L'impact de l'attaque du Hamas : vers la fin du rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite ?
Le monde entier a été stupéfait par les attaques perpétrées par le Hamas sur le territoire israélien depuis le 7 octobre dernier.
L’armée israélienne a immédiatement répliqué et les combats se sont intensifiés dans la région. Depuis, le bilan s’élève à plusieurs milliers de morts.
Mais l’offensive sanglante du Hamas est intervenue dans un contexte international précis et s’inscrit dans un arrière-plan géopolitique plus global entre Israël et le monde arabe. Décryptage.
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Le Hamas est soutenu officiellement par ses alliés traditionnels, le Hezbollah libanais et surtout l’Iran. Le régime des mollahs ne cache pas sa volonté de détruire l’État hébreu.
Mais tous les pays arabes ne sont pas sur cette ligne, plusieurs d’entre eux ayant normalisé leurs relations avec Israël ces dernières années.
En septembre 2020, les accords d’Abraham, signés sous le patronage des États-Unis, ont scellé la normalisation des relations entre Israël, d’une part, et les Émirats arabes unis et le Bahreïn, d’autre part.
À la fin de l’année 2020, deux États importants du monde musulman, le Soudan et le Maroc, avaient rejoint l’accord, donnant l’espoir d’une paix plus durable dans la région.
Craignant un isolement croissant dans la région, l’Autorité palestinienne avait dénoncé une « décision méprisable » d’Abu Dhabi, comme l’avait rapporté ‘The Times of Israel’.
Les évolutions géopolitiques des dernières années avaient ainsi révélé un clivage de plus en plus marqué entre les États sunnites, plus enclins à dialoguer avec Israël, et le monde chiite, resté très hostile à l’État hébreu.
L’Arabie saoudite n’a pas adhéré aux accords d’Abraham. Cependant, un rapprochement entre le royaume et Israël est en cours, avec à la clé une reconnaissance de l’État hébreu par Riyad.
Cette normalisation des relations israélo-saoudiennes est vivement souhaitée par les États-Unis, et notamment par le président Joe Biden qui souhaite afficher un tel succès sur la scène internationale dans la perspective de la campagne présidentielle de 2024.
L’Arabie saoudite a d’ailleurs posé ses conditions à un tel accord, à savoir des garanties de sécurité de Washington et une aide américaine dans le domaine du nucléaire civil.
Rien n’était encore fait avant l’attaque du Hamas qui ne fait que compliquer la situation. Plus tôt cette année, Riyad s’était d’ailleurs rapproché de manière inattendue de l’Iran, qui est à la fois son vieux rival et l’ennemi juré d’Israël.
Par ailleurs, les événements récents ont conduit l’Arabie saoudite à revenir à un discours plus classique de condamnation de la politique israélienne et de soutien aux Palestiniens.
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, a d’ailleurs déclaré sur la chaîne américaine ‘Fox News’ que son pays devait « faciliter la vie des Palestiniens ».
Marginalisé par le réchauffement des relations entre Israël et les pays arabes, le Hamas cherche à susciter une réaction de solidarité dans le monde arabe face aux représailles israéliennes. Et ainsi à faire échouer le processus de normalisation en cours.
Comme l’a relevé le ‘Financial Times’, les efforts américains pour rapprocher Israël et l’Arabie saoudite sont remis en cause par les attaques inopinées du Hamas.
« Le Hamas a lancé une bombe dans la pièce. L’objectif est de pousser les Israéliens à des représailles qui rendent impossible, pour les Saoudiens, d’aller de l’avant avec la normalisation », estime Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute, à Washington, cité par ‘Le Monde’.
La paix et le rapprochement entre les peuples sont-ils impossibles au Proche-Orient ? Les derniers jours ont en tout cas rappelé la complexité des enjeux régionaux et le long chemin qui reste à parcourir.