des pourparlers de paix à Washington ?

En outre, selon le média arménien 'Aremenpress', le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, souhaite inviter prochainement à Washington les ministres des Affaires étrangères des deux pays pour entamer des pourparlers de paix.

Un changement de pied de l'Azerbaïdjan

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, s'est longtemps montré réticent à négocier avec l'Arménie, mais il a récemment assoupli sa position.

Le refus initial de Bakou

Le 16 novembre dernier, l’Azerbaïdjan avait officiellement refusé de participer aux pourparlers de normalisation de la situation avec l’Arménie, organisés sous l’égide des États-Unis.

Pas de réunion tripartite

« Nous estimons qu'il n'est pas possible d'organiser la réunion proposée au niveau des ministres des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie à Washington le 20 novembre 2023 », avaient déclaré les autorités de Bakou dans un communiqué cité par ‘France 24’.

La position américaine jugée partiale

L’Azerbaïdjan avait jugé que le Secrétaire d’État adjoint des États-Unis, James O’Brien, avait fait des « remarques unilatérales et partiales » à propos du conflit en cours lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, le 15 novembre.

La fermeté de Washington

« Rien ne sera normal avec l'Azerbaïdjan après les événements du 19 septembre tant que nous ne verrons pas de progrès sur la voie de la paix », avait déclaré O’Brien, cité lui aussi par ‘France 24’.

Des négociations au point mort

Cette position ferme de l'Azerbaïdjan avait fait échouer toutes les tentatives précédentes de normalisation du conflit qui couvait dans la région du Caucase.

L’Arménie souhaite la paix

Entre-temps, l'Arménie, qui a perdu le Haut-Karabakh lors des affrontements, a continué à appeler à la paix, voyant qu'elle n'avait aucune chance de l'emporter militairement face à un Azerbaïdjan de plus en plus puissant. 'France 24' a rapporté les propos du Premier ministre arménien, Nikol Pachinian : "la volonté de notre pays de conclure un accord de paix avec l'Azerbaïdjan dans les mois à venir est inébranlable".

La médiation de l’Europe

Plusieurs cycles de négociations ont déjà eu lieu sous la médiation de l’Union européenne. Mais le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a refusé de les poursuivre, dénonçant une « position biaisée » de la France.

L'impact du conflit sur les civils

Même si l'attention de la communauté internationale est plus focalisée sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie et sur les affrontements entre Israël et le Hamas, le conflit du Haut-Karabagh a eu un impact considérable sur les populations civiles.

Un territoire disputé de longue date

Après la chute de l’URSS, le Haut-Karabagh avait repoussé les Azerbaïdjanais et la république d’Artaskh y avait été fondée, reconnue uniquement par l’Arménie. Mais Bakou a repris la majorité de ce territoire en 2020.

Près de 120 000 personnes ont fui

Et comme l'Azerbaïdjan a repris le contrôle de l'ensemble de la région, la quasi-totalité de ses 120 000 résidents arméniens ont été contraints de fuir vers l'Arménie.

Des accusations d’épuration ethnique

Ces événements ont conduit l’ambassadrice d’Arménie en France à évoquer sur ‘France Info’ une « épuration ethnique » qui serait opérée par l’Azerbaïdjan.

Un génocide en cours ?

Dans un entretien avec ‘Libération’, l’ancien procureur général de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo (sur la photo), avait évoqué un « génocide en cours » avant même le début des hostilités, rappelant l’absence de ravitaillement suffisant dans l’enclave peuplée par des Arméniens.

Le rôle de la Russie

Quel est le rôle du puissant voisin russe dans ce conflit ? Moscou est un allié historique de l’Arménie chrétienne face à l’Azerbaïdjan soutenu traditionnellement par la Turquie.

Un revirement de Moscou

« En réalité, les Russes ont laissé faire l'Azerbaïdjan », estime Élodie Gavrilof, une spécialiste de l’histoire du Caucase, citée par ‘France Info’. Selon elle, « les relations entre la Russie et l'Arménie se sont dégradées avec l'arrivée au pouvoir en 2018 de Nikol Pachinian. »

Une dépendance vis-à-vis de l’Azerbaïdjan

« La Russie a eu besoin de l'Azerbaïdjan pour soutenir son invasion, mais aussi pour échapper aux sanctions et écouler son gaz, qui transite par le territoire azerbaïdjanais », ajoute-t-elle. L’Arménie s’est donc retrouvée isolée dans la région.

Bakou soutenu par la Turquie

De son côté, l’Azerbaïdjan peut compter sur le soutien inconditionnel de la Turquie qui considère l’Arménie comme l’ennemi commun à leurs deux pays.

Les chimères de l’Empire ottoman

Dans un article paru dans ‘The Conversation’ en 2020, l’historienne Taline Ter Manissian indiquait que « le resserrement relativement récent des liens politiques et militaires entre la Turquie et l’Azerbaïdjan » était lié aux « récentes visées expansionnistes du président Erdogan qui, sur tous les fronts, de la Syrie à la Libye, semble poursuivre les chimères du défunt Empire ottoman. »

L’ambiguïté européenne

De son côté, l’Union européenne a une position ambiguë, défendant à la fois la préservation de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et le droit à l’autodétermination du peuple arménien, comme le souligne le géographe Jean Radvanyi dans la revue ‘Le Grand Continent’.

Des intérêts économiques

« De plus, l’Azerbaïdjan étant un pays riche en pétrole et en gaz, les États membres de l’Union européenne sont réticents à l’offenser, préférant préserver leurs intérêts économiques », ajoute ce spécialiste de l’espace post-soviétique.

L’Azerbaïdjan en position de force

« L'Azerbaïdjan s'est trouvé dans une position de surpuissance à la fois face à Vladimir Poutine, qui est obligé de passer par ce pays pour exporter son gaz, mais aussi face à l'Europe, qui importe cette ressource d'Azerbaïdjan. », conclut Élodie Gavrilof.

Exploiter diplomatiquement l'avantage militaire

Toutefois, la déclaration commune suggère que l'Azerbaïdjan tire parti de son avantage pour faire valoir ses revendications. Cela pourrait au moins faire progresser les négociations de paix.

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