La Chine ne peut pas se permettre un conflit de grande ampleur au Moyen-Orient
Alors que le monde se prépare à l'éventualité d'une extension du conflit au Moyen-Orient, la diplomatie chinoise a sa propre approche du problème. Pékin a appelé à l'apaisement, y compris dans son propre intérêt.
Quelques jours après les attaques du Hamas en Israël, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a appelé les deux parties prenantes du conflit à "rester calmes" et à "cesser immédiatement les hostilités".
Ce porte-parole a indiqué que Pékin souhaite "protéger les civils et éviter une nouvelle dégradation de la situation". Une position qui est restée constante.
Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, a réitéré les appels au calme de Pékin le 24 octobre dernier, selon 'Time Magazine', qui a noté que cet appel avait été relayé lors d'un entretien téléphonique avec son homologue israélien, Eli Cohen.
"Chaque pays a le droit de se défendre, mais il doit aussi respecter le droit humanitaire international et protéger les civils.", a déclaré Wang, selon un communiqué de son ministère.
"Il est essentiel d'éviter une escalade du conflit qui pourrait mener à une situation humanitaire bien plus grave", a ajouté Wang. Si la volonté d'apaisement est noble, elle est aussi probablement motivée par des intérêts économiques.
Une guerre de plus grande ampleur au Moyen-Orient serait une menace pour les intérêts économiques et énergétiques chinois dans la région, dans un contexte où le pays affronte déjà la situation économique la plus grave depuis plusieurs décennies.
La raison pour laquelle la Chine a intérêt à maintenir la paix au Moyen-Orient est la même que pour tous les autres États du monde : le pétrole.
La Chine est le premier acheteur de pétrole saoudien au monde, selon Andon Pavlov, analyste pour les produits pétroliers auprès de la société de négoce international Kpler, basée à Vienne. Pavlov a indiqué au 'New York Times' que plus d'un tiers du pétrole consommé par la Chine provient de la région du Golfe.
Pékin achète aussi de plus en plus de pétrole à l'Iran : ses importations depuis ce pays ont triplé ces deux dernières années. Une statistique frappante : en septembre 2023, 87 % du pétrole produit en Iran a été acheté par la Chine.
Avec une telle dépendance vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient, la Chine a accru son exposition aux conflits dans la région, selon Philip Andrews-Speed, de la National University of Singapore.
Le Moyen-Orient est aussi une pierre angulaire de l'initiative chinoise des Routes de la Soie. Les investissements de la Chine dans cette région ont plus que quadruplé entre 2020 et 2021, selon une étude de la Fudan University.
Un débordement dans d'autres pays de la région du conflit actuel entre le Hamas et Israël ne ferait pas que nuire aux investissements chinois au Moyen-Orient. Cela serait dommageable à toute l'économie du pays, selon certains observateurs.
"Une conflagration régionale serait synonyme d'une longue période d'instabilité qui rendrait impossible les affaires de la Chine dans la région", a indiqué sur 'CNN' Ahmed Aboudouh, chercheur associé au think-tank Chatham House, basé à Londres.
"Il est évident que la Chine ne veut pas d'une saignée de ses intérêts économiques," a ajouté Aboudouh. Cela explique sans doute les efforts diplomatiques de Pékin pour promouvoir la paix dans la région avant que la situation ne dérape.
Il reste à voir si la puissance diplomatique chinoise peut empêcher une escalade du conflit au Moyen-Orient. Mais tout effort visant à éviter une guerre régionale est bienvenu, car une guerre à grande échelle ne serait bonne pour personne.