Les hôpitaux publics en France, dans une situation critique

Des plans blancs face à l’épidémie de grippe
Des soins retardés
Une pression intense
Les signaux d’alerte
Des problèmes récurrents
L’impact de la pandémie
Un fonctionnement en flux tendu
Les urgences saturées
Des rémunérations insuffisantes
Moins bien payés qu’à l’étranger
Des difficultés de recrutement
Un travail qui ne paie pas assez
Et les fermetures de lits ?
L’évolution des techniques médicales
Le témoignage de soignants
Des conditions de travail éprouvantes
Démunis face aux imprévus
Des finances dégradées
Des déficits qui s’accumulent
Des moyens insuffisants face à l’inflation
Une situation intenable
Des indicateurs positifs
Le Ségur de la santé
Des rémunérations en hausse
Des recrutements difficiles à relancer
Quel avenir ?
Des plans blancs face à l’épidémie de grippe

Face à l’épidémie de grippe très intense cet hiver 2024-2025, les hôpitaux français ont été nombreux à activer leur « plan blanc » » (déprogrammations d’interventions non urgentes, rappels de soignants en congé).

Des soins retardés

« On a ouvert une quarantaine de lits supplémentaires, parfois dans les couloirs des services pour décharger les urgences. (...) On en est à déprogrammer des bilans de santé, à l’exception des chimios, pour faire de la place », a indiqué le CHU d’Orléans, cité par Libération.

Une pression intense

« Brancards qui s’accumulent aux urgences, lits hospitaliers saturés, directions sur le pied de guerre… » : voici comment ce journal décrit la situation des établissements qui subissent actuellement une pression intense.

Les signaux d’alerte

« Tribune de 1 000 chefs de service pour sauver l’hôpital public, manifestations des soignants, vague de démissions » : tels sont les signaux d’alerte recensés par France Info à propos de l’hôpital public en France.

Des problèmes récurrents

Les problèmes cités par la radio publique existent de longue date, comme les « restrictions budgétaires », la « fermeture de lits » ou encore « le manque de personnel ».

L’impact de la pandémie

Après le mouvement de contestation des personnels hospitaliers en 2019, la pandémie de Covid a déferlé sur l’hôpital public l’année suivante. Le système a tenu grâce à l’engagement sans faille des soignants, mais certaines de ses faiblesses ont été révélées au grand jour.

Un fonctionnement en flux tendu

Tout d’abord, le fonctionnement en flux tendu des hôpitaux, qui sont régulièrement obligés de prioriser certaines interventions en fonction de leur importance ou de leur urgence, notamment durant les périodes d’épidémie.

Les urgences saturées

D’autre part, les files d’attente interminables aux urgences, dans lesquelles certains décès se sont hélas déjà produits, sont dénoncées de longue date.

Des rémunérations insuffisantes

Un autre problème dénoncé de manière récurrente est la rémunération insuffisante des soignants non-médecins. En 2018, le « salaire médian était d'un peu plus de 2 258 euros nets pour les infirmiers et de seulement 1 774 euros nets pour les aides-soignants », rappelle France Info.

Moins bien payés qu’à l’étranger

En tenant compte des différences de coût de la vie, l’OCDE a estimé que, par rapport à la France, un infirmier gagnait 20 % de plus au Royaume-Uni, 26 % de plus en Allemagne et jusqu’à 40 % de plus en Belgique.

Photo : Patrick Robert Doyle / Unsplash

Des difficultés de recrutement

« Il y a une difficulté particulière pour recruter des infirmiers plus qualifiés, car il y a peu de spécialisations reconnues pour les infirmiers », déplore Zeynep Or, une économiste spécialisée dans les questions de santé, citée par France Info.

Un travail qui ne paie pas assez

« Et même quand elles existent, ces spécialisations n'apportent presque rien en termes de salaire et on ne leur donne pas vraiment plus de responsabilité ou d'autonomie », ajoute cette experte.

Et les fermetures de lits ?

La fermeture de lits est fréquemment dénoncée comme un facteur d’engorgement de l’hôpital. Dans les faits, plus de 80 000 lits ont été fermés dans les hôpitaux français au cours des décennies 2000 et 2010, soit près de 25 % en 20 ans.

L’évolution des techniques médicales

« Les fermetures de lits ne sont pas un problème en soi : les techniques évoluent et permettent de rester moins longtemps à l'hôpital, et c'est une bonne chose. Les gens veulent rarement rester à l'hôpital », tempère cependant Zeynep Or.

Photo : Julia Zyablova / Unsplash

Le témoignage de soignants

Et pourtant, les soignants continuent de tirer la sonnette d’alarme. « On demande juste de pouvoir soigner correctement les gens », revendique Nathan, qui travaille dans le département du Rhône et qui a témoigné pour France Info en 2022.

Des conditions de travail éprouvantes

Ce jeune infirmier « décrit des conditions de travail éprouvantes, notamment à cause des horaires de nuit et du manque de personnel soignant », indique la radio publique.

Photo : National Cancer Institute / Unsplash

Démunis face aux imprévus

Nicolas, un aide-soignant dans un hôpital parisien, déplore de son côté une gestion « trop comptable » de l’hôpital public, « qui ne permet déjà plus de gérer les imprévus ».

Photo : Aaron Blanco Tejedor / Unsplash

Des finances dégradées

La question financière est justement au cœur du problème. La Fédération hospitalière française (FHF) a indiqué en septembre 2024 qu’elle s'attendait à un déficit compris entre 1,7 et 1,9 milliard d'euros pour 2023 pour les seuls hôpitaux (hors Ehpad rattachés).

Photo : National Cancer Institute / Unsplash

Des déficits qui s’accumulent

« Si nous ne dépassons pas les 2 milliards d'euros [de déficit] en 2023, ce sera malheureusement le cas en 2024 », a averti Cécile Chevance, une responsable à la FHF, citée par Les Échos. « On soigne à perte aujourd'hui, avec des déficits qui s'accumulent. »

Des moyens insuffisants face à l’inflation

Malgré des hausses régulières de leurs budgets, les hôpitaux continuent de réclamer des moyens supplémentaires, notamment pour faire face aux revalorisations salariales accordées aux soignants.

Photo : Natanael Melchor / Unsplash

Une situation intenable

« Il est impossible de continuer ainsi sauf à mettre en péril l'investissement et les recrutements prévus », a mis en garde Arnaud Robinet, le président de la FHF, cité par le quotidien économique.

Des indicateurs positifs

Recensés par ce journal, certains indicateurs sont toutefois positifs : l’hôpital est de plus en plus attractif pour les jeunes soignants en sortie d’école. Et le taux de vacance des postes d’infirmiers et d’aides-soignants est en baisse en 2024, tout comme les indicateurs d’absentéisme.

Photo : Mufid Majnun / Unsplash

Le Ségur de la santé

Qu’a fait l’État pour tenter de remédier à la situation de l’hôpital ces dernières années ? Le « Ségur de la santé », qui s’est tenu à la suite de la pandémie, a prévu 19 milliards d’euros d’investissements sur cinq ans dans le système hospitalier public.

Des rémunérations en hausse

Par ailleurs, une enveloppe de 10 milliards a été allouée afin de financer une « augmentation de 183 euros nets par mois pour les personnels sociaux et médico-sociaux des hôpitaux publics », rappelle France Info.

Photo : Marek Studzinski / Unsplash

Des recrutements difficiles à relancer

Le Ségur a aussi prévu la création de 15 000 postes supplémentaires de soignants, tous métiers confondus. Le problème consiste plutôt à trouver des candidats, alors que de nombreux médecins, infirmiers et aides-soignants quittent l’hôpital par épuisement professionnel.

Photo : Liza Pooor / Unsplash

Quel avenir ?

Malgré les tentatives de réforme des dernières années, les problèmes de surcharge d’activité des hôpitaux ne sont pas résolus en France. Les prochains gouvernements trouveront-ils des solutions innovantes dans l’intérêt des patients et du personnel ?

Photo : Amin Zabardast / Unsplash

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