Quel avenir pour Éric Dupond-Moretti, définitivement relaxé par la justice ?

Une décision définitive
Éric Dupond-Moretti relaxé
Une procédure trop lourde
Aller vers l’apaisement
Des tensions entre le ministre et les juges
Un avocat pas comme les autres
Des origines modestes
Ses racines italiennes
Contre la peine de mort
Une éloquence remarquable
Un coup fourré ?
Un avocat médiatique
La défense d’Yvan Colonna
Et d’Abdelkader Merah
Des affaires politico-financières
Acquittator
Dupond-Moretti contre les magistrats
Une belle prise pour Emmanuel Macron
Il ne voulait pas être ministre
Une réforme de la justice
Échec aux régionales dans le Nord
Une enquête interne à la justice
Accusé de prise illégale d’intérêts
Et maintenant ?
Une décision définitive

Accusé de prise illégale d’intérêts, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a été définitivement relaxé après la décision du parquet de ne pas se pourvoir en cassation, ce lundi 4 décembre.

Éric Dupond-Moretti relaxé

Jugé le 29 novembre dernier par la Cour de justice de la République, le Garde des Sceaux avait été relaxé. Une décision judiciaire rendue définitive par celle du procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz.

Une procédure trop lourde

Interrogé sur ‘France Info’, Rémy Heitz a déclaré qu’il renonçait à « une procédure extrêmement lourde » nécessitant de rejuger toute l’affaire, et dont le résultat serait « aléatoire ».

Aller vers l’apaisement

« Il faut passer à autre chose, très clairement. Le ministre a dit vouloir tourner la page. Ce sont également ces considérations qui l'ont emporté en ce qui me concerne. », a ajouté le procureur, qui souhaite un « apaisement » des relations entre le ministre et les juges.

Des tensions entre le ministre et les juges

Le passage d’Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice est en effet marqué par de fortes tensions entre le ministre et la magistrature. Un antagonisme qui date de l’époque où l’homme politique exerçait comme avocat.

Un avocat pas comme les autres

Car, avant de rejoindre le gouvernement en 2020, Dupond-Moretti a eu long parcours d’avocat. Ses affaires très médiatisées et ses succès au prétoire lui ont assuré une solide notoriété. Un retour en images.

Des origines modestes

Né en 1961 dans le nord de la France, Éric Dupond est le fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage d’origine italienne. Ayant perdu son père à l’âge de quatre ans, il est élevé seul par sa mère.

Ses racines italiennes

En 2010, l’avocat a ajouté le patronyme italien de sa mère, Moretti, à son nom de famille. La mort suspecte de son grand-père maternel et l’absence d’enquête malgré la plainte déposée ont largement contribué à sa vocation.

Contre la peine de mort

Comme il l’a déclaré à ‘L’Express’ en 2012, c’est surtout son opposition à la peine de mort qui a déterminé sa vocation de pénaliste. Le déclic est venu à l’âge de quinze ans, en 1976, lors de l’exécution de Christian Ranucci.

Une éloquence remarquable

Dès ses études de droit, Éric Dupond se distingue par sa remarquable éloquence. Il prête serment comme avocat en 1984 et exerce au barreau de Lille.

Un coup fourré ?

En 1993, le pénaliste déclare avoir été victime d’un coup fourré de la part d’un procureur qui aurait tenté de l’impliquer dans une affaire de stupéfiants. La perquisition et la garde à vue qu’il subit alors auraient pu mettre fin à sa carrière d’avocat.

Un avocat médiatique

Au fil des années, Éric Dupond devient un avocat très médiatique, brillant dans des affaires difficiles au fort retentissement sur la scène publique.

La défense d’Yvan Colonna

Il a par exemple assuré en 2011 la défense d’Yvan Colonna, le terroriste corse qui avait assassiné le préfet Claude Érignac.

Et d’Abdelkader Merah

L’année suivante, Dupond-Moretti a défendu Abdelkader Merah, le frère du terroriste islamiste Mohammed Merah, qui a finalement été condamné en appel en 2019 pour association de malfaiteurs et complicité d’assassinats.

Des affaires politico-financières

L’avocat a aussi plaidé dans de nombreuses affaires politico-financières, défendant des personnalités controversées comme Bernard Tapie, Jérôme Cahuzac et les époux Balkany.

Acquittator

En décembre 2008, il bat le record d’acquittements obtenus sur le territoire français par un avocat (74), une statistique qu’il pousse jusqu’à 145 début 2020. Ces performances devant les tribunaux lui ont valu le surnom d’« Acquittator » dans le milieu judiciaire.

Dupond-Moretti contre les magistrats

Pourtant, Éric Dupond-Moretti entretient un conflit de longue date avec une partie de la magistrature. Dans une interview au ‘Monde’ de 2012, il critiquait une « institution de faux-c u l s, petit monde de l'entre-soi et de l'irresponsabilité ».

Une belle prise pour Emmanuel Macron

Cela n’a pas empêché Emmanuel Macron de le choisir comme Garde des Sceaux du gouvernement Castex en 2020. Coup médiatique pour le chef de l’État, cette nomination a été très controversée, notamment parmi les juges.

Il ne voulait pas être ministre

Éric Dupond-Moretti avait pourtant répété pendant des années qu’il ne souhaitait pas devenir ministre de la Justice, même si on lui proposait le poste. Pour une fois, la magistrature était du même avis que lui.

Une réforme de la justice

Malgré les polémiques autour de sa personne, le ministre a lancé plusieurs réformes : la loi sur la bioéthique visant à légaliser la PMA pour les femmes, et la loi pour « restaurer la confiance dans la justice » dont l’un des buts est de désengorger les tribunaux.

Échec aux régionales dans le Nord

En 2021, l’homme politique s’est confronté pour la première fois au suffrage universel en étant investi pour la majorité présidentielle aux élections régionales dans les Hauts-de-France. Un échec : la liste obtient un score inférieur à 10 %, synonyme d’élimination dès le premier tour.

Une enquête interne à la justice

À son arrivée au ministère de la Justice, Dupond-Moretti reprend une enquête interne sur le fonctionnement du Parquet national financier (PNF) et découvre que ses propres relevés téléphoniques ont été épluchés dans le cadre d’affaires où il avait plaidé.

Accusé de prise illégale d’intérêts

Ayant décidé de maintenir l’enquête, il est soupçonné de conflit d’intérêts et mis en examen pour prise illégale d’intérêts. Les tensions entre le ministre et une partie de la magistrature sont alors à leur comble.

Et maintenant ?

Maintenant relaxé, l’ancien avocat va poursuivre son travail de ministre sans être menacé de devoir quitter son poste. Entre les polémiques, sa jeune carrière politique et un éventuel retour devant les tribunaux, Éric Dupond-Moretti n’a sans doute pas fini de faire parler de lui !

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