La "maladie du cerf zombie", une maladie à prions, inquiète grandement les autorités américaines
Une découverte a donné l'alerte aux chercheurs de tout le pays : le cadavre d'un cerf mulet ayant succombé à une maladie très inquiétante et mortelle a été découvert en octobre dans le parc national de Yellowstone.
Comme c'était la première fois que l'on découvrait un animal atteint de cette maladie dans le parc, cela a inquiété les scientifiques. Le cerf était atteint de la maladie débilitante chronique. Lisez la suite pour savoir pourquoi cette affection est si inquiétante.
Selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies, cette affection tue lentement ses victimes qui présentent plusieurs symptômes. En fait, la maladie débilitante chronique est un type de maladie à prions qui affecte les grands mammifères tels que les wapitis, les rennes et les élans, et bien entendu les cerfs.
Photo : Dana Critchlow / Unsplash
L'animal peut présenter des symptômes neurologiques, de l'apathie et des trébuchements, ainsi qu'une perte de poids ou un amaigrissement spectaculaire et révélateur. Mais il peut s'écouler plus d'un an avant qu'un animal infecté ne commence à manifester des signes de la maladie.
De nombreux scientifiques s'inquiètent des conséquences potentielles de la maladie débilitante chronique chez les cervidés aux États-Unis, car les maladies à prions telles que la MDC comptent parmi les pathologies neurodégénératives les plus dangereuses pouvant affecter les humains et les animaux.
Photo : Wiki Commons / Tulemo - Travail personnel, CC BY-SA 4.0
Todd Wilkison, du journal d’information britannique "The Guardians" a expliqué : "les prions provoquent des changements dans le cerveau et le système nerveux des hôtes, laissant les animaux baveux, léthargiques, émaciés, trébuchants et avec un 'regard vide' révélateur qui a conduit certains à l'appeler la 'maladie du cerf zombie'".
Par ailleurs, les autorités américaines s'inquiètent de l'endroit où le dernier cas a été découvert car, d'après Wilkison, la maladie débilitante chronique peut être mortelle et il n'existe actuellement aucun vaccin.
Selon le magazine spécialisé dans l'histoire naturelle et l'écologie "Smithsonian Magazine", Tony Mong, biologiste spécialiste de la faune, a déclaré que le cerf retrouvé mort "était extrêmement émacié, très, très maigre. Il est assez évident qu'il a succombé à la maladie débilitante chronique".
Selon le Dr Thomas Roffe, chef de la santé animale pour le Fish and Wildlife Service (Service de la pêche et de la faune sauvage), le parc national de Yellowstone est un immense écosystème qui abrite un grand nombre d'animaux de grande taille susceptibles d'être affectés par l'arrivée de la MDC dans cette zone de nature sauvage à vocation récréative.
Wilkison préconise l'élaboration d'un plan rigoureux visant à prendre des mesures énergiques contre la propagation de cette terrible maladie. Il a également rappelé que le Dr. Roffe avait prévenu depuis plusieurs dizaines d'années que la maladie débilitante chronique ferait son chemin jusqu'au parc national de Yellowstone.
Photo : Flickr @usfwsmtnprairie
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Le Dr Roffe a expliqué que ce premier cas de la maladie à Yellowstone "attire l'attention du public sur la MDC d'une manière sans précédent - et c'est, ironiquement, une bonne chose". Pourtant, ses premiers avertissements n'ont pas été pris en compte par le gouvernement.
Photo : Wiki Commons / Neko2314 - Travail personnel, CC BY-SA 4.0
En dépit du fait que la MDC peut affecter l'homme, peu de mesures sont prises actuellement pour enrayer la propagation de la maladie aux États-Unis. Le Dr Roffe a par ailleurs ajouté que "c'est une maladie qui a d'énormes implications écologiques".
Photo : Flickr @usfwsmtnprairie
"The Guardian" rapporte que le directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses de l'Université du Minnesota, le Dr Michael Osterholm, qui a étudié l'épidémie de vache folle au Royaume-Uni, a décrit cette maladie débilitante chronique comme une "catastrophe à évolution lente". Des propos inquiétants de la part d'un spécialiste en la matière.
Il semblerait qu'entre 7 000 et 15 000 animaux infectés par la maladie débilitante chronique avaient été mangés par des humains en 2017, d'après l'Alliance for Public Wildlife (Alliance pour la vie sauvage publique). De plus, ce chiffre est susceptible d'augmenter chaque année.
Photo : Wiki Commons / Photo de l'USDA par Scott Bauer
Le rapport de l'Alliance for Public Wildlife Health (Alliance pour la santé publique de la faune sauvage) explique que "dans de nombreuses juridictions, le manque de sensibilisation et de disponibilité de tests gratuits, rapides et pratiques sur les cerfs abattus a conduit à des niveaux significatifs quant à l'exposition de l'homme".
Photo : Matthew Maaskant / Unsplash
Bien que des recherches de l'université de Calgary, publiées en 2022, suggèrent que la maladie pourrait être plus transmissible à l'homme qu'on ne le pensait auparavant, il n'y a jamais eu de cas de transmission de la maladie débilitante chronique aux humains jusqu'à présent.
Photo : Rhett Noonan / Unsplash
Les prions sont également connus pour leur grande persistance. Certains sols augmentant leur infectiosité jusqu'à 680 %, on entrevoit les grandes lignes de la menace que représente la MDC, d'autant plus inquiétante qu'elle peut rester infectieuse de manière durable dans un tel environnement.
Photo : Mitchell Leach / Unsplash
Comme le précise le rapport, "les prions sont extrêmement résistants aux désinfectants, à l'alcool, au formaldéhyde, aux détergents, aux enzymes protéiques, à la dessiccation, aux radiations, à la congélation et à l'incinération à plus de 593 °C". Cependant, des solutions sont envisageables.
Le fait de ne plus nourrir les grands animaux dans certains États pourrait contribuer à réduire la propagation de la MDC. En effet, le Dr Roffe a déclaré au "Guardian" que la MDC est une maladie "dépendante de la densité", qui nécessite un grand nombre d'animaux pour se propager.
Photo : Caleb Jack / Unsplash
Le Dr Roffe a ajouté que "les données scientifiques sur les mesures à prendre pour ralentir la propagation de la MDC sont claires et connues depuis longtemps. On ne nourrit pas les animaux sauvages face à une pandémie croissante de la maladie."
Photo : Byron Johnson / Unsplash
Le Dr Roffe a poursuivi en ces termes : "nous n'en sommes encore qu'au début d'une maladie effrayante, et nous ne savons pas où elle va nous mener. Les enjeux sont considérables pour l'écosystème de Yellowstone et pour tous les Américains qui apprécient la présence d'une faune et d'une flore sauvages en bonne santé".
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