Lutte sans merci à Pokrovsk : que signifierait la chute de cette ville clé pour l'Ukraine ?
La Russie intensifie son offensive sur Pokrovsk, une enclave logistique clé de Donetsk. Cette avancée menace les voies d'approvisionnement ukrainiennes et accroît le risque d'encerclement. Alors que la guerre entre dans sa troisième année, la ville est devenue un nouvel épicentre du conflit. Son contrôle porterait un coup stratégique à Kyiv.
Les exportations d'acier, qui représentent 72 % de ses exportations vers l'Union européenne, sont la deuxième source de revenus de l'Ukraine. En 2024, ce secteur contribuera à hauteur de 4,4 milliards de dollars aux caisses du gouvernement de Volodymyr Zelensky, consolidant ainsi sa position de pilier essentiel de l'économie nationale, selon France24.
Le 14 janvier, le groupe sidérurgique international Metinvest a annoncé la fermeture de la mine de Pokrovsk en raison de la « détérioration de la situation sécuritaire ». Selon des sources locales, cette décision vise à empêcher les forces russes de s'emparer des ressources de la région et de les exploiter.
L'Ukraine tient bon à Pokrovsk, mais un éventuel encerclement ou la chute de la ville donnerait à la Russie un avantage stratégique. De là, Moscou pourrait lancer des attaques dans plusieurs directions à l'est et accroître la pression sur Kyiv à un moment crucial du conflit, selon Reuters.
Des 60 000 habitants qu'elle comptait autrefois, il en reste à peine 7 000. La vie à Pokrovsk est devenue intenable, marquée par l'isolement et le danger permanent. La fermeture du dernier bureau de poste, où le courrier n'arrive que dans des camions blindés, reflète la situation critique de ceux qui résistent encore dans la ville, a rapporté The Independent.
Ces derniers jours, les forces russes ont atteint la principale ligne de chemin de fer reliant Pokrovsk à Dnipro, le plus grand centre logistique de l'est de l'Ukraine. La situation est critique, avec des attaques constantes de l'infanterie ennemie, selon le commandant adjoint de la 59e brigade d'assaut ukrainienne, identifiée sous le nom de « Phoenix » pour des raisons de sécurité, a rapporté Reuters.
La région de Dnipro, une vaste province dont l'extrémité orientale borde Pokrovsk, est désormais sur le point d'être sérieusement menacée, les troupes russes étant positionnées à environ 5 km de sa frontière.
Alors que le président américain Donald Trump fait pression pour un accord de paix, l'occupation d'une partie de cette région pourrait renforcer la position de Moscou dans les futures négociations, a rapporté The Independent.
Pour arriver à ses fins, la Russie emploie des tactiques agressives, envoyant de petits groupes de soldats prêts à subir de lourdes pertes et profitant du terrain et de la faible visibilité pour éviter les drones.
À moins de deux kilomètres de la ligne de front, la lutte pour le contrôle de Pokrovsk s'intensifie. Au milieu du danger, trois organisations à but non lucratif travaillent en coordination pour évacuer les personnes qui résistent encore dans la ville, risquant leur vie à chaque mission.
Sergey Lyashko, volontaire de l'ONG Children New Generation, a quitté sa profession pour se consacrer à l'évacuation de la population. Lors d'une de ses missions, son partenaire a été tué par un drone. Aujourd'hui, au volant d'une voiture blindée, il vérifie le prochain point d'extraction, tandis qu'un vieil homme ferme précipitamment sa maison avant de fuir l'horreur, selon France24.
« Les bombardements s'intensifient chaque jour à partir de deux heures de l'après-midi, une situation dont les causes ne sont pas claires », explique Owen, un volontaire de l'ONG Children New Generation. Malgré les risques, les équipes d'évacuation poursuivent leur mission, faisant face à des attaques incessantes pour sauver les civils pris au piège dans la ville, selon la source.
Tous les jours, un groupe de volontaires se rend de Dnipro à Pokrovsk pour évacuer les personnes qui continuent de résister dans la région. Les personnes déplacées cherchent refuge, certaines chez des proches dans différentes villes, tandis que d'autres trouvent un hébergement dans les deux abris gérés par l'organisation : l'un pour les familles avec enfants et l'autre pour les personnes s'échappant seules.
Les forces russes poursuivent leur avancée quotidienne, compliquant l'évacuation des civils en raison de l'utilisation massive de drones. Au milieu de cette situation, alors qu'un fourgon blindé transporte six personnes déplacées hors de Pokrovsk, Owen déclare : « Nous continuerons à travailler aussi longtemps que possible. Malgré l'incertitude croissante, l'engagement à sauver des vies reste inébranlable. »
Moscou considère la prise de Pokrovsk comme une avancée cruciale dans la consolidation de son emprise sur la région de Donetsk, qu'elle a unilatéralement annexée. D'un autre côté, Kyiv et les nations occidentales considèrent que la Russie tente d'étendre son territoire par une guerre de conquête, rapporte The Independent.
Qualifiée par les médias russes de « porte d'entrée du Donetsk », la ville de Pokrovsk joue un rôle crucial dans les lignes de ravitaillement ukrainiennes. La prise de cette ville serait stratégique pour faciliter l'offensive vers Tchassiv Yar, haut lieu de la région.
Une avancée coordonnée de la Russie à partir du sud-est et du sud-ouest pourrait couper des routes cruciales vers Kyiv, mettant en péril la défense de la capitale ukrainienne.
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