Les solutions possibles face à la crise de la natalité dans le monde
La natalité est en chute libre partout dans le monde. Dans la majorité des pays, le nombre d’enfants par femme est inférieur au seuil de 2,1 qui est nécessaire au renouvellement des générations.
Comme le notent Les Échos, le « Vieux Continent porte de mieux en mieux son nom ». Pour ne citer qu’un exemple, le nombre de naissances est au plus bas depuis 24 ans en Grèce.
Si le mouvement de dénatalité ne date pas des dernières années, il s’est accéléré récemment. En effet, le nombre de naissances n’a pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie, souligne le journal économique.
En France, pays d’Europe traditionnellement épargné par la chute de la natalité, le nombre de naissances a encore reculé de 2,2 % en 2024, ne s’élevant plus qu’à 663 000, selon les données de l’Insee citées par BFM TV. C’est le plus bas niveau depuis 1946 !
Situé autour de deux enfants par femme jusqu’en 2010, le taux de fécondité français est tombé à 1,66 en 2023, puis à 1,62 l’année dernière.
De l’autre côté des Alpes, le nombre de naissances est passé sous le seuil des 400 000 en 2022 : c’est le plus faible depuis l’unification de l’Italie en 1861. Le taux de fécondité de ce pays (1,24) est par ailleurs le moins élevé d’Europe.
Exemple souvent cité d’effondrement démographique, la Corée du Sud a désormais un taux de fécondité de 0,78 enfant par femme. Le pays se prépare à perdre au moins 15 millions d’habitants dans les 50 prochaines années.
Loin de se limiter à l’Europe ou aux seuls pays développés, la crise de la natalité s’est également propagée aux pays émergents, comme la Colombie, où le taux de fécondité est tombé à 1,85 enfant par femme en 2022.
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« En Thaïlande, le nombre de naissances est désormais inférieur à celui des décès et a chuté de 30 % en dix ans », mentionnent Les Échos.
Sans surprise, la motivation pour faire des enfants est encore plus faible dans les États autoritaires, comme la Russie, qui est aujourd’hui moins peuplée qu’en 2000, l’année où Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir.
Pour la vie économique comme pour le financement de la santé et des retraites, la crise de natalité est un véritable défi. D’un bout à l’autre de la planète, le nombre d’actifs et leur proportion par rapport aux personnes âgées entre dans une tendance déclinante.
Dans son essai « Les Balançoires vides » (Éditions de l’Observatoire), l’économiste Maxime Sbaihi envisage trois voies possibles face au déclin démographique : la procréation, l’immigration et la robotisation.
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« La voie de la procréation est aussi prisée qu’ineffective, impuissante à regonfler une population active en crevaison lente de décennies passées sous le seuil de renouvellement des générations », juge l’expert dans un entretien pour 20 Minutes.
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« La voie de l’immigration est une rustine pragmatique mais hypersensible et temporaire, elle traite les symptômes économiques de la dénatalité sans la guérir », a-t-il ajouté.
Aux États-Unis, l’immigration a pourtant eu un impact positif sur la démographie ces dernières années. Grâce à l’afflux de travailleurs étrangers jeunes, le pays a connu un solde naturel (écart entre les naissances et les décès) de 531 400 en 2023, rappellent Les Échos.
Quant à la robotisation, son potentiel économique est « incontestable », mais « insuffisant », selon Maxime Sbaihi, qui appelle à utiliser les trois leviers pour tenter de redresser la barre. Les politiques sont-ils prêts à relever le défi ?
Capital note que les territoires aux taux de fécondité les plus faibles sont aussi ceux où la densité de population est la plus élevée, comme Macao (0,58 enfant par femme en 2023) ou Séoul (0,54). Réduire la densité de l’habitat est donc une piste pour la relance de la natalité.
Caractérisées par un soutien financier public important aux familles avec enfants, les politiques natalistes ont également fait leurs preuves dans certains pays, comme la Mongolie, Israël, ou, pendant longtemps, la France, rappelle ce média.
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La Hongrie du très conservateur Viktor Orban a testé de son côté une méthode radicale : les femmes ayant eu au moins quatre enfants sont exonérées à vie d’impôt sur le revenu.
Cependant, cette approche ne prend pas en compte la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Contrairement à une idée reçue, les femmes qui réalisent leur désir d’enfant sont celles qui ont la possibilité de travailler en étant mères, et non celles qui restent au foyer.
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Cité par Capital, le démographe américain Lyman Stone a montré que le télétravail pouvait avoir un impact positif sur la fécondité. Selon lui, les femmes « qui peuvent télétravailler ont en moyenne plus de chances d’avoir des enfants que celles qui ne peuvent pas le faire ».
Les freins à la natalité les plus souvent cités sont le coût du logement, la difficulté à faire garder les enfants et l’insuffisance des revenus. Si aucun miracle n’est possible à court terme, seule une politique globale sera en mesure d’inverser la dynamique actuelle !
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