Justin Trudeau serait-il une une plus grande menace pour l'OTAN que Donald Trump ?
Le 9 juillet 2024, les dirigeants de l'OTAN se sont réunis aux États-Unis pour célébrer le 75ᵉ anniversaire de l'alliance défensive lors du sommet de Washington. Si certains ont salué l'évènement, d'autres en revanche se sont montrés très inquiets.
Les prochaines élections présidentielles américaines, qui se tiendront le 5 novembre prochain, ont mis l'OTAN et ses États membres dans une position très délicate et de nombreux dirigeants semblent inquiets. En cas de victoire de Donald Trump, l'alliance pourrait s'en trouver changée à jamais.
Que va-t-il se passer en cas de réélection de Donald Trump ? Camille Grand, l'ancien Secrétaire général adjoint de l'OTAN, a fait part de ses inquiétudes.
Camille Grand a d'ailleurs déclaré qu'il se montrait "beaucoup plus pessimiste" que ses collègues si Donald Trump était réélu.
"L'ancien président des États-Unis n'a pas les mêmes garde-fous. De plus, il est entouré d'une équipe qui tente de transformer son instinct en politique", a expliqué Camille Grand, aujourd’hui chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR). Cependant, Donald Trump est-il réellement la plus grande menace pour l'OTAN ?
Dans un article publié par Newsweek, Mike Turner, membre du Congrès de l'Ohio et président de la commission sénatoriale du renseignement, a affirmé que Justin Trudeau constituait une plus grande menace pour l'OTAN.
Mike Turner a expliqué son raisonnement dans un court article qui blâmait Justin Trudeau pour l'approche terne que le Premier ministre du Canada avait adopté à l'égard des défenses nationales et de son engagement envers ses alliés européens de l'autre côté de l'océan Atlantique.
Le premier point soulevé par Mike Turner est qu'en 2014, les dirigeants de l'OTAN ont convenu, lors du sommet du Pays de Galles, de consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense nationale, ce que le Canada n'a pas réussi à faire au cours de la dernière décennie.
"En tant que membre fondateur de l'OTAN en 1949, le Canada devrait montrer l'exemple aux nouveaux alliés. Or, le Canada se situe au 27ᵉ rang (sur 32 États Membres) pour ce qui est des dépenses en matière de défense", a expliqué Mike Turner.
"En réalité, le nombre de membres de l'OTAN a doublé depuis 1999 et il faut savoir que la Finlande (2023) et la Suède (2024), deux nouveaux pays à rejoindre l'Alliance, atteignent ou dépassent actuellement les 2 % de dépenses nationales pour la défense", a ajouté Mike Turner.
Mike Turner a fait remarquer qu'à l'heure actuelle, le Canada ne consacre que 1,34 % de son PIB à sa défense nationale et qu'il n'envisage pas de respecter l'engagement qu'il a pris envers ses alliés de l'OTAN.
En avril 2024, Justin Trudeau a révélé sa dernière politique de défense et a souligné qu'Ottawa avait l'intention d'augmenter ses dépenses en matière de défense nationale. Cependant, la hausse n'atteindra pas 2 % de sitôt, mais le Canada prévoit plutôt une progression jusqu'à 1,76 % d'ici à 2029-2030.
Alors que le gouvernement de Justin Trudeau dépensera 1,76 % de son PIB pour la défense nationale d'ici à 2030, Mike Turner a souligné que le directeur parlementaire du budget du Canada a prédit que le chiffre réel n'arrivera qu'environ 1,42 % du PIB du pays, tandis qu'en 2024, 23 États membres auront atteint leur objectif.
La question de savoir si l'incapacité de Justin Trudeau et de son gouvernement à investir dans la défense nationale du pays fait du Premier ministre une menace pour l'OTAN plus importante que celle de Donald Trump n'est pas tranchée, mais c'est un argument de taille que Mike Turner estimait suffisamment fort pour l'exprimer publiquement.
"Alors que Donald Trump a renforcé l'OTAN et approfondi l'engagement des États-Unis envers l'Alliance, Justin Trudeau l'a diminuée en refusant de la financer à hauteur de 2 % et avec son manque général de participation", a fait valoir Mike Turner.
"Si tous les pays adoptaient l'approche de Justin Trudeau, l'Alliance n'existerait pas", a ajouté Mike Turner. "La menace qui pèse sur la stabilité et la sécurité de l'OTAN n'est pas le résultat du 5 novembre prochain, mais sur ce qui se passe à Ottawa aujourd'hui".