La COP 27 : un bilan mitigé mais une avancée pour les pays les moins riches
La COP 27 vient de s'achever à Charm-el-Cheikh, en Égypte. Comme chaque année, les dirigeants politiques, entreprises et ONG du monde entier s'étaient réunis pour décider de mesures nécessaires à la protection du climat et de l’environnement. Quelles sont les avancées qui ont été décidées cette année ? La réponse en images.
On l’avait presque un peu oubliée tant l’actualité internationale est chargée, entre la guerre en Ukraine, la crise énergétique mondiale, l’inflation et les tensions dans la zone Asie-Pacifique. Mais la question environnementale reste tout en haut de l’agenda des gouvernants.
Conséquence du conflit russo-ukrainien, la conférence s’est tenue dans un contexte particulièrement tendu concernant les énergies, notamment en Europe. Alors que la transition énergétique vers moins d’énergies fossiles est censée être un pilier de la décarbonation des économies, de nombreux États concentrent leur attention sur leur approvisionnement pour l’hiver prochain.
Pour pallier à la chute des importations en provenance de Russie, certains États comme l’Allemagne ont relancé la production d’énergies fossiles, dont le très polluant charbon. La plupart des pays européens ont également conclu des contrats avec d’autres fournisseurs de pétrole et de gaz.
L’environnement était-il donc placé au second plan cette année ? Rien n’est moins sûr, car les questions du climat et de l’autonomie énergétique sont liées. Et parce que l’actualité de cet été est venue rappeler l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique.
L’été 2022 a été marqué par un nombre anormalement élevé de feux de forêt en Europe, et par des températures extrêmes et des inondations un peu partout dans le monde.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait donné le ton en ouverture de la COP 27 : « L'humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s'agit soit d'un pacte de solidarité climatique, soit d'un pacte de suicide collectif. » Un appel vibrant adressé aux dirigeants politiques et économiques pour qu’ils maintiennent leur ambition pour le climat.
Pour cela, de nombreuses voix appellent à maintenir l’objectif d’une hausse limitée à 1,5 degrés des températures globales d’ici à la fin du siècle. Une cible revendiquée par les ONG, mais que tous les États n’ont pas encore inscrite dans leur législation.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a évoqué durant la COP les actions entreprises par son pays. Après avoir rappelé que la « sécurité humaine » et la « vie même de la planète » étaient en jeu, il a souligné que le Congrès américain avait voté cet été la loi pour le climat la plus importante de l’histoire du pays, qui a débloqué pas moins de 370 milliards de dollars en faveur de l’environnement.
Biden a aussi annoncé un doublement des financements dédiés à l’adaptation de l’Afrique au changement climatique, notamment « pour les systèmes d’alerte précoce en Afrique, pour le renforcement de la sécurité alimentaire et le soutien d’un nouveau centre de formation en Égypte pour la transition vers les énergies renouvelables à travers le continent ».
Le président français Emmanuel Macron a de son côté accentué la pression sur les États-Unis et la Chine, les deux plus gros émetteurs mondiaux de CO2, pour qu’ils prennent leur part au financement de la transition et de l’adaptation des pays les plus vulnérables. L’appel a-t-il été entendu ?
Emmanuel Macron a également soutenu un renforcement de la protection des océans et de la biodiversité. Il s’est prononcé contre « toute exploration des fonds marins », notamment dans le cadre de projets miniers, et a annoncé qu’il défendrait cette position au One Ocean Summit.
Ce sommet fait partie d’un ensemble de conférences liées à l’environnement organisées par la France, comme le One Planet Summit et le One Forest Summit qui se tiendra à Libreville l’année prochaine.
La question des transferts financiers vers les pays moins riches qui subissent le plus le changement climatique a été au cœur des débats cette année. Les États émergents souhaitent que les pays développés augmentent leur aide, rappelant que l’engagement d’une enveloppe de 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pris au sommet de Copenhague en 2009 n’a pas été tenu.
Les petits pays insulaires, particulièrement vulnérables aux évolutions du climat, ont défendu l’idée d’une taxe sur les profits des sociétés d’hydrocarbures : « Au premier semestre de cette année, six entreprises des énergies fossiles ont gagné plus d'argent que nécessaire pour couvrir les coûts des dégâts climatiques majeurs dans les pays en développement, avec près de 70 milliards de dollars de bénéfices », a déclaré Gaston Browne, le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda.
Cette question rejoint celle du caractère « juste » de la transition écologique, qui doit aussi tenir compte de l’impact social des décisions prises en matière énergétique, et de l’exposition des différentes populations mondiales aux chocs climatiques.
Une autre question liée à l’équilibre entre pays est celle de la mesure de l’empreinte carbone. L’Union européenne a réduit de 31% ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, mais cette diminution doit beaucoup à la délocalisation d’activités polluantes vers d’autres continents : la baisse réelle ne serait donc que de 10% selon Marie Toussaint, une eurodéputée écologiste citée par ‘Ouest France’.
La COP 27 vient finalement de s'achever avec un jour de retard par rapport au calendrier initial. Après d'intenses négociations, une déclaration finale a été adoptée appelant à une réduction rapides des émissions mondiales de CO2. Comme l'a indiqué le président de la conférence Sameh Choukri, cité par 'Le Temps' : «Ça n’a pas été facile» mais «nous avons finalement rempli notre mission».
La principale avancée de cette année concerne le sujet en tête de l'agenda : la compensation des dégâts climatiques pour les pays les moins riches et les plus vulnérables. Un fonds spécifique a été créé pour assurer les transferts financiers nécessaires.
En revanche, aucune décision majeure n'a été prise concernant les émissions de gaz à effet de serre : l'appel à une réduction "rapide" des émissions ne marque aucune avancée par rapport à la COP 26 qui avait eu lieu l'an dernier à Glasgow. Un statu quo dénoncé par de nombreux observateurs.
"Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions.", a déclaré le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans. Espérons que le prochain sommet qui aura lieu en 2023 à Dubaï permettra de mettre en place des objectifs plus ambitieux pour le climat.