Devoir de visite : faut-il forcer les pères à voir leurs enfants ?
Le Président de la République française, Emmanuel Macron, a récemment proposé la création d’un « devoir de visite » aux pères séparés ou divorces dont les enfants sont gardés par la mère.
« C’est un devoir d’être parent et c’est un devoir qui ne s’arrête pas au moment du divorce ou de la séparation », a déclaré le chef de l’État dans une vidéo publiée par le magazine ‘Elle’.
« Je veux qu’on puisse ouvrir ce débat, qui est, au fond, à la fois un débat sur la parentalité et un débat sur l’égalité entre les femmes et les hommes, qui est celui d’instaurer un devoir de visite, un devoir d’accompagnement jusqu’à l’âge adulte, des enfants », a-t-il ajouté.
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Emmanuel Macron considère en effet « qu’un enfant qui ne voit jamais son père, c’est un enfant qui se sent abandonné » et « dont le développement affectif et éducatif n’est pas le même ».
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Selon des données de l’Insee, 86 % des enfants issus de couples séparés vivaient principalement chez leur mère en 2020 (avec un droit de visite et d’hébergement accordé au père), contre 12 % seulement en garde alternée à parité.
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Alors que les débats sur la politique familiale et la natalité occupent le devant de la scène en cette année 2024, cette proposition vise à responsabiliser les pères de famille. Mais serait-elle efficace ?
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Interrogé par ‘La Voix du Nord’, le psychiatre Serge Hefez n’y va pas par quatre chemins : il s’agit selon lui d’une « idée de com’ », qui imposerait « une espèce d’injonction morale dans des situations concrètes qui sont parfois très complexes ».
« Il y a des pères qui se désengagent parce qu’ils n’ont pas envie d’assumer leur paternité, d’autres parce qu’ils sont dans une situation de séparation extrêmement conflictuelle », souligne le spécialiste. Sans oublier ceux qui manquent simplement de moyens matériels.
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Citée par le même journal local, Sarah Margairaz, de l’association Collective des mères isolées, dénonce le préjudice psychologique lié à l’absence du père « pour l’enfant, qui attend (en vain) à la porte ».
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La responsable associative dénonce aussi une « dissymétrie des droits et devoirs » entre les pères, qui peuvent décider à la dernière minute du moment de leur visite, et les mères, dont l’emploi du temps en dépend et qui risquent de lourdes sanctions pénales en cas de non-présentation de l’enfant.
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Pour l’association Osez le féminisme, il est dangereux de favoriser les visites lorsque le père est violent. Et contreproductif de les imposer à ceux qui ne souhaitent pas s’occuper de leur enfant.
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« La difficulté de l’accès à l’enfant est à la fois de la responsabilité de la mère et du père », souligne Audrey Ringot, vice-présidente de l’association pour la médiation familiale (APMF), citée par ‘La Voix du Nord’.
« C’est vrai, des pères ne prennent pas les mesures suffisantes pour rencontrer régulièrement leur enfant, mais il arrive aussi, et dans de nombreuses situations, que les mères empêchent cet accès », précise-t-elle.
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Selon Audrey Ringot, chaque parent dispose d’une arme en cas de conflit : le non-paiement de la pension alimentaire pour le parent non-gardien (la plupart du temps le père), le refus de présenter l’enfant pour le parent gardien (le plus souvent la mère).
D’après Serge Hefez, la prévention et l’incitation seraient plus judicieuses que l’introduction de sanctions pour les pères. Le psychiatre rappelle l’existence d’un dispositif d’aide et de médiation, introduit en 1999, mais insuffisamment connu des parents.
L’idée d’un devoir de visite figure en tout cas déjà dans une proposition de loi du député LR Thibault Bazin, qui vise à transformer le « droit de visite et d’hébergement » en un « devoir de visite et d’hébergement de l’enfant » pour le parent non-gardien, comme l’indique ‘Le Monde’.
Cette initiative parlementaire prévoit une peine d’un an de prison et une amende de 15 000 euros pour les parents qui ne respecteraient pas ce devoir de visite, précise le quotidien du soir.
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Le devoir de visite des pères va-t-il bientôt être mis en place en France ? Si tel est le cas, plusieurs années d’expérience seront nécessaires pour savoir si la mesure est efficace ou non.
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