« Je songe à quitter tous les jours » : Trudeau va-t-il démissionner de son poste de premier ministre du Canada ?
Justin Trudeau est au pouvoir depuis une bonne dizaine d'années, mais sa popularité dans le pays s'est fortement dégradée ces derniers temps. Les problèmes croissants du Canada n'ont pas rendu la vie du premier ministre facile ces derniers temps.
Par exemple, en novembre 2023, sept Canadiens sur dix ont déclaré aux sondeurs d'Ipsos qu'il était temps pour Trudeau de se retirer de la tête du Parti libéral, une décision qui le priverait également de son poste de premier ministre du pays.
"Je n'ai jamais vu un chiffre aussi élevé pour un premier ministre, probablement depuis Brian Mulroney en 1991, 1992. Et c'est ce que cela me rappelle vraiment", a déclaré Darrell Bricker, PDG d'Ipsos, selon Global News.
Brian Mulroney a occupé le poste de premier ministre de 1984 à 1993 : cependant, empêtré dans des mesures impopulaires et des difficultés économiques majeures, il finit par se retirer du pouvoir. Il était alors devenu le Premier ministre le plus impopulaire de l'histoire, selon le Washington Post.
"On attribue à ses décisions, notamment l'accord de libre-échange de 1989 avec les États-Unis, la responsabilité de la mauvaise santé de l'économie canadienne et des taux de chômage à deux chiffres", écrivait Charles Truheart, journaliste au Post, en février 1993.
Photo : David Valdez, U.S. National Archives et Records Administration, Domaine Public
Un sondage Gallup réalisé au cours de la période couverte par le rapport de Truheart a montré que 49 % des Canadiens prévoyaient de soutenir le parti libéral à l'époque, tandis que seulement 16 % du pays ont déclaré qu'ils voteraient pour le parti de Mulroney.
La situation de Mulroney en 1993 est étrangement similaire à celle de Trudeau en 2024, alors que le soutien à son parti diminue. Un sondage de Nanos Research publié le 7 mars a montré que les libéraux avaient un déficit de vote de 20 points.
CTV News a couvert le sondage de Nanos Research et a noté que si l'élection avait lieu aujourd'hui, les libéraux de Trudeau n'obtiendraient que 23,3 % des voix, tandis que le Parti conservateur de Pierre Poilievre obtiendrait 42,8 % des voix.
En outre, un sondage réalisé le 10 mars par Abacus Data a révélé que 58 % des Canadiens désapprouvent le travail accompli par Trudeau et son gouvernement, tandis que 26 % seulement le soutiennent. Il s'agit là d'un problème majeur pour le premier ministre.
Trudeau semble destiné à suivre une voie similaire à celle de Mulroney, mais le Premier ministre ne prévoit pas d'abandonner le pouvoir de sitôt, si l'on en croit une récente interview qu'il a accordée à ICI Première et au cours de laquelle il a déclaré qu'il avait souvent songé à démissionner.
"Je ne pourrais pas être l'homme que je suis et abandonner le combat à ce moment-ci", a expliqué Justin Trudeau à Alec Castonguay sur Radio Canada. Reuters a rapporté qu'il avait même ri lorsqu'on lui a demandé s'il comptait démissionner.
"Mais je songe à quitter à tous les jours!", a précisé Trudeau à Alec Castonguay. Il poursuit ensuite : "C’est un job de fou que je suis en train de faire. Les sacrifices au niveau personnel… Si je ne doutais pas quasiment tous les jours de ce que je fais, je ne serais pas humain", a poursuivi le Premier ministre.
Trudeau a ajouté que la voie empruntée par son gouvernement était très précaire et a souligné que les démocraties étaient attaquées dans le monde entier, précisant que la raison pour laquelle il s'était engagé en politique était justement de lutter contre ce nouveau problème.
Selon le National Post, les problèmes liés au coût de la vie et au logement ont nui aux libéraux dans les sondages et ont permis au Parti conservateur de conserver son avance sur ses rivaux dans les sondages.
Trudeau fait également l'objet de pressions de la part de sept présidents de provinces et de conservateurs pour qu'il suspende l'augmentation prévue de la taxe sur le carbone, qui devrait passer à 15 dollars par tonne à partir du 1er avril.
Le premier ministre a déclaré à ICI Première qu'il avait l'intention d'aller de l'avant avec l'augmentation prévue des taxes, une décision qui ne fera probablement que dégrader davantage sa popularité. "C'est très facile en politique de nos jours d'attaquer une taxe, d'attaquer des mesures concrètes et de proposer de ne rien faire", a déclaré Trudeau.