À l’assaut d’une nouvelle frontière : les pays du Golfe à la conquête de l’espace !
Après les hydrocarbures, le sport et le tourisme, les pays du Golfe se lancent à la conquête d’une nouvelle frontière, traditionnellement la chasse gardée des grandes puissances : l’espace.
Face à la baisse programmée de leur production de pétrole et de gaz, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les autres cherchent ainsi à diversifier leur économie.
Il s’agit également de donner une image moderne des pays du Golfe, souvent décriés pour le non-respect des droits humains, en particulier de ceux des femmes et des minorités.
Participation à la mission ISS, programmes spatiaux autonomes, investissements considérables, développement du tourisme spatial… les ambitions des pays de la Péninsule arabique sont plus affirmées que jamais ! On fait le point.
Acteur régional majeur, l’Arabie saoudite a annoncé en 2020 une augmentation de 8 milliards de riyals (environ 2 milliards de dollars) de ses investissements dans le spatial, dans le cadre du programme national Vision 2030.
Les activités spatiales de ce pays ne datent pas d’hier : en 1985, un Saoudien avait été le premier astronaute issu d’un pays arabe à aller dans l’espace.
C’est désormais une femme qui gravite autour de la Terre. En mai 2023, la Saoudienne Rayana Barnawi (sur la photo) a rejoint la station spatiale internationale ISS avec son compatriote Ali al-Qarni.
L’envoi de ces deux astronautes a été qualifié de « mission historique » par le Dr. Mohammed Bin Saud al-Tamimi, qui dirige la Commission spatiale saoudienne, cité par ‘RFI’.
« Être la première femme saoudienne astronaute et représenter la région est un grand plaisir et un honneur que je suis très heureuse d’avoir », a déclaré Barnawi, citée par ‘TV5 Monde’, le 21 mai dernier, avant de s’envoler dans le véhicule spatial Crew Dragon.
Mais Riyad n’est pas seul dans la région du Golfe à vouloir sa part du gâteau spatial. Les Émirats arabes unis ont une longueur d’avance et sont le principal rival de l’Arabie saoudite dans le monde arabe concernant la conquête de l’espace.
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En 2022, Abu Dhabi a annoncé la création d’un fonds de 800 millions de dollars dédié aux activités spatiales. Le premier projet prévu est le lancement d’une constellation de satellites, baptisée « Sirb ».
Le gouvernement émirati avait lancé son programme spatial dès 2006. La mise en place d’une agence spatiale en 2014 a propulsé le pays à l’avant-garde de la région dans ce domaine.
Les activités spatiales des Émirats sont très diversifiées : télécoms, observation de la Terre, exploration scientifique… Le pays a en outre été le cinquième (et le premier du monde arabe) à envoyer une sonde, baptisée « Hope », en orbite de Mars.
Désormais, Abu Dhabi voit le spatial comme un vecteur de puissance diplomatique, à travers un partenariat qui permet à des universités ou à des start-ups d’envoyer leurs charges dans l’espace à bord de petits satellites émiratis.
Les réalisations des Émirats arabes unis dans la conquête de l’espace servent aussi d’appui à d’autres activités gouvernementales, comme une coopération militaire avec d’autres pays dont la France.
Mais au-delà des programmes publics, les États du Golfe ont des ambitions dans le tourisme spatial, preuve de la vivacité du secteur dans cette région du monde.
Au-delà des retombées économiques, le développement des activités spatiales fait partie d’une stratégie diplomatique des pays arabes au niveau global. Dans un contexte de tensions géopolitiques, les rivalités entre puissances sont plus aiguisées que jamais !