La diplomatie française au Moyen-Orient : postures et politiques, du général De Gaulle à Emmanuel Macron
Depuis l'assassinat du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah et les incidents actuels entre le Liban, l'Iran et Israël, le conflit israélo-palestinien a pris une nouvelle dimension. Plus de 70 ans après son commencement, cette guerre reste au centre de l'actualité, et divise plus que jamais la France. Mais comment le pays s'est-il historiquement positionné ?
Officiellement, tous les présidents français élus sous la Vᵉ République ont été partisans d'une solution politique à deux États. Mais chacun s'est impliqué différemment dans le processus de paix.
Le général De Gaulle est le premier président français à avoir officiellement reconnu l'État d'Israël en 1949, peu de temps après sa création. Toutefois, il a également toujours maintenu de bons rapports avec les États arabes.
Photo : Le président israélien Ben-Gourion est reçu par le Général De Gaulle à Paris, en 1960.
De Gaulle était en faveur d'un statut international pour la ville sainte de Jérusalem. Une position qui a été maintenue par ses successeurs. Faute d'accord, la France ne reconnait aucune souveraineté sir Jérusalem, occupée par Israël.
Lors de la guerre de Six Jours, en 1967, le président de la République a critiqué l'expansion israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Il a soutenu une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui demandait le retrait des troupes israélienne des territoires occupés, et a décrété un embargo sur la vente d’armes à Israël.
Lors d'une conférence de presse organisée le 27 novembre 1967, le général De Gaulle déclare : "Israël ayant attaqué, s'est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu'il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s'y manifeste contre lui une résistance, qu'à son tour, il qualifie de terrorisme."
Durant cette conférence de presse, le dirigeant français va également qualifier les Juifs de " peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur". Une phrase qui mettra le feu aux poudres et entachera les relations franco-israéliennes.
Comme son prédécesseur, Georges Pompidou a une position très équilibrée concernant le Moyen-Orient, et maintient des relations diplomatiques à la fois avec Israël et avec les États du monde arabe.
Les relations avec Israël se sont compliquées lorsque, en décembre 1969, une opération militaire israélienne a subtilisé cinq navires militaires non armés depuis le port français de Cherbourg. Ces vedettes avaient été payées par le gouvernement israélien, mais étaient retenues par l'embargo sur l'armement décrété par De Gaulle. La France est alors ridiculisée, et les relations avec Israël sont restées glaciales pendant plusieurs années.
Sous Valéry Giscard d’Estaing, la France reconnait l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il s'agit d'une organisation présidée par Yasser Arafat composée de plusieurs mouvements palestiniens. La France a voté pour l’obtention de son statut d’observateur aux Nations unies.
En 1980, Giscard d'Estaing signe la Déclaration de Venise, qui reconnait les droits nationaux palestiniens et les droits de l'OLP à participer aux initiatives de paix.
Élu en 1981, François Mitterrand s'est impliqué plus activement dans le processus de paix au Moyen-Orient. Il a été le premier président de la République à recevoir Yasser Arafat, président de l'OLP, en France.
Il est aussi le premier à s'être rendu en Israël pour tenter de rapprocher les deux camps. En 1982, Mitterrand prononce un discours devant le Knesset, le parlement israélien, pour louer une solution à deux États.
Président de la République de 1995 à 2007, Jacques Chirac entretenait de bonnes relations avec Yasser Arafat et a plusieurs fois exprimé son soutien aux droits du peuple palestinien et en particulier, à leur droit à l'autodétermination et à un État indépendant. Une position qui crispait Israël.
Jacques Chirac est le dernier chef d'État français à s'être activement impliqué dans le processus de paix entre Israël et la Palestine. Après l'échec du sommet de Camp David, en juillet 2000, entre Yasser Arafat et Ehud Barak, premier ministre israélien, Jacques Chirac a tenté, sans succès, de convaincre Arafat d'accepter un partage du complexe d'Al-Aqsa, à Jérusalem.
Le président Chirac a également organisé des pourparlers à Paris entre les deux parties, cinq jours après le début de la Seconde intifada. Mais là encore, ce fut un échec : les tentatives de médiation ont été tendues, et Israël à accuser le chef d'État français de prendre le parti des Palestiniens.
Nicolas Sarkozy réchauffe les relations franco-israéliennes et exprime à plusieurs reprises le soutien de la France à l'État Hébreu face aux attaques dont il est victime, notamment via des tirs de roquette provenant de la bande de Gaza.
En parallèle, il œuvre pour un processus de paix en tentant d'influer le gouvernement de Benyamin Netanyahou, sans succès.
La position de François Hollande dans le conflit israelo-palestinien a été de toujours rester le plus neutre possible. En 2014, lors d'un regain des tensions dans la région, il apporte d'abord son soutien à Israël, avant de réajuster son discours et d'avoir une pensée pour les victimes palestiniennes.
Contrairement à ce qu'il avait promis durant sa campagne présidentielle, François Hollande ne reconnaitra pas officiellement l'État de Palestine en tant que tel.
Avant et pendant son mandat présidentiel, Emmanuel Macron a souvent affirmé sa position en faveur de deux États israélien et palestinien. Le président actuel a maintenu de bonnes relations avec Israël, malgré des tensions sur le dossier du nucléaire iranien, et a continué à apporter une aide financière aux territoires palestiniens, avec l'UE.
Après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron a apporté son soutien à Israël lors d'un discours télévisé : "Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille et de notre soutien dans sa réponse légitime aux attaques terroristes." Il a également rappelé que "les conditions d’une paix durable sont connues : ce sont des garanties indispensables pour la sécurité d’Israël et un État pour les Palestiniens".