Crise énergétique : pourquoi le Canada refuse-t-il d'exporter du gaz naturel liquéfié en Europe ?

Cinq mois seulement après que Justin Trudeau a repoussé les demandes de l'Allemagne, le Premier ministre libéral, qui a effectué deux mandats, a également rejeté les demandes du gouvernement japonais d'approvisionner le pays en gaz naturel (GNL) canadien.

À la mi-janvier, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a donné le coup d'envoi de la campagne de son pays visant à acheter davantage de gaz naturel canadien en se rendant officiellement à Ottawa.

Fumio Kishida espérait conclure des accords avec le gouvernement libéral du Canada pour acheter une partie du gaz naturel du pays, mais il est reparti bredouille, selon le 'Globe and Mail'.

''Trudeau a refusé catégoriquement la demande du Premier ministre japonais afin de protéger l'économie et la qualité de vie nippone face aux pénuries de gaz causées par la guerre de la Russie contre l'Ukraine'', a écrit Kenneth Green du 'Financial Post'.

Alors que le Canada pourrait s'assurer de futures affaires récurrentes et faire du pays une puissance gazière, le gouvernement de Justin Trudeau fait marche arrière et refuse de développer ses ressources et d'aider ses alliés potentiels.

En août, l'Allemagne s'est tournée vers le Canada pour l'aider à répondre à ses besoins croissants en gaz, alors que la Russie a interrompu ses livraisons vers l'Europe dans le but d'utiliser l'hiver comme une arme de guerre contre les alliés de l'Ukraine.

Mais le Premier ministre a refusé de venir en aide au chancelier allemand Olaf Scholz, affirmant qu'il serait trop difficile et trop coûteux d'acheminer le gaz de l'Ouest canadien jusqu'à la côte atlantique, selon John Paul Shacker de 'CBC News'.

"L'un des défis liés au GNL est le montant des investissements pour construire les infrastructures nécessaires", a déclaré Justin Trudeau lors d'une conférence de presse.

''Il n'y a jamais eu d'analyse solide en raison de l'éloignement des gisements de gaz. De plus, le type de transport nécessaire à cette ressource n'a pas non plus été évalué'', a ajouté le Premier ministre canadien.

Malheureusement, Justin Trudeau semble bel et bien s'être trompé, selon John Paul Shacker.

''La guerre en Ukraine a bouleversé le marché mondial de l'énergie'', écrit John Paul Shacker, une situation qui a offert une énorme opportunité à l'économie canadienne, mais, Justin Trudeau ne semble pas être de cet avis.

''Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a déclaré que l'Allemagne souhaitait aider le Canada à développer sa capacité de production d'hydrogène, écrit John Paul Shacker, afin que le pays puisse à terme exploiter cette ressource.

Selon l'Association canadienne du gaz, le pays dispose actuellement d'environ ''1 373 billions de pieds cubes (pi³) de ressources en gaz naturel'', ce qui correspond, à l'heure actuelle, ''à plus de 200 ans de demande annuelle.''

Les raisons du refus de Justin Trudeau de développer le secteur du gaz naturel au Canada sont purement politiques, selon certains analystes.

En refusant le ''destin'' du gaz naturel du Canada, c'est un peu comme si on parvenait à un accord politique de zéro net et que l'on veillait à ce que les autres pays contribuent à réduire leur empreinte carbone, une situation que Kenneth Green juge très mauvaise et unacceptable pour le pays.

''Nous disposons d'une ressource qui nuit beaucoup moins à l'environnement que d'autres options existantes et que nous pourrions vendre à bon prix à des personnes désireuses de l'acheter'', a écrit Kenneth Green. "Pourtant, nous refusons tout simplement de le faire.''

Kenneth Green a ajouté que ''négliger les alliés potentiels nuit à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable et certaines nations qui souhaiteraient développer des partenariats économiques avec notre pays pourraient hésiter ou faire marche arrière.''

''Il est absurde de fermer la porte à des pays ayant des intérêts géopolitiques communs, avec lesquels on a coopéré dans le passé et avec qui on pourrait vouloir s'associer de nouveau à l'avenir, afin d'influencer la politique mondiale'', a conclu Kenneth Green.

Bien que Justin Trudeau ait laissé la porte ouverte à l'exploitation future du gaz naturel, son gouvernement refuse toujours d'assumer le rôle du Canada en tant que prochain leader mondial dans le domaine de l'énergie.

Deux nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié sur la côte ouest du Canada devraient être achevés en 2025 et 2027, mais ils ne suffiront pas à redresser la situation du pays.

Le refus de Justin Trudeau d'investir pleinement dans le développement des ressources en gaz naturel du Canada nuit à long terme aux citoyens du pays et seul le temps nous dira si cette question suffira à lui faire gagner (ou perdre) les prochaines élections fédérales.