Futur gouvernement de la France : quels scénarios sont envisageables ?
Outre la défaite de l’extrême-droite, le principal enseignement du second tour des élections législatives en France a été l’absence de majorité claire pour gouverner, y compris pour le bloc de gauche arrivé en tête.
Dès lors, quelles sont les possibilités pour former un gouvernement capable de diriger le pays dans les mois et les années à venir ? Voici les principaux scénarios en images !
Dès ce lundi 8 juillet, les tractations entre les partis et les prises de position des leaders politiques ont débuté. Le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, a remis sa démission au président de la République qui l’a refusée dans un premier temps.
En cas de difficulté prolongée à former un nouveau gouvernement, Gabriel Attal pourrait rester encore un certain temps à Matignon. Le patron de l’exécutif s’est dit prêt à conserver son poste « aussi longtemps que le devoir l’exigera », rappelle France 24.
Dès l’annonce des résultats ce dimanche 7 juillet, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise (LFI), le premier parti de gauche dans la nouvelle Assemblée nationale, a revendiqué la direction du futur gouvernement.
Avec 193 élus, dont 182 issus du Nouveau Front populaire (NFP), l’alliance de ses principaux partis, la gauche est la principale force parmi les élus de la nation. Mais elle ne dispose pas de suffisamment de députés pour s’imposer à elle seule à Emmanuel Macron.
Si le NFP devait gouverner seul, même avec une majorité relative, cela marquerait le début d’une cohabitation entre Emmanuel Macron et le gouvernement, la quatrième depuis le début de la Cinquième République.
Une autre hypothèse plausible serait une alliance entre le camp présidentiel et les partis de droite parlementaire (Les Républicains, UDI et divers). Avec 231 députés, cette alliance serait plus nombreuse que le bloc de gauche mais ne disposerait que d’une majorité relative.
Pour rappel, un gouvernement peut agir sans disposer de la majorité absolue (fixée à 289 sièges) à l’Assemblée nationale, comme cela a été le cas depuis 2022. Cependant, cette configuration rend l’exécutif plus fragile et l’oblige à forger des alliances au cas par cas pour faire voter ses projets de loi.
Afin d’éviter cette situation, une troisième possibilité consisterait à former une « grande coalition » à l’allemande, incluant le centre, la gauche et la droite modérées. Cette solution présenterait l’avantage de rassembler une majorité absolue.
Cependant, un ralliement du Parti socialiste, voire des écologistes, à leurs anciens adversaires ferait voler en éclats l’alliance électorale du NFP et leur attirerait les foudres de la France insoumise, avec laquelle le centre et la droite excluent de gouverner.
Ce scénario reste improbable à ce stade. D’une part, la France a une culture faible du compromis et des coalitions. D’autre part, le dirigeant du PS, Olivier Faure, a rappelé dès dimanche que le programme du NFP était sa « seule boussole », comme l’indique BFM TV.
Une autre hypothèse régulièrement avancée est la formation, en l’absence de majorité parlementaire, d’un gouvernement « technique ». Composé d’experts, comme des hauts fonctionnaires et des économistes, il serait dirigé par un Premier ministre consensuel.
Un tel dispositif a déjà été installé en Italie lors de la crise de l’euro, et plus récemment avec Mario Draghi. En France, des profils plus techniques que politiques ont déjà été nommés à Matignon, comme Raymond Barre en 1976 ou Jean Castex pendant la pandémie. Mais ils étaient tous deux soutenus par une majorité parlementaire forte.
Si les partis politiques étaient incapables de s’entendre sur un gouvernement, la France pourrait s’acheminer vers une crise institutionnelle, alors que le chef de l’État ne peut exercer de nouveau son droit de dissolution avant un an.
Un autre scénario de crise serait une démission (peu probable) d’Emmanuel Macron de l’Élysée. Cela obligerait à convoquer de nouvelles élections présidentielles à un moment où la France ne dispose déjà d’aucune majorité parlementaire et gouvernementale claire.
Une crise institutionnelle serait en tout cas redoutable à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques, alors que la France a été sanctionnée par la Commission européenne à cause de son déficit public excessif. La classe politique saura-t-elle désigner rapidement un exécutif stable ?