Émeute du Capitole : Donald Trump témoignera-t-il devant la commission du 6 janvier ?
Donald Trump, le précédent président des États-Unis d'Amérique, est convoqué par la commission de la Chambre des représentants chargée d'enquêter sur l'émeute du Capitole de janvier 2021. Ils espèrent ainsi obtenir témoignages et documents pouvant indiquer que l'ex-président est l'instigateur de cette émeute au cours de laquelle quatre manifestants ont trouvé la mort.
Les dirigeants de la commission ont indiqué à Donald Trump, dans une lettre accompagnant l'assignation à comparaître, qu'ils disposent de "preuves accablantes", ainsi que des témoignages de dizaines de ses anciens collaborateurs et employés, prouvant qu'il a personnellement orchestré l'émeute du Capitole.
On peut lire dans la lettre : "Vous étiez au centre de la première et unique tentative d'un président américain cherchant à annuler une élection. Vous saviez que cette action était illégale et inconstitutionnelle".
"Nous reconnaissons qu'une assignation à un ancien président est une action significative et historique", ont écrit le président Bennie Thompson et la vice-présidente Liz Cheney dans la lettre adressée à Trump. "Nous ne prenons pas cette action à la légère".
Ils exigent également toutes les communications que Donald Trump a eues concernant des groupes extrémistes, tels que les Proud Boys et Oath Keepers, qui ont participé à l'émeute.
La commission a également sollicité toutes les communications que Trump a eues au cours de l'année écoulée impliquant des personnes pour lesquelles il aurait payé "directement ou indirectement" des frais juridiques ou avec lesquelles il aurait "discuté d'un emploi" et qui seraient des contacts ou des tentatives de contacts avec des témoins qui comparaissent devant la commission.
L'assignation prévoit que M. Trump doit témoigner soit au Capitole, soit par vidéoconférence, le 14 novembre à 10 heures (heure de l'Est), après les élections de mi-mandat.
L'équipe juridique de l'ex-président a déclaré qu'elle "examinera et analysera" l'affaire, et "répondra de manière appropriée à cette action sans précédent." On ne peut pas savoir si Donald Trump témoignera ou non.
Des proches du politicien ont affirmé au journal d’information britannique "Guardian" que ce qui pousse Donald Trump à vouloir témoigner, c'est son désir de faire comprendre à la commission et aux enquêteurs que toute cette affaire n'est qu'une chasse aux sorcières, et qu'il est innocent des événements qui ont eu lieu au capitole.
Donald Trump a déjà exprimé son désir de comparaître devant le comité restreint et de "recevoir ce qu'il mérite", à condition qu'il puisse le faire en direct, ont indiqué les sources, et il a réitéré cette idée à ses proches collaborateurs après que le comité a voté l'assignation à comparaître.
À la suite de la poursuite civile engagée par le procureur général de New York, les avocats de Donald Trump l'ont mis en garde contre les problèmes juridiques que peuvent induire un témoignage dans le cadre des enquêtes en cours, et l'ex-président semble en avoir conscience.
Avant que le procureur général de New York n'engage un gigantesque procès pour fraude contre lui, trois de ses enfants et des cadres supérieurs de la “Trump Organization”, Donald Trump avait invoqué plus de 400 fois son droit de ne pas s'auto-incriminer, garanti par le cinquième amendement, lors d'une déposition auprès du bureau du procureur général de New York.
Au cours de l'enquête menée par le conseiller spécial sur les liens entre sa campagne de 2016 et la Russie, Trump a également suivi les conseils de ses avocats, ne soumettant que des réponses écrites aux enquêteurs alors qu'il avait initialement déclaré à ses conseillers qu'il souhaitait témoigner pour blanchir son nom.
Si la tendance au mensonge de Trump est avérée, celle-ci peut être la raison pour laquelle il se montre aussi prudent quant aux risques liés à un mensonge devant le Congrès, car cela constituerait un crime.
Tout mensonge de sa part serait presque certainement relevé par la commission, car celle-ci a l'intention de faire mener les interrogatoires par des avocats, dont beaucoup sont d'anciens juristes de haut niveau du ministère de la Justice ou des procureurs fédéraux et de sécurité nationale.
Dans une interview accordée à MSNBC, Nancy Pelosi, du parti Démocrate (opposé à Trump), déclarait : "Je ne pense pas qu'il soit suffisamment courageux pour se présenter. Je ne pense pas que ses avocats voudront qu'il se présente parce qu'il doit témoigner sous serment".
Les avis juridiques internes du ministère de la justice indiquent que les présidents et les anciens présidents bénéficient d'une immunité absolue pour témoigner devant le Congrès. Toutefois, le comité restreint pourrait être confronté à un choix difficile quant à la manière de procéder si Trump ignore tout simplement la citation à comparaître.
Les enquêteurs peuvent alors demander l'exécution judiciaire de l'assignation, mais cela prendrait des mois ; un temps dont la commission ne dispose pas, étant donné qu'elle sera très probablement dissoute à la fin du Congrès actuel, en janvier 2023, si les républicains reprennent le contrôle de la Chambre des représentants.
Si, au lieu de cela, le groupe d'experts décide simplement d'inculper Donald Trump d'outrage au Congrès pour avoir défié la citation à comparaître, et qu’ils parviennent à faire appliquer la peine, il pourrait faire l'objet de poursuites pénales, tout comme son ancien stratège Steve Bannon, qui a été condamné à une amende de 6 500 dollars et à quatre mois de prison.