Les pertes russes s'accumulent, sans que cela permette à Moscou de gagner du terrain

La Russie a subi des centaines de milliers de pertes de soldats depuis que Vladimir Poutine a ordonné l'invasion totale de l'Ukraine en février 2022. Ces pertes humaines sont en augmentation depuis quelques mois et correspondaient jusque-là à des gains territoriaux.

Toutefois, une évaluation récente du groupe de réflexion Institute for the Study of War (ISW), basé à Washington, a récemment révélé que même si les pertes de Moscou restent très élevées, elles ne se traduisaient pas forcément par une augmentation des territoires conquis.

Selon une évaluation de l'état-major ukrainien datant du 3 février, les forces armées de Poutine ont subi 48 240 pertes en janvier 2025, ce qui en fait le deuxième mois le plus meurtrier depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'ISW a utilisé des preuves géolocalisées pour évaluer les avancées territoriales de la Russie en janvier et a constaté qu'elle avait gagné 498 km² de territoire au cours du mois, ce qui correspond à 16,1 km² par jour.

« Les chiffres disponibles suggèrent que les forces russes ont subi environ 96 pertes par kilomètre carré de territoire saisi », ont déclaré les analystes de l'ISW dans une mise à jour du 3 février sur la guerre en Ukraine. Toutefois, cette analyse a révélé que les progrès de la Russie se ralentissaient.

La Russie a subi 48 670 pertes en décembre 2024, soit le taux le plus élevé de pertes mensuelles depuis le début de la guerre. Les forces russes ont récupéré 593 km² de terres en Ukraine et à Koursk en décembre 2024.

« La diminution d'environ 100 km² des territoires saisis entre décembre 2024 et janvier 2025, associée à un taux de pertes mensuel similaire, indique que les forces russes subissent le même niveau élevé de pertes malgré des avancées territoriales moins importantes à court terme », expliquent les analystes de l'ISW.

Les analystes de l'ISW ont souligné qu'il y a eu une réduction similaire du nombre de terres capturées entre novembre et décembre, bien que les pertes russes aient été élevées en novembre également. La Russie a subi des pertes mensuelles record depuis septembre 2024.

Le commandement russe a probablement toléré un taux de pertes élevé pour « faciliter des gains territoriaux plus importants », selon les évaluations précédentes de l'ISW. Toutefois, il n'est pas certain que des pertes aussi lourdes continueront d'être acceptables face à des gains de moins en moins nombreux.

« L'ISW a précédemment évalué que le commandement militaire russe a probablement toléré des niveaux records de pertes de personnel de septembre 2024 à novembre 2024 pour faciliter des gains territoriaux plus importants », ont écrit les analystes dans leur mise à jour de la campagne du 3 février.

Le 5 février, le ministère britannique de la Défense a également abordé les chiffres des pertes russes cités par l'Ukraine, notant que la Russie a probablement perdu environ 50 000 hommes depuis le début de l'année, ce qui porte les pertes totales de Moscou à plus de 837 000 hommes.

« Le mois de janvier 2025 a également vu la deuxième moyenne la plus élevée de pertes russes quotidiennes dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avec un taux moyen de pertes quotidiennes de 1 556, selon les rapports de l'état-major ukrainien », a expliqué le ministère britannique de la Défense.

« Cela ne représente pas de changement significatif par rapport au total de 1 570 pertes en décembre 2024, le taux quotidien moyen de victimes russes le plus élevé du conflit jusqu'à présent », ajoute le rapport du ministère britannique de la Défense.

Toutefois, contrairement à l'évaluation de l'ISW sur ce qui pourrait se passer ensuite, le ministère britannique de la Défense a indiqué qu'il pensait que les pertes quotidiennes russes continueraient à dépasser en moyenne les 1 000 soldats par jour en février 2025, en raison du rythme élevé des opérations russes.

« La Russie est connue pour ce que l'on appelle les "assauts chair à canon", où des vagues de nombreux soldats, manquant souvent d'une formation suffisante ou d'un équipement adéquat, sont envoyées pour attaquer les positions ukrainiennes », explique Ellie Cook, de Newsweek.

La Russie s'est principalement concentrée sur les opérations dans la partie orientale de Donetsk, y compris l'important bastion ukrainien de Pokrovsk et Toretsk, a encore indiqué Cook. L'incursion de l'Ukraine dans la région russe de Koursk a également fait l'objet d'une attention particulière au cours des derniers mois.

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