"Nous sommes déjà au bord de la catastrophe" : l'alerte de l'activiste russe Oleg Orlov
Le militant russe Oleg Orlov, 71 ans, a consacré une grande partie de sa vie à critiquer ouvertement le gouvernement russe. Depuis 1988, il est membre de Memorial, une organisation engagée dans la défense des droits de l'homme, qui s'est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2022.
En 2022, il a été condamné à deux ans et deux mois de prison pour une publication sur le "nouveau fascisme russe". Oleg Orlov, comme d'autres prisonniers politiques, n'a jamais demandé à être gracié et a été libéré en août dernier dans le cadre d'un échange de prisonniers.
Dans un récent entretien avec Irene Soave, journaliste au quotidien italien Corriere della Sera, le militant russe a fait des déclarations alarmantes sur l'avenir de son pays.
Selon Orlov, depuis l'arrivée au pouvoir de Poutine le 1ᵉʳ janvier 2000, il était clair pour tout le monde que les Russes étaient face à un dictateur.
Dans son interview, il cite deux moments clés de ces 25 années au pouvoir : le discours de Munich en 2007 (lors de la conférence sur la sécurité, où Poutine a exprimé sa colère contre les États-Unis et son inquiétude pour l'Ukraine) et l'invasion de la Crimée en 2014.
L'activiste affirme qu'au cours de ce quart de siècle poutinien, les Russes « ont été anéantis ». Il ajoute : « Les élections deviennent une farce, la guerre emporte vos parents et vos amis, l'économie s'effondre (...) et la peur demeure. Je ne pense pas que vous compreniez la répression, mais elle fonctionne : plus personne ne fait de politique si le prix est si élevé. »
Orlov a ensuite raconté qu'il était toujours en contact avec d'anciens prisonniers russes libérés en août, afin de coordonner des manifestations. Ils travailleraient également sur « une série de mesures pratiques qui devraient être prises si Poutine meurt ».
« Une amnistie, une nouvelle loi électorale », précise-t-il. « Il est essentiel de ne pas rester vague, notamment parce que nous sommes déjà au bord de la catastrophe », a-t-il expliqué à Irene Soave.
La plus grande crainte du dissident russe est qu'une ère post-Poutine ne débouche sur un nouveau dictateur, un personnage soutenu en silence qui poursuivrait la même politique de pouvoir et de guerre.
Orlov a également déclaré durant son entretien au Corriere della Sera : « L'opposition pourrait ne pas réussir même si Poutine meurt. Et vous, chers camarades occidentaux, devrez faire face à de nouvelles guerres. »
Au sujet des années qu'il a passées en prison, il a expliqué qu'il s'en était sorti bien mieux qu'il ne l'avait imaginé. Il a ajouté qu'il était essentiel de ne pas perdre espoir, car dans de telles situations, « cela ne sert à rien ».
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