Assassinat, corruption, prises d’otages : que se passe-t-il en Équateur ?
L'Équateur est en train d'écrire un chapitre critique de son histoire, à savoir l'escalade d'une violence qui dure depuis des années. Dans un décret officiel, le président équatorien Daniel Noboa a reconnu que le pays était en proie à un conflit armé interne.
Guayaquil est la ville la plus peuplée du pays et représente également l'épicentre des violences. C'est après qu'un groupe armé s'est emparé d'un plateau de télévision lors d'un journal télévisé dans cette ville que le président a décrété cette mesure.
Suite à cette violente prise d'otages, des centaines d'institutions publiques ont été fermées, les routes et les moyens de transport bloqués.
Le média local "GK" a rapporté que l'agitation en Équateur faisait suite à un week-end particulièrement violent d'émeutes dans les prisons, d'agressions et d'enlèvements.
De plus, il y aurait eu une explosion près de la maison d'Iván Saquicela, président de la Cour nationale de justice, au nord de Quito, la capitale, selon les médias numériques.
À la suite de violences dans les prisons et de l'évasion d'un criminel notoire, le président Daniel Noboa avait déjà publié durant le week-end un statut d'exception.
À quelques jours d'intervalle, deux des plus dangereux criminels du pays, chefs de bandes rivales, se sont évadés de prison. C'était avant que la violence n'éclate.
Ces groupes criminels, ainsi qu'une vingtaine d'autres gangs, sont ainsi officiellement classés comme des organisations terroristes par le décret de Daniel Noboa.
Selon les médias locaux, ces organisations criminelles sont associées à diverses infamies, mais surtout au trafic de stupéfiants.
Ces dernières années, c'est précisément le trafic de drogue qui a contribué à faire basculer l'Équateur dans une spirale de violence.
En août 2022, le candidat à la présidence Fernando Villavicencio a été assassiné. Il s'agit de l'un des épisodes de violence les plus graves de ces dernières années.
Villavicencio avait reçu plusieurs menaces pour ses dénonciations. Il avait en effet placé sa candidature sous le signe de la lutte contre la corruption.
Au cours de cette enquête menée par le président défunt, le bureau du procureur a trouvé une liste de candidats à des postes au sein du gouvernement local qui figuraient parmi les contacts d'un trafiquant de drogue connu.
Le ministère public a porté des accusations contre de hauts fonctionnaires de la justice pour leurs liens avec le trafic de drogue à la suite de cette découverte, qui s'inscrit dans le cadre d'une enquête sur la corruption à grande échelle.
Selon le bureau américain des affaires internationales de stupéfiants, le port de Guayaquil est le "principal centre logistique pour la cocaïne destinée à l'Europe et au reste du monde", a rapporté la chaîne de télévision paneuropéenne "Euronews".
Les trafiquants ont profité du système logistique utilisé dans le cadre de l'exportation de bananes et d'autres produits primaires pour transporter des substances illégales, principalement vers l'Union européenne.
Les conséquences de ces activités illégales ont conduit l'Équateur à terminer l'année 2023 en tête des pays les plus violents d'Amérique latine, selon l'agence de presse "EFE".
D'après le journal espagnol "El País", il s'agit d'un revirement radical puisque, en 2019, le nombre de morts violentes représentait un quart de celui de l'année dernière.