Portrait des grands résistants français durant la seconde guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale regorge d'événements tragiques qui ont marqué les mémoires. La rafle du Vél' d'hiv est l'un des plus traumatiques, ayant conduit, grâce à la collaboration malheureuse de la police française, à l'arrestation et à la déportation dans des conditions abominables de 13 152 Juifs, dont 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes. Ceux-ci, envoyés à Drancy ou Auschwitz, n'en reviendront pas.
Si des événements comme celui-ci, sombre et terrifiant, ont montré que les Français n'étaient pas toujours du bon côté, d'autres ont prouvé que certaines personnes avaient tout fait pour lutter contre l'occupant, souvent au péril de leur vie : ce sont ces résistants qui, par leur engagement acharné et leur travail inestimable, ont aidé la France à sortir du nazisme et mené à la Libération.
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Il est le plus jeune sous-préfet de France, en 1925, puis le plus jeune préfet en 1937. Pendant l'occupation allemande, Jean Moulin refuse de prendre la fuite durant l’occupation allemande. Son premier acte de Résistance ? Se donner la mort plutôt que de signer un texte mensonger dénonçant les atrocités prétendument commises par des tirailleurs sénégalais. Il survit, mais garde une cicatrice à la gorge, signe distinctif qu'il dissimule sous une écharpe pour ne pas se faire reconnaître. Rétabli, il est révoqué de son poste par le gouvernement de Vichy.
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Après l’appel du 18 juin de Charles De Gaulle, il part pour Londres. Ce dernier le renvoie en France avec pour missions d'unifier les gouvernements de Résistance qui se sont formés un peu partout, et de créer une armée secrète. En octobre 1942, il crée l'armée secrète commandée par de Gaulle. Puis, les Mouvements unis de la Résistance (MUR) apparaissent.
Le 21 juin 1943, Jean Moulin organise une convocation des responsables de l'armée secrète près de Lyon. Mais la police allemande, commandée par Klaus Barbie, arrête Moulin. La Gestapo le torture pour obtenir des informations, mais il reste muet. Il est transféré une dernière fois en Allemagne, où il meurt à la suite de ses blessures le 8 juillet 1943. Les historiens s’interrogent sur le fait qu’il ait été trahi, mais ignorent toujours par qui. Ses cendres reposent aujourd’hui au Panthéon.
Originaire d’Ajaccio, membre du Parti communiste, fondatrice de l’Union des Jeunes Filles de France, Danielle Casanova est dentiste. Quand elle est déportée en 1942 au camp d’Auschwitz-Birkenau, elle continue à pratiquer son métier pour aider ses camarades et continuer ses activités de résistante au sein du camp. Le 9 mai 1943, à l’âge de 34 ans, elle meurt du typhus.
Reporter-photographe pour le magazine “Vu”. C’est pour ce dernier qu’elle est choisie pour mener une enquête en Allemagne sur la montée du national-socialisme, en 1933. Adolphe Hitler est au pouvoir depuis deux mois. C’est dans le cadre de cette enquête qu’elle prend des photos des camps d'Oranienburg et de Dachau. Ces dernières sont publiées à son retour en France. Ce métier est à l’époque réservé aux hommes. C’est ce qui lui vaudra le surnom de “la dame au Rolleiflex”. Agent de liaison de la Résistance, elle est déportée dans le convoi des 31.000, le 24 janvier 1943, vers Auschwitz, puis transférée à Ravensbrück. Rescapée des camps, elle témoigne au procès de Nuremberg.
Denise Vernay est la sœur de Simone Veil. Elle entre dans la Résistance lyonnaise à 19 ans. Elle est arrêtée alors qu’elle transporte des postes émetteurs et de l’argent. Après avoir été torturée par la Gestapo, puis déportée à Ravensbrück, puis à Mauthausen. Libérée en 1945, elle retrouve ses sœurs Simone et Madeleine et s'engage pour témoigner sur la Résistance et de la déportation.
Jean Zay est un républicain humaniste. Il se lance en politique aux côtés de la gauche radicale, après avoir été journaliste et avocat. À 27 ans, il est le plus jeune député de France. Il devient ministre de l’Éducation du Front populaire à 31 ans et démocratise l’enseignement et la culture. Il rend aussi la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans, instaure l’éducation physique à l’école, l’interdiction du port d’insignes politiques et religieux dans les établissements scolaires. Fondateur du Festival de Cannes, il est à l’origine du palais de la Découverte, du CNRS ou de l’ENA.
En 1939, il démissionne pour rejoindre son poste aux armées et s'embarque avec 26 autres parlementaires pour Casablanca à bord du "Massilia". Le 16 août 1940, il est arrêté et renvoyé en France. Condamné pour "désertion" à la déportation perpétuelle et à la dégradation militaire, il passe près de quatre ans en prison. Il est finalement sorti de sa cellule et sera abattu dans une carrière abandonnée. Un de ses assassins racontera plus tard qu’il est mort en criant "Vive la France".
Marie-Madeleine Fourcade devient résistante au contact de Georges Loustaunau-Lacau, illustre militaire. Elle est secrétaire de rédaction des publications nationalistes “La Spirale et l’Ordre national”. Mais, déçue par le Maréchal Pétain, elle fonde avec Georges Loustaunau-Lacaut le réseau Alliance qui fournit des renseignements aux Anglais, dont elle prend la direction après l’arrestation du militaire : elle est la seule femme à diriger un service si grand. Tous les membres de l’alliance ayant des noms d’animaux, le réseau sera surnommé “l’Arche de Noé” par les Allemands.
Pierre Brossolette choisit la mort, au lieu de livrer ses secrets sur la France libre. Après avoir travaillé au journal de Léon Blum, Populaire, Pierre Brossolette entre dans la clandestinité dès 1941. Le régime de Vichy lui interdit d’enseigner. Il rejoint Charles de Gaulle à Londres, mais s’oppose à Jean Moulin. Arrêté en Bretagne, il est torturé pendant deux jours au siège parisien de la Gestapo. Le 22 mars 1944, il se jette par la fenêtre, sans avoir rien dit aux Allemands.
Chanteuse, danseuse, actrice, meneuse de revue… et résistante ! Josephine Baker a en effet été espionne pour la Résistance française. Grâce à sa notoriété, elle se rapproche de hauts responsables pour leur soutirer des informations. Dans son château de Dordogne, elle héberge des résistants. Après la guerre, elle reçoit la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.
En 1943, Jean Gabin est expatrié aux États-Unis. L’acteur décide alors de s’engager pour la France. Il rejoint les Forces navales françaises libres. Canonnier à bord d’un escorteur, il survit à des attaques de sous-marins et d’avions allemands. Il sera ensuite chef de char dans la division blindée du général Leclerc.
Lucie Bernard, alors Professeur d’histoire à Strasbourg, épouse en 1939 Raymond Samuel, un jeune ingénieur. Résistants de la première heure, les époux participent à la fondation du mouvement Libération-Sud en 1941. Ils multiplient les activités clandestines sous différents pseudonymes, dont celui d’Aubrac, qui restera leur patronyme après la guerre.
Figure du socialisme, il est président du Conseil de juin 1936 à juin 1937 et de mars à avril 1938. Il devient ensuite président du Gouvernement provisoire de la République française de décembre 1946 à janvier 1947. Lors de son arrivée au pouvoir, l’extrême droite l'accuse de vouloir contrôler le pays, car il est Juif et lance une propagande antisémite à son encontre. Après avoir tenté de convaincre la cour suprême de justice que le Front populaire n'est pas responsable de la chute de la France, lors d’un procès, il est envoyé dans un camp de concentration nazi, à côté de Buchenwald. Après la guerre, il devient le chef de la délégation française et président de la conférence de l'UNESCO. Léon Blum meurt d'un infarctus le 30 mars 1950.
En 1940, Jacques Delmas rejoint le réseau Hector, réseau de renseignement. Le régime de Vichy mettait les usines à la disposition du Troisième Reich, donc le réseau Hector a pour mission de récupérer des informations sur l'industrie française, et les transmettre à Londres. En juin 1941, il intégra le gouvernement de Vichy comme haut-fonctionnaire : il obtient un poste au Ministère de la Production industrielle. C’est ainsi qu’il obtient ses informations. En 1942, il rejoint le mouvement de résistance de l'Organisation civile et militaire (OCM). En mai 1944, il est chargé de préparer l'action de certains mouvements de résistance après le Débarquement et, pendant la Libération, il rejoint Londres, afin d'en informer de Gaulle. Il revient en août, pour participer à la Libération de Paris. Il prend le pseudonyme de Chaban durant la guerre, nom qu’il garde après la guerre.
Général et homme politique français, au printemps 1940, Charles de Gaulle est colonel commandant et remporte quelques batailles contre l'offensive allemande. Le 6 juin 1940, Paul Reynaud, président du conseil, le nomme sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et il est promu général à titre temporaire. Après la formation du gouvernement Pétain le 16 juin 1940, et l'appel du maréchal Pétain le 17 pour arrêter les combats, de Gaulle quitte l’Angleterre.
Le 18 juin, il lance alors un appel à la Résistance, sur la BBC. Avec l’aide de Winston Churchill, il fonde le Comité de la France libre. En juillet 1940, environ 7 000 résistants l’ont rejoint. Il regroupe les différents mouvements français de Résistance intérieure. Grâce à l'aide de Jean Moulin, il crée le Conseil national de la Résistance (CNR), où sont représentés tous les mouvements de résistance intérieure.
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Mai 1943 : le Conseil national de la Résistance (CNR) le nomme en tant que chef politique. Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, et la victoire sur les troupes italo-allemandes, il forme à Alger, en juin 1943, le Comité Français de Libération nationale (CFLN). Le 3 juin 1944, ce comité devient le Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF). Après le débarquement allié en Normandie, il revient en France le 14 juin 1944. Il sera président de la République de 1959 à 1969.