Jean-Luc Mélenchon, dernière tentative présidentielle d’un tribun
Après ses tentatives de 2012 et 2017, Jean-Luc Mélenchon est candidat pour la troisième fois à l’élection présidentielle. Connu pour ses coups de gueule et son positionnement radical, ce tribun ne laisse indifférent ni ses partisans ni ses adversaires. Retour en images sur la vie, les idées et le parcours politique de l’ancien du Parti socialiste.
Jean-Luc Mélenchon est né en 1951 dans la ville de Tanger, au Maroc. Ses deux parents sont « pieds-noirs » (Français installés en Algérie). Son grand-père paternel était espagnol et il a également des origines siciliennes par sa mère.
Rentré en France avec sa famille, le jeune Jean-Luc participe au mouvement de protestation dans son lycée en mai 68. Il adhère ensuite à l’UNEF, syndicat étudiant, et à l’OCI (Organisation communiste internationaliste), un mouvement trotskiste dont il dirige la section de Besançon. Dans les années 1970, il participe à de nombreuses grèves dans sa région du Jura.
En 1976, Mélenchon rejoint le Parti socialiste de François Mitterrand et s’installe dans l’Essonne, dans la banlieue sud de Paris. Il devient l’un des principaux soutiens du futur président dans le département. Sur cette photo, on le voit avec le premier secrétaire du parti, Pierre Mauroy.
Jean-Luc Mélenchon est élu sénateur de l’Essonne en 1986. Il occupera cette fonction jusqu’en 2000, puis à nouveau de 2004 à 2010.
Il s’oppose à l’intervention française dans la première Guerre du Golfe. Depuis cette époque, Mélenchon a toujours maintenu des positions pacifistes, préférant le désarmement et les solutions diplomatiques à l’usage de la force.
En 1992, Jean-Luc Mélenchon soutient le traité de Maastricht à l’origine de la monnaie unique européenne. Il regrettera plus tard ce choix, et notamment l’absence de mesures sociales pour accompagner la mise en place du marché unique.
Cinq ans plus tard, le sénateur affronte François Hollande pour le poste de premier secrétaire du PS. C’est un échec cuisant : Mélenchon obtient moins de 9% des voix alors qu’il est le seul concurrent face à Hollande. Le début d’une très longue inimitié entre les deux hommes.
En 2000, le Premier ministre Lionel Jospin le nomme ministre délégué à l’Enseignement professionnel. Son passage de deux ans au ministère est marqué par une réforme des certificats d’aptitude professionnelle (CAP).
Après la défaite de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002, Mélenchon rejoint l’aile gauche du parti. En 2005, malgré le vote du PS en faveur du projet de constitution européenne, il prend position pour le « non » au référendum et fait campagne avec l’extrême-gauche. La rupture avec ses camarades se rapproche.
Jugeant trop modéré le positionnement de son parti, Jean-Luc Mélenchon quitte le PS en 2008 et fonde un nouveau mouvement, le Parti de gauche. L’objectif de cette formation est de réconcilier l’idéal socialiste avec la préservation de l’environnement. Dès l’année suivante, le Parti de gauche s’allie aux communistes pour former le Front de gauche.
Jean-Luc Mélenchon a le vent en poupe dans le milieu de la gauche radicale. En 2011, peu de temps après la crise financière, il publie le manifeste « Qu’ils s’en aillent tous ! », un réquisitoire contre les élites politiques et économiques aux allures de programme présidentiel.
L’année suivante, le leader politique se présente pour la première fois dans la course à l’Élysée. Il réunit plus de 11% des voix (environ 4 millions d’électeurs) et appelle à voter pour François Hollande afin de battre Nicolas Sarkozy au second tour.
Aux élections législatives qui ont lieu quelques semaines plus tard, un duel très médiatisé oppose Mélenchon à Marine Le Pen dans une circonscription du Nord. La nouvelle patronne du Front national réalise un score beaucoup plus élevé que lui, mais échoue finalement au second tour.
Adversaire du système présidentiel de la Ve République, Jean-Luc Mélenchon plaide pour la mise en place d’une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution pour une VIe République. Il s’oppose à François Hollande tout au long de son mandat.
À la tête de son mouvement rebaptisé la France insoumise, Mélenchon se lance une seconde fois à l’assaut de l’Élysée en 2017. Il réussit à mobiliser au-delà de son électorat et apparaît simultanément dans plusieurs villes en meeting grâce à un hologramme. Le candidat améliore nettement son score de 2012 (19,5% des voix) mais finit quand même à la quatrième place. L’apogée ou le début du déclin ?
Jean-Luc Mélenchon est élu député à Marseille la même année et son parti obtient assez de sièges pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Mais la France insoumise va connaître un relatif déclin électoral sous le mandat d’Emmanuel Macron.
En 2018, l’homme politique s’emporte violemment contre les officiers chargés de perquisitionner son domicile, auxquels il lance le désormais célèbre : « La République, c’est moi ! » Il apparaît de plus en plus comme une personnalité colérique aux yeux de l’opinion.
Républicain et longtemps défenseur d’une laïcité intransigeante, Mélenchon a été critiqué du fait de la proximité supposée de son parti avec certains milieux islamistes. Sa participation à la « marche contre l’islamophobie » de 2019 a aussi suscité la controverse.
Quoi qu’il en soit, Jean-Luc Mélenchon mène sa troisième campagne consécutive sans se soucier des polémiques à son sujet et défend les causes qui lui sont chères : VIe République, justice sociale, protection de l’environnement, paix dans le monde. Après des débuts poussifs, il s’est stabilisé à plus de 10% des intentions de vote et il apparaît comme le candidat du vote utile à gauche. Va-t-il créer la surprise le soir du premier tour ?