Guerre au Soudan : la lutte pour le pouvoir continue
Selon des responsables de l'ONU, les affrontements entre l'armée soudanaise et la principale force paramilitaire du pays ont fait des centaines de victimes. Alors que la guerre civile précipite la région dans le chaos, les civils fuient par milliers le conflit.
Comme nous le rapporte la chaîne d'information américaine "CNN", alors que certains quartiers de la capitale Khartoum sont devenus une zone de guerre, au moins 750 personnes ont été tuées et plus de 5 000 autres ont été blessées. Ces chiffres proviennent de l'Organisation Mondiale de la Santé.
Un groupe paramilitaire, connu sous le nom de FSR (Forces de soutien rapide), est entré en guerre contre l'armée soudanaise à la mi-avril.
Le chef d’État actuel du Soudan est le général Abdel-Fattah al-Burhan. Il accède au pouvoir lorsque, en 2021, il lance un coup d'État qui entraîne la chute du dictateur qui règne sur le pays depuis bien longtemps, Omar al-Bashir (à gauche sur la photo).
À la tête de l'armée adverse, on trouve un homme qui a travaillé aux côtés de l'armée soudanaise pour maintenir les militaires au pouvoir, le commandant Mohammed Hamdan Dagalo (voir la photo), chef des RSF.
C’est au cours des négociations visant à intégrer les FSR à l'armée du pays, dans le cadre des plans de rétablissement du régime civil, que les alliés d'alors sont devenus ennemis.
Les sources de "CNN" expliquent que, comme aucun ne veut devenir le subordonné de l'autre dans une nouvelle hiérarchie, une "lutte existentielle pour la domination" a éclaté.
Ce conflit serait avant tout une lutte de pouvoir entre les leaders : Dagalo et al-Burhan (sur la photo), selon plusieurs analystes.
C'est à la tête de la milice connue sous le nom de Janjawid, un groupe responsable d'atrocités commises dans la région du Darfour, que Dagalo est monté en grade dans les FSR, au début des années 2000.
De plus, il semblerait qu’en 2019, 120 manifestants, des militants prodémocratie, aient été massacrés de manière sanglante, et ce, sous la supervision de Dagalo.
En tant que chef de l'armée au pouvoir et chef de gouvernement de facto du pays, Burhan a également supervisé la répression des activistes prodémocratie. Ces actions ont valu au chef militaire d'être, lui aussi, fortement critiqué par les groupes de défense des droits de l'homme.
Depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1956, des coups d'État ont eu lieu au Soudan en 1958, 1969, 1985, 1989, 2019 et 2021. Ces transitions violentes de pouvoir ne sont que trop familières au Soudan, qui a connu plus de coups d'État que n'importe quel autre pays africain.
Selon les experts, la résistance au régime civil est la norme depuis longtemps au Soudan, une situation qui ne changera probablement pas de sitôt. En effet, l'armée a longtemps été au cœur des transitions politiques du pays.
Dans le média indépendant à but non lucratif "The Conversation", on peut lire l’opinion du professeur d'histoire Christopher Tounsel : ce qui rend la situation difficile, c'est que deux hommes puissants, "disposant tous deux d'une armée, s'affrontent pour un pouvoir que ni l'un ni l'autre ne semble prêt à abandonner".
Mieux entraînées et mieux équipées, les FSR ne disposent cependant que de 70 000 soldats... Alors que, selon diverses estimations officielles et non officielles, les forces armées soudanaises compteraient entre 210 et 220 000 hommes.
Par ailleurs, des sources diplomatiques soudanaises et régionales ont expliqué à "CNN" que le groupe mercenaire russe Wagner s'est impliqué dans le conflit en renflouant les stocks de missiles des FSR.
Le 8 mai dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu sa première réunion sur la crise au Soudan, les puissances internationales ayant en effet exprimé leur inquiétude.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a expliqué dans un communiqué : "Cette violence tragique au Soudan a déjà coûté la vie à des centaines de civils innocents. C'est inadmissible et cela doit cesser."
Le Soudan, célèbre pour ses mines d'or, est riche en ressources et occupe une position stratégique. Il semblerait que cela soit une autre des motivations de cette réunion, en dehors de la question civile.
Un accord de paix difficile a été conclu au Soudan du Sud, qui a obtenu son indépendance du reste du Soudan en 2011. Mais ce pays a connu une guerre civile entre 2013 et 2020. Les experts craignent donc que le conflit au Soudan ne s'étende à la république du Soudan du Sud.
Tounsel explique, dans "The Conversation" : "les enjeux des troubles actuels pourraient aller au-delà de l'avenir immédiat de Burhan, de Dagalo et même de la nation soudanaise. La stabilité de la région pourrait également être menacée."
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