Que se passera-t-il si Donald Trump "laisse" Vladimir Poutine gagner la guerre en Ukraine ?
Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait déclaré qu'il mettrait fin à l'invasion russe de l'Ukraine dans la journée suivant son entrée en fonction. C'était une promesse audacieuse, mais qu'il n'a pas encore tenue, du moins pour l'instant. Il semble toutefois que le président américain soit en train de donner suite à son engagement puisqu'une réunion historique entre Washington et le Kremlin en Arabie saoudite s'est achevée ce mardi 18 février. Mais, alors, le conflit pourrait-il prendre fin en 2025 ? Et si c'était le cas, quels seraient les enjeux à l'échelle mondiale ?
Dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a donné 100 jours à son nouvel émissaire, Keith Kellogg, pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Keith Kellogg est un général de corps d'armée à la retraite et quelqu'un qui semblait être un choix responsable. Cependant, les plans de Donald Trump pour mettre fin au conflit sont devenus tout aussi confus et illogiques que d'autres politiques menées par son administration jusqu'à présent. Mais, alors, qu'en est-il au juste ?
Dès le début du mois de février, des médias internationaux ont rapporté que les deux présidents ont eu une "conversation très productive" par téléphone. Vladimir Poutine a déclaré vouloir une "solution à long terme" au conflit ukrainien via des "pourparlers de paix", selon l'AFP.
Le Kyiv Independent a rapporté qu'à la suite de cet appel téléphonique du 12 février, le président américain souhaitait que les pourparlers de paix sur l'Ukraine commencent immédiatement."Il s'en est suivi un flot de déclarations souvent contradictoires de la part de l'administration de Trump", explique le journal.
Selon The Kyiv Independent, ces déclarations ont créé, pour certains, "l'impression que la nouvelle administration américaine s'est empressée d'entamer des pourparlers de paix sans plan précis".
On ne sait pas pour le moment si Donald Trump a un plan précis pour l'Ukraine, mais certains se demandent ce qui se passera si les États-Unis se plient à la plupart des exigences de la Russie. Que se passerait-il à l'échelle mondiale s'il "laissait" Vladimir Poutine remporter la victoire ?
S'il est impossible de savoir comment le monde réagirait à une "victoire" de la Russie en Ukraine, on peut deviner comment une telle capitulation inciterait d'autres dirigeants mondiaux expansionnistes et autoritaires face à ce qui pourrait être perçu comme un recul de l'ordre mondial dirigé par les États-Unis.
En décembre 2024, Victor Liakh, un expert du groupe de réflexion Atlantic Council, basé à Washington, s'est penché sur la question. Il a affirmé qu'une victoire de la Russie pourrait "déclencher une nouvelle ère d'insécurité mondiale".
Victor Liakh a soutenu que l'incapacité du monde à faire face à l'annexion de la Crimée par Poutine en 2014 et à la guerre par procuration dans la région ukrainienne du Donbass a été la première fissure dans l'ordre international fondé sur des règles, et que cette fissure a conduit Poutine à aller plus loin.
"Cela a provoqué une réponse décevante de la part de la communauté internationale, qui a été interprétée par Moscou comme une invitation à aller plus loin", a écrit Victor Liakh. L'invasion de l'Ukraine a été le résultat de la faiblesse occidentale, qui n'a fait que s'accentuer au fil du temps.
Victor Liakh a affirmé que la "faiblesse persistante" de l'Occident face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie a encouragé Moscou à étendre sa présence en Afrique et au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de renforcer la coopération de Vladimir Poutine avec la Chine, l'Iran et la Corée du Nord.
"Il devrait maintenant être tout à fait clair qu'une victoire russe en Ukraine, aussi limitée soit-elle, appuierait les autocraties du monde entier. Cela déclencherait une réaction en chaîne et accélérerait l'effondrement de la sécurité mondiale", a déclaré Victor Liakh.
"En outre, la fin du conflit enverrait un message glaçant à tous les alliés des États-Unis. Cela ouvrirait la voie à un monde bien plus dangereux, où l'agression se heurterait au silence et où l'ordre cèderait la place au chaos", a poursuivi Victor Liakh.
On ne sait pas non plus comment cette situation évoluera à l'avenir, mais il n'est pas exclu qu'un abandon de l'Ukraine par les États-Unis pousse la Chine à agir contre Taïwan ou la Corée du Nord à agir contre son voisin du sud.
Les ramifications d'un recul perçu de l'ordre fondé sur des règles dirigé par les États-Unis pourraient même voir des gouvernements autoritaires plus petits en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, ou toute nation amoindrie ayant des griefs territoriaux passés ou en suspens, prendre des mesures pour faire valoir ses revendications.
On ne sait pas encore ce qui va se passer, mais une chose est sûre, c'est que les actions ont des conséquences et que l'administration Trump risque d'avoir affaire aux retombées futures si Vladimir Poutine remportait une victoire en Ukraine.
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