Japon, Philippines, Australie… quels sont les alliés des États-Unis face à la Chine dans la zone Asie-Pacifique ?
Les États-Unis et les Philippines ont lancé l’opération Balikatan (un terme qui signifie « épaule contre épaule » en tagalog) le lundi 22 avril. Il s’agit d’un exercice naval conjoint annuel entre les deux États.
Dans un contexte de tensions croissantes entre l’archipel d’Asie-Pacifique et la Chine, plus de 16 000 soldats sont déployés au cours de cette manœuvre de grande envergure, indique ‘RFI’.
Pékin n’a pas manqué de critiquer l’organisation d’un exercice militaire en mer de Chine méridionale, sur une large partie de laquelle le régime chinois revendique sa souveraineté.
« Il faut que les Philippines réfléchissent à deux fois avant [d'être] le « jouet des États-Unis » aux dépens de leur propre sécurité », a menacé un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par ‘RFI’. Le ton est donné !
Fait inédit : l’opération Balikatan aura lieu en partie en dehors des eaux territoriales philippines. De quoi « exacerber les tensions et augmenter le risque d'erreur de jugement », selon le ministère chinois des Affaires étrangères.
Après une période difficile sous la présidence autoritaire de Rodrigo Duterte, l’arrivée au pouvoir de Ferdinand Marcos Jr. a permis un renforcement de l’alliance militaire entre Manille et Washington.
Constatant la multiplication des incidents liés à la marine chinoise, Joe Biden a averti que « toute attaque contre un avion, un navire ou les forces armées philippines en mer de Chine méridionale déclencherait la mise en œuvre du traité de défense mutuelle » entre les États-Unis et les Philippines, rappelle ‘RFI’.
Ces propos ont été tenus lors d’un sommet trilatéral entre les États-Unis, le Japon et les Philippines, organisé le 11 avril dernier à Camp David, la résidence du président des États-Unis.
La rencontre entre Joe Biden, Ferdinand Marcos Jr. et le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, visait à consolider la protection accordée par les États-Unis à leurs deux alliés de la région, face à la menace que représente l’expansionnisme chinois.
Un renforcement de la coopération militaire américano-japonaise a ainsi été décidé : des bases de réparation d'équipements américains vont être installées au Japon, tandis que les forces armées des deux pays vont approfondir leur coordination.
Avant de se rendre à Camp David, Fumio Kishida avait pris la parole devant le Congrès américain. S’il a affirmé comprendre « l'épuisement d'être le pays qui a défendu l'ordre international presque à lui seul », il a rappelé que, pour Tokyo, « le leadership des États-Unis est indispensable ».
Dans un communiqué commun cité par ‘La Tribune’, les dirigeants des trois pays ont fait part de leur « vive inquiétude » face au « comportement dangereux et agressif de la République populaire de Chine en mer de Chine méridionale ».
Le communiqué a par ailleurs dénoncé la « militarisation des territoires gagnés » par la Chine et « les revendications maritimes illégales » de ce pays dans la région.
Sans surprise, les autorités chinoises ont réagi à la tenue de ce sommet par l’intermédiaire de Mao Ning, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Cette diplomate a déclaré que les trois États qui ont participé au sommet « se sont immiscés de manière éhontée dans les affaires intérieures de la Chine, en violation grave des normes fondamentales qui régissent les relations internationales », indique ‘Slate’.
Le 7 avril 2024, soit quelques jours avant le sommet, les trois alliés s’étaient aussi livrés à des manœuvres communes avec la marine australienne en mer de Chine méridionale.
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À cette occasion, les quatre États ont revendiqué leur « engagement collectif à renforcer la coopération régionale et internationale en faveur d'un espace indo-pacifique libre et ouvert », souligne ‘Slate’.
En 2021, la sphère anglo-saxonne avait déjà créé l’Aukus (contraction de « Australia », « United Kingdom » et « United States ») afin de contrer la montée en puissance de la Chine dans la région. La participation du Japon à cette coalition est désormais envisagée.
Par ailleurs, le « Quad » (abréviation de « dialogue quadrilatéral pour la sécurité ») a été mis en place en 2004 autour des États-Unis, de l’Inde, de l’Australie et du Japon.
Fondé à la suite du tsunami qui avait frappé l’Indonésie, ce regroupement a pris un virage militaire depuis. Il vise également à faire contrepoids aux démonstrations de force chinoises dans la zone indo-pacifique.
Pourquoi une telle montée des tensions en Asie-Pacifique, et en particulier en mer de Chine méridionale ? Comme le rappelle ‘France Culture’, un quart du trafic maritime mondial transite par cette zone bordée par la Chine, le Vietnam, la Malaisie et les Philippines.
Or, la Chine considère que cette mer lui appartient pour des raisons historiques. Saisie par les Philippines sur ce point, la cour permanente d’arbitrage de La Haye a rejeté les revendications chinoises en 2016.
Cela n’empêche pas Pékin de bafouer ce jugement en harcelant les pêcheurs des pays voisins et en installant des bases militaires sur les nombreux îlots que compte la mer de Chine.
Comme l’analyse Paul Tourret, le directeur de l'ISEMAR (Institut Supérieur d'Économie Maritime), cité par ‘France Culture’, la mer de Chine du Sud « est stratégique pour tous les pays qui en revendiquent la souveraineté et personne n’a intérêt à ce que ça dégénère ».
Cependant, l’agressivité chinoise et l’hypothèse d’un désengagement américain en cas de retour de Donald Trump à la Maison-Blanche rendent la situation plus incertaine que jamais dans cette partie du monde.
L’éventualité d’une invasion de Taïwan par la Chine dans les années à venir pourrait également embraser la région. Plus que jamais, la situation est tendue dans la zone Asie-Pacifique.