Mais pourquoi les sanctions sont-elles inutiles face à la machine de guerre russe ?
Alors que Vladimir Poutine est vivement critiqué sur tous les fronts, tant pour la guerre en Ukraine que pour sa façon de gouverner jugée autoritaire, il y a un point sur lequel personne ne peut l'attaquer : son excellente gestion de l'économie de guerre.
Depuis février 2022, début de l'invasion russe de l'Ukraine, Moscou a dû faire face à plus de 16 000 décrets de sanction. Selon le radiodiffuseur canadien CBC, la Russie est devenue le pays le plus sanctionné au monde.
Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, l'économie russe connaîtra une croissance de 2,6 % à la fin de 2024, dépassant ainsi celle du G7, selon le Fonds monétaire international. Et ce, malgré les nombreux embargos et sanctions dont la nation russe est victime.
"Ils avaient prédit une récession, un échec, un effondrement. L'ensemble de l'économie a fait preuve de résilience", a déclaré Vladimir Poutine lors d'un événement public en février, information relayée par le radiodiffuseur canadien CBC.
Il s'avère que les sanctions n'ont, au mieux, qu'une capacité d'impact limitée sur la Russie, et ne suffiront probablement pas à arrêter la machine de guerre du Kremlin, comme le souligne l’agence de presse mondiale AP News.
Il semblerait en effet, d'après le journal britannique The Guardian, qu'il n'ait pas été trop difficile pour la Russie de contourner ces sanctions occidentales en faisant simplement transiter les marchandises par des pays tiers qui ne lui sont pas hostiles.
Finalement, ce sont la Turquie, la Chine, les Émirats arabes unis, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et bien d'autres pays n'ayant rien contre la Russie qui importent les produits pour ensuite les exporter directement en Russie.
Des semi-conducteurs aux pièces d'avion en passant par les consoles de jeux vidéo et les voitures de luxe, tout finit par entrer sur le territoire russe, selon le quotidien britannique The Guardian. C’est ce que certains appellent des "brèches dans les sanctions".
Mais ce qui termine de convaincre de la quasi-inutilité des fameuses sanctions, c'est lorsque l'on découvre que même les composants technologiques nécessaires au bon fonctionnement de la machine de guerre moscovite sont importés par cette voie indirecte.
C'est ainsi que l'on se retrouve avec une explosion des exportations de voitures allemandes vers le Kirghizstan de 5100 % depuis le début du conflit, comme l'explique Robin Brooks, membre de la Brookings Institution, au quotidien britannique The Guardian.
"Ce n'est pas parce que les habitants de Bichkek (la capitale du Kirghizistan) ont décidé d'adopter massivement la Mercedes. Ces voitures sont destinées à la Russie. La plupart du temps, ces produits n'arrivent même pas au Kirghizstan. Le Kirghizstan est simplement l'adresse inscrite sur la facture", poursuit Robin Brooks.
La Turquie et les Émirats arabes unis sont, historiquement, en "première ligne" dans le processus de contournement de sanctions, selon le média politique américain Politico.
Dans le processus d'acheminement des marchandises de l'Occident vers la Russie, les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, ainsi que la Biélorussie et l'Arménie ont eu leur rôle à jouer.
Évidemment, c’est de la surpuissance asiatique dont elle est frontalière que la Russie a reçu le plus d’aide.
Alliée indispensable pour faire face aux restrictions économiques occidentales, la Chine est devenue un pilier de la Russie, constituant bien plus qu'un simple partenariat commercial fort et fiable, selon le radiodiffuseur britannique BBC.
Actuellement, environ 70 % des machines-outils et 90 % des produits microélectroniques importés par la Russie proviennent de Chine, a expliqué Antony Blinken, secrétaire d'État américain, à la BBC.
Antony Blinken a ajouté que "ces fonds sont utilisés pour aider la Russie dans ce qui constitue un effort extraordinaire de production de munitions, de chars, de véhicules blindés et de missiles".
Mais les Chinois respectent les lois et réglementations internationales à la lettre : en effet, Pékin n'exporte aucune arme vers la Russie.
Entre 2021 et 2023, le bilan commercial des échanges sino-russes a augmenté de 62 %. Selon le radiodiffuseur briannique BBC, la Chine est devenue le principal fournisseur de la Russie pour les voitures, les vêtements, les matières premières, entre autres produits.
Alors que de nombreuses entreprises américaines et européennes ont cessé leurs activités en Russie, des alternatives locales aux marques occidentales "classiques" ont pu voir le jour, dans ce nouveau vide commercial.
Citons par exemple la franchise Vkusno & Tochka (qui se traduit littéralement par : C'est bon, c'est tout), qui a fleuri dans les anciens locaux McDonald's à travers toute la Russie, selon l'agence de presse mondiale AP News.
En fin de compte, ces sanctions constituent davantage qu'un coup violent adressé à la Russie : c'est une guerre d'usure. Et le premier à abandonner aura perdu.