Environnement : un carburant écologique pour les avions a été testé et approuvé
Une compagnie aérienne commerciale a effectué un vol transatlantique en utilisant uniquement du carburant pour avion écologique, dit "SAF" pour "Sustainable Aviation Fuel", le 28 novembre 2023. Ce vol entre Londres et New York était le premier à utiliser ce carburant.
Bien qu'il ait été effectué avec un avion commercial Boeing 787, ce vol, organisé par Virgin Atlantic, n'était pas vraiment un "vol commercial", puisqu'il ne transportait que des cadres de l'industrie et des représentants du gouvernement.
La mise au point de ce carburant, fabriqué à partir de graisses animales et autres déchets gras, a été rendue possible grâce au financement, à hauteur de 1,7 million de dollars, du ministère britannique des Transports.
Dans le but de rendre l'aviation "propre" en parvenant à des émissions nettes nulles, que l’on appelle "jet-zero", d'ici à 2050, un objectif partagé par de nombreux pays, l'utilisation de SAF pour remplacer le kérosène est l'une des stratégies les plus importantes.
Photo : John McArthur / Unsplash
Comme tout le monde le sait, les émissions dues au transport aérien sont élevées. Eh bien, ces biocarburants pourraient contribuer à une réduction de 70 % des émissions, selon les rapports présentés à divers médias par l'industrie aéronautique.
Les États-Unis prévoient de produire 11 milliards de litres de biocarburant d'ici à 2030, et le Royaume-Uni espère l'utiliser pour au moins 10 % de ses vols la même année. Les SAF font donc partie des projets écologiques du gouvernement américain.
Étant donné que la recherche et le développement de ces carburants n'en sont qu'à leurs débuts et ne progressent que lentement, les experts cités par l'agence de presse américaine "AP News" et le média anglais "BBC" estiment que ces objectifs sont inatteignables.
La production de biocarburants pour moteurs à réaction est passée de 7,5 millions de litres en 2016 à 59,8 millions de litres en 2022 aux États-Unis. Selon "AP News", c'est encore très loin de l'objectif de 11 milliards de litres fixé pour 2030.
Cette étape n'est pas aussi importante que le gouvernement britannique et les dirigeants de l'industrie veulent bien le faire croire, selon des spécialistes cités par la "BBC".
Il est impossible de produire suffisamment de SAF pour l'ensemble de l'industrie, explique Guy Gratton, professeur associé d'aviation et d'environnement à l'université de Cranfield au média.
Selon Gratton, les SAF ne doivent être considérés que comme une étape vers la mise au point de solutions propres adaptées. Il explique que ces carburants restent malgré tout polluants, même s'ils le sont bien moins que le kérosène.
La seule solution aujourd'hui serait de "voler moins", comme l'a confié à "BCC" Cait Hewitt, directrice politique du groupe de campagne "Aviation Environment Federation".
"Le gouvernement n'est pas d'accord" avec les campagnes incitant les gens à ne pas prendre l'avion et le SAF est un "grand pas en avant", explique de son côté le ministre britannique des Transports, Mark Harper.
Bien qu'il s'agisse du premier avion commercial transatlantique à y parvenir, le vol du Boeing 787 de Virgin Atlantic n'est pas le seul exemple de la pression exercée par l'industrie aéronautique en faveur des SAF.
Un jet d'affaires de Gulfstream Aerospace avait eu recours uniquement à de l'éco-carburant pour sa traversée de l'atlantique au début du même mois.
"AP News" a rapporté que la compagnie néerlandaise KLM a effectué un vol Paris-Montréal en utilisant une combinaison de SAF et de combustibles fossiles, deux ans avant, lors d'un vol commercial.