Les nouveaux défis de la Finlande, qui vient d'annoncer la fermeture de sa frontière avec la Russie

La frontière avec la Russie fermée
Des migrants instrumentalisés par la Russie ?
Une question de sécurité nationale
Une clôture à la frontière
Une histoire complexe
Le Grand-Duché
La chute de l'empire
1917 : Indépendance finlandaise
1917-1918 : Révolution et indépendance
1939-1940 : la guerre d'hiver
1941 et 1944 : combats de la Seconde Guerre mondiale
La grande guerre patriotique
Le prix de l'indépendance
1948 : Traité finno-soviétique
Entre deux géants
Une posture neutre
Années 1960 : AELE et CEE
Années 1980 : Adhésion à l'AELE
1992 : Espace économique européen
Les quatre libertés
1992 : Temps nouveaux, nouveaux accords
1992 : Communauté économique européenne
La question du non-alignement militaire
La CEE n'était pas convaincue
Trouver un équilibre
1995 : la Finlande rejoint l'UE
Une posture défensive
1999 : L'idée d'une armée européenne
Mises en garde
La stratégie commune de l'UE pour la Russie
Décembre 2003 : Modifications de la politique de sécurité
Un
Défense de l'UE : le Livre blanc et l'OTAN
La guerre en Ukraine
Le soutien finlandais à Kiev
Tentative d'approche
De graves répercussions militaires et politiques ?
Une ahdésion en 2023
L'équilibre régional modifié
Des conflits toujours vifs
La frontière avec la Russie fermée

Face à l'afflux de migrants en provenance de Russie, la Finlande a décidé de fermer son dernier poste-frontière avec ce pays dans la nuit du 29 au 30 novembre.

Des migrants instrumentalisés par la Russie ?

Helsinki accuse Moscou d'instrumentaliser ces migrants, originaires en majorité de Somalie, d'Irak ou du Yémen, pour exercer une pression sur la Finlande.

Une question de sécurité nationale

"La Finlande est la cible d'une opération hybride russe. C'est une question de sécurité nationale", a déclaré la ministre finlandaise de l'Intérieur, Mari Rantanen (sur la photo), citée par 'France 24'.

Une clôture à la frontière

Ayant anticipé de telles opérations de la part de son voisin, la Finlande a commencé à construire une clôture de 200 kilomètres de long à sa frontière, qui n'est achevée que sur trois kilomètres, toujours selon 'France 24'.

Une histoire complexe

Les relations entre la Russie et la Finlande sont le produit d'une histoire complexe entre Moscou et ce petit pays coincé à la limite de la Russie et de l'Occident. Un retour en images.

Le Grand-Duché

De 1100 à 1809, le territoire qui comprend actuellement la Finlande appartenait à la Suède. Après les guerres napoléoniennes, il fut transféré à la Russie en tant que Grand-Duché de Finlande.

Sur la photo : la cathédrale luthérienne d'Helsinki, avec une statue du tsar Alexandre II de Russie devant.

La chute de l'empire

Le territoire est resté sous domination des tsars russes jusqu'en 1917, date à laquelle le Grand-Duché est devenu indépendant, comme plusieurs autres territoires de l'empire, au milieu de la révolution russe.

1917 : Indépendance finlandaise

La Finlande n'est donc devenue un pays indépendant qu'en 1917. Cependant, l'histoire entre ces deux pays ne s'est pas arrêtée là.

Sur la photo : la proclamation de l'indépendance de la Finlande sur la place du Sénat d'Helsinki.

1917-1918 : Révolution et indépendance

Après s'être séparée de la Russie en 1917, la Finlande s'est retrouvée dans une guerre civile sanglante entre les Blancs (soutenus par le gouvernement et les Allemands) et les Rouges (plus proches des bolcheviks et soutenus par l'Union soviétique). Les hostilités prennent fin en mai 1918, avec une victoire des Blancs.

1939-1940 : la guerre d'hiver

Cependant, la relation entre les deux nations ne s'est pas terminée en 1917. La Russie a attaqué le pays en 1939 dans ce qu'on appelle la guerre d'hiver. La Finlande a réussi à repousser l'invasion mais a dû céder une partie de son territoire à l'Union soviétique.

1941 et 1944 : combats de la Seconde Guerre mondiale

Puis vint la Seconde Guerre mondiale : la Finlande, avec l'Allemagne nazie, attaqua l'Union soviétique en 1941 et regagna le territoire perdu pendant la guerre d'Hiver.

Sur la photo : Adolf Hitler et Carl Gustaf Emil Mannerheim, chef des Forces armées finlandaises durant la Seconde Guerre Mondiale.

La grande guerre patriotique

L'URSS, sous la direction de Joseph Staline, a riposté avec succès et a forcé la Finlande à signer un traité.

Le prix de l'indépendance

Le prix que la Finlande a dû payer pour rester en dehors du bloc de l'Est sous influence soviétique après la Seconde Guerre mondiale a été de céder une partie de son territoire à la Russie et de promettre de rester un pays neutre et indépendant.

1948 : Traité finno-soviétique

La Finlande et l'URSS ont signé un Accord d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle en 1948. Il garantit que la Finlande restera une démocratie libérale tant qu'elle maintiendra sa neutralité envers l'Union soviétique. La clause principale du traité stipulait que l'un ne pouvait pas rejoindre une coalition militaire contre l'autre.

Entre deux géants

Pour assurer sa survie, la Finlande a gardé ses distances avec l'Union soviétique et les puissances occidentales pendant la guerre froide. Elle entretenait des relations très prudentes avec l'Europe occidentale.

Une posture neutre

La Finlande a tenté de maintenir des relations égales avec les deux côtés de la guerre froide pendant cette période, ayant des accords économiques parallèles avec le bloc de l'Est et les puissances occidentales. Cela a assuré sa propre position neutre en matière économique.

Années 1960 : AELE et CEE

Dans les années 1960, l'Association européenne de libre-échange (AELE) est créée entre plusieurs pays qui préfèrent ne pas rejoindre la rivale Communauté économique européenne (CEE). Rejoindre l'AELE ou la CEE était hors de question pour la Finlande en raison de l'opposition soviétique.

Années 1980 : Adhésion à l'AELE

Cependant, la Finlande s'est ouverte à l'Occident en 1986, rejoignant l'AELE tout en gardant une position neutre.

Sur la photo : le président finlandais Mauno Koivisto en 1986 avec sa femme.

1992 : Espace économique européen

Les six membres de l'AELE, dont la Finlande, ont signé en 1992 un accord avec ce qui était alors la CEE (aujourd'hui l'Union européenne) établissant l'Espace économique européen.

Les quatre libertés

Cela garantit les « quatre libertés » du marché unique européen : la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Cependant, la Finlande a gardé sa neutralité politique.

1992 : Temps nouveaux, nouveaux accords

En 1989, le mur de Berlin est tombé et l'effondrement de l'Union soviétique a suivi peu de temps après. La Finlande révise alors le traité finno-soviétique de 1948 et le remplace par un nouvel accord en 1992.

1992 : Communauté économique européenne

Suivant l'exemple de la Suède voisine et des autres pays neutres de l'AELE, la Finlande a demandé à faire partie de la Communauté économique européenne en 1992.

La question du non-alignement militaire

C'est à cette époque que la Finlande redéfinit sa « neutralité » pour signifier « non-alignement militaire ». En tant que pays non aligné, la Finlande peut avoir une coopération militaire avec d'autres nations mais s'exclut en matière de défense mutuelle.

La CEE n'était pas convaincue

La CEE craignait que des pays neutres n'affaiblissent le projet de politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et a longuement réfléchi à la demande d'adhésion de la Finlande.

Trouver un équilibre

La Finlande a déclaré à la CEE (plus tard UE) sa volonté de mettre en œuvre la PESC, tout en rassurant son pays qu'il était possible de suivre ces politiques tout en maintenant son non-alignement militaire.

1995 : la Finlande rejoint l'UE

Le pays devient membre de l'Union européenne en 1995. Avec la Suède, il propose d'inclure les missions de désarmement militaire et de maintien de la paix de Pétersbourg dans le traité d'Amsterdam, base de la politique de sécurité commune de l'UE.

Une posture défensive

Cette initiative était également un moyen d'empêcher la possible fusion entre l'Union de l'Europe occidentale et l'Union européenne que de nombreux membres de l'UE ont proposée, et que les membres non alignés ont tenté d'éviter.

1999 : L'idée d'une armée européenne

Au cours du premier mandat de la Finlande à la présidence du Conseil de l'Union européenne, le projet de formation d'une armée unique de l'UE, connue sous le nom d'objectif global d'Helsinki, a été discuté.

Mises en garde

La Finlande a contribué avec 2 000 hommes, mais avec quelques réserves : ils ne pouvaient servir qu'à la gestion de crise et marquaient une préférence pour les ressources civiles plutôt que militaires.

Sur la photo : des soldats finlandais dans le cadre d'une mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban en 2001.

La stratégie commune de l'UE pour la Russie

Pour la Finlande, la relation entre la Russie et l'Union européenne est fondamentale. C'est pourquoi elle a joué un rôle actif dans la rédaction de la stratégie commune de l'UE pour la Russie. Elle soutient le rôle de l'OTAN en Europe du Nord mais n'accepte pas l'élargissement de l'alliance vers les pays baltes.

Décembre 2003 : Modifications de la politique de sécurité

La Finlande a proposé, avec l'Autriche, l'Irlande et la Suède, des changements à la politique de sécurité de l'UE qui ont été rejetés par la présidence. Un engagement est pris pour tenir compte des différentes positions politiques en matière de sécurité, permettant à la Finlande de rester neutre au sein de l'UE.

Un "non-alignement" flexible

Le non-alignement de la Finlande a été suffisamment souple pour ne pas poser de problème à la politique européenne.

Sur la photo : la présidente finlandaise Tarja Halonen avec le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan.

Défense de l'UE : le Livre blanc et l'OTAN

Les experts pensaient que la situation changerait en 2003. Cependant, la publication de "EU Defence: The White Book" en 2004 maintient le statut neutre de la Finlande, bien qu'elle souligne la nécessité de politiques communes de l'UE et laisse entrevoir la possibilité d'adhérer à l'OTAN.

Sur la photo : le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen avec la présidente finlandaise Tarja Halonen.

La guerre en Ukraine

Tout a évidemment changé après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. La perspective d'une adhésion de la Finlande à l'OTAN est soudainement redevenue d'actualité.

Sur la photo : le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, avec le président finlandais Sauli Niinistö.

Le soutien finlandais à Kiev

Malgré sa politique de neutralité, la Finlande a immédiatement aidé Kiev contre l'agresseur russe. Un premier pas vers l'adhésion du pays à l'OTAN ?

Tentative d'approche

L'ancienne Première ministre finlandaise Sanna Marin avait justement déclaré que la neutralité de son pays vis-à-vis de l'OTAN était « sur le point de changer ». Cela n'a évidemment pas plu au Kremlin.

De graves répercussions militaires et politiques ?

"L'entrée de la Finlande dans l'OTAN aura de graves répercussions militaires et politiques", avait déclaré Maria Zakharova, directrice de l'information du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, en février 2022.

Une ahdésion en 2023

C'est désormais chose faite ! Passant outre les menaces russes, la Finlande a rejoint l'OTAN le 4 avril 2023, dont elle est devenue le 31e État-membre.

L'équilibre régional modifié

Cette adhésion a marqué à la fois la fin définitive de la neutralité finlandaise, un revers diplomatique pour la Russie et le renforcement de l'OTAN qui est désormais présente tout autour de la mer Baltique.

Des conflits toujours vifs

L'actualité récente a montré que la Russie n'avait pas renoncé à exercer une influence en Finlande. Les deux pays mettront-ils un jour fin à leur vieux conflit ?

Sur la photo : le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo, en conférence de presse le 28 novembre 2023.

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