Des documents en ligne révèlent le piratage, la surveillance et la propagande de l'État chinois
Une rare mise en ligne de documents a montré la puissance de l'État chinois en matière de piratage informatique. Les documents appartiennent à un entrepreneur privé qui travaille en étroite collaboration avec des agences gouvernementales.
Les experts cités par AP News et leurs correspondants chinois ont qualifié la fuite de "rare fenêtre" sur les services d'espionnage et de contrôle social fournis par la société I-Soon.
Photo : The Digital Artist / Pixabay
Selon l'agence de presse, les contrats, présentations commerciales, manuels de produits et listes de clients qui ont fait l'objet d'une fuite fournissent des détails sur la manière dont ils surveillent les dissidents et piratent les organisations.
Cette mise en ligne a également montré les méthodes utilisées par le gouvernement pour diffuser des récits favorables à la Chine sur les médias sociaux et accéder à des comptes ou des courriels privés.
Selon l'AP, les documents détaillent les opérations menées dans des territoires sensibles, tels que Hong Kong, où plusieurs manifestations ont eu lieu, ou Taïwan.
Selon l'AP, les documents montrent que des outils de piratage ont été utilisés pour dévoiler les utilisateurs de X (Twitter), pénétrer dans les courriels et utiliser des dispositifs déguisés en multiprises et en batteries pour compromettre les réseaux WiFi.
L'entreprise travaillait pour le ministère de la Sécurité publique, pour onze bureaux de sécurité provinciaux et pour des départements de sécurité locaux.
Les cibles étaient également très connues, notamment les minorités ethniques, les dissidents à l'origine des manifestations et même d'autres gouvernements et ministères.
Selon les documents, la société aidait la police à traquer les Ouïghours en Asie centrale et en Asie du Sud-Est. Rappelons que le gouvernement chinois opprime cette minorité ethnique.
France Press, qui a également eu accès aux documents, affirme qu'au moins près d'une douzaine de gouvernements ont été la cible des efforts de piratage de l'entreprise.
Les documents font principalement état d'accords visant à accéder à des informations provenant d'autres pays asiatiques et de pays d'Afrique et du Moyen-Orient tels que le Nigeria et l'Afghanistan.
Toutefois, selon France Presse, il y aurait eu des tentatives de piratage du Royaume-Uni. L'agence dit avoir trouvé une liste de cibles du gouvernement britannique.
L'entreprise a également fourni des services de contrôle et de surveillance des plateformes de médias sociaux étrangères, comme Facebook. Le gouvernement chinois exerce déjà une forte emprise sur les médias sociaux locaux.
AP News affirme que la source de la fuite n'a pas été identifiée, mais qu'il est probable qu'elle se trouve en Chine. Toutefois, deux travailleurs ont déclaré à l'agence que l'enquête était en cours.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré à France Press qu'il n'était pas au courant de l'existence de ce document et du piratage d'autres gouvernements.
L'agence française explique que le FBI affirme que la Chine possède l'un des plus vastes programmes de piratage informatique au monde. La Chine a toujours démenti et a déclaré à France Press qu'elle s'opposait fermement aux cyberattaques.
Cependant, des experts de la société de cybersécurité Sentinel One ont déclaré à AP News et à France Press que le document en question était la preuve des vastes capacités de piratage de la Chine.