Le diplomate influent et controversé Henry Kissinger est décédé à l'âge de 100 ans
Henry Kissinger, l'homme qui a marqué la politique internationale des États-Unis pendant la guerre froide et encore aujourd'hui, est décédé à l'âge de 100 ans.
Selon le New York Times, il était considéré comme le secrétaire d'État américain le plus puissant de l'après-Seconde Guerre mondiale. Il a été à l'origine de l'ouverture diplomatique des États-Unis vers la Chine et a façonné les relations du pays avec l'Union soviétique.
Tout au long de sa vie centenaire, Kissinger a conseillé 12 présidents américains, de John F. Kennedy à Joe Biden.
Pour certains, la vie de cet immigrant juif allemand devenu l'un des hommes les plus puissants des États-Unis sous le gouvernement de Nixon a constitué un exemple qui montre comme les États-Unis peuvent être une terre d'opportunités pour tout un chacun.
Pour d'autres en revanche, il avait du sang sur les mains pour avoir prolongé la guerre du Viêt Nam et adopté une politique internationale qui a conduit les États-Unis à soutenir des régimes criminels au nom de la lutte contre le communisme.
Selon le site MSNBC, Henry Kissinger est le diplomate le plus célèbre et le plus controversé du XXe siècle. Si l'on se penche sur sa carrière, on ne peut pas nier qu'elle a été aussi importante qu'elle a suscité des divisions.
Henry Kissinger a été l'une des figures les plus importantes du gouvernement de Nixon, Henry Kissinger a été nommé conseiller pour les affaires de sécurité nationale en 1968. Il est rapidement devenu l'un des collaborateurs les plus proches du 37ᵉ président des États-Unis.
De 1973 à 1977, il a été secrétaire d'État. D'abord, pour Richard Nixon, puis pour Gerald Ford.
Henry Kissinger a également dirigé le Conseil de sécurité nationale, qui émet des suggestions au président américain en matière de politique étrangère et plus généralement sur l’ensemble des questions stratégiques, de 1969 à 1975.
Il va sans dire que Kissinger a été un personnage très influent, qui a façonné la politique étrangère des États-Unis sous le gouvernement de Nixon.
"Realpolitik" est un terme qui revient souvent lorsqu'on parle de l'approche de Kissinger en matière de politique étrangère. D'une manière générale, cela signifie qu'il préconisait une approche plus pragmatique et plus fluide, plutôt qu'idéologique.
C'est cette approche pragmatique qui a permis au gouvernement de Nixon d'ouvrir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Sur la photo ci-dessus, Henry Kissinger accompagnait le président américain lors de sa visite d'État à Pékin en 1972.
Le gouvernement de Nixon a également poursuivi une relation différente avec l'Union soviétique. Connu sous le nom de "détente", Henry Kissinger a cherché à apaiser les tensions entre les États-Unis et l'URSS.
Henry Kissinger a également négocié un cessez-le-feu au Vietnam, ce qui lui a valu le prix Nobel de la paix en 1973.
Les républicains ne sont pas les seuls à faire l'éloge d'Henry Kissinger. Comme le souligne 'MSNBC', Barack Obama a décerné au diplomate d'origine allemande une distinction spéciale, tandis que l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton l'a qualifié "d'ami".
Cependant, la "realpolitik" a son côté obscur et Henry Kissinger reste probablement l'une des personnes les plus controversées à avoir reçu le prix Nobel de la paix. Mais, pourquoi ?
Un professeur associé de l'université du Massachusetts, écrivant pour le journal 'The Conversation', commente les résultats destructeurs de la "realpolitik" : "Ils vont de la fomentation de coups d'État qui mettent en place des dictatures, comme au Chili, au meurtre de civils désarmés au Cambodge, et à l'aliénation d'alliés potentiels en Inde".
Alors que le gouvernement Nixon poursuivait une politique de détente avec la Chine et l'URSS, la "realpolitik" a permis d'établir et de soutenir des dictatures de droite au Chili, en Argentine et dans le reste du monde en développement, dans le but de protéger les intérêts américains.
Henry Kissinger a également été accusé d'avoir inutilement prolongé la guerre du Vietnam. Comme le raconte Robert Brigham, professeur d'histoire au Vassar College, sur le site Internet de 'History Channel', Nixon et le secrétaire d'État ont pratiquement accepté en 1973 le même accord que celui proposé en 1968, après avoir intensifié le conflit pendant quatre ans.
De plus, des documents déclassifiés du Pentagone, rapportés par 'AP', révèlent que Kissinger a approuvé plus de 3 000 bombardements au Cambodge au début des années 1970.
L'ancien diplomate de Nixon, qui vient tout juste de fêter ses 100 ans, a été qualifié de "meurtrier" par ses détracteurs. Le journaliste Christopher Hitchens, auteur du livre 'Le procès d'Henry Kissinger', a affirmé qu'il devrait être incarcéré à La Haye pour "crimes contre l'humanité".
On pourrait dire que la vie du diplomate, né en Bavière en 1923, a toujours été définie par la géopolitique. Sa famille a fui l'Allemagne nazie en 1938, alors qu'il avait 15 ans.
Nombreux sont ceux qui affirment que son enfance et l'expérience qu'il a vécue dans l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, où il a dû aider à mettre en place une administration civile dans les territoires allemands occupés, ont façonné son approche réaliste de la politique et de la diplomatie.
Le jeune Kissinger excelle dans les études. Il est diplômé de Harvard en 1950, et rédige une thèse de plus de 400 pages. Il dirige également le "Defense Studies Program", un programme d'études relatif à la sécurité et à la défense, de 1959 à 1969.
Tout au long des années 1960, Henry Kissinger a travaillé en étroite collaboration avec Nelson Rockefeller, dont la candidature à l'élection présidentielle pour le Parti républicain a échoué. Ce dernier était perçu comme l'une figure de proue parmi les conservateurs les plus modérés.
En 1967, Henry Kissinger rencontre le rival de Nelson Rockefeller, l'ancien vice-président Richard Nixon. Comme l'écrit 'The Independent', il l'a d'abord qualifié de "dangereux pour être à la tête des États-Unis". Il ne lui a pas fallu longtemps pour changer d'avis. Après tout, c'est ça la "realpolitik", pas vrai ?