L'ancien chef d'état-major de la défense du Canada estime que l'armée du pays s'affaiblit

Rick Hillier, général des Forces canadiennes à la retraite, estime que l'armée canadienne est en train de perdre sa place sur la scène internationale et que le gouvernement en est responsable. Au fil des ans, les problèmes liés aux forces armées du pays n'ont cessé de s'aggraver, même si le Canada n'est pas considéré comme une grande puissance militaire.

En effet, l'ancien chef d'état-major de la défense du Canada, Rick Hillier, a expliqué que le pays était confronté à un problème de désintérêt envers ce qui touche au militaire, lors d'une interview menée par Mercedes Stephenson, journaliste et analyste militaire canadienne, actuellement animatrice de l'émission de télévision "The West Block".

L'attitude du général Hillier a été peu optimiste lorsqu'on lui a demandé de décrire ce qu'il considérait comme les plus grands risques et défis pour le Canada dans le cadre de la troisième année de la guerre en Ukraine, de la guerre au Moyen-Orient et de la menace posée par des pays tels que la Russie, l'Iran et la Corée du Nord.

Selon un rapport de la chaîne de télévision canadienne de nouvelles en continu "Global News", le général Hillier a parlé du "manque d'importance" accordé au Canada, du fait que "personne ne prenne la peine de nous téléphoner s'il est question de faire quelque chose en tant que membre du groupe 'Three Eyes' ou du 'Groupe des Cinq', ou des choses de cette nature". Pour mémoire, le "Groupe des cinq" désigne l'alliance des services de renseignement de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis. Et dans ce contexte, "Three Eyes" fait référence à un partenariat stratégique de défense entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis (AUKUS) qui a été mis en place en 2021, selon le quotidien canadien "The Globe and Mail".

Le général à la retraite a poursuivi : "toutes les choses que vous avez décrites sont des menaces géopolitiques et stratégiques très réelles et elles peuvent déstabiliser le monde encore plus qu'il ne l'est aujourd'hui. Et lorsque le monde est déstabilisé, c'est mauvais pour le Canada".

Dans un contexte géopolitique de plus en plus dangereux, le gouvernement canadien est confronté à des enjeux militaires modernes. C'est pourquoi les commentaires de Rick Hillier qui, rappelons-le, est un général à la retraite, interviennent à un moment où le Canada doit décider de la voie à suivre.

Photo : WayeMason, CC BY-SA 4.0

De plus, le Canada ne respecte pas ses engagements en matière de dépenses militaires vis-à-vis de l'OTAN. Les difficultés de financement actuelles des forces armées canadiennes sont le meilleur exemple de cette indifférence à leur égard.

Effectivement, le Canada n'atteint pas actuellement le seuil de dépenses volontaires, qui précise que les États membres doivent consacrer au moins 2 % de leur PIB aux dépenses de défense, afin de maintenir l'OTAN à un niveau de préparation élevé.

Ce dysfonctionnement n'a pas seulement affecté les relations du pays avec ses alliés, mais aussi l'état des capacités militaires du Canada. En effet, le Canada ne consacre que 1,38 % de son PIB à la défense, selon les derniers chiffres de l'OTAN.

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Rick Hillier a précisé : "la façon dont nous progressons actuellement, notre manque de pertinence sur la scène internationale, est à mon avis la plus grande menace qui pèse sur le Canada et je pense que nous pouvons y remédier de diverses manières, mais il faut que les dirigeants se concentrent sur cette question et s'y attellent".

La plupart des problèmes des forces armées canadiennes sont dus au fait que le gouvernement ne se soucie pas de l'armée du pays. À l'appui de cette affirmation, en avril 2023, soixante et un professionnels de la sécurité à la retraite ont écrit une lettre dans laquelle ils décrivent les nombreux problèmes auxquels sont confrontées les forces armées canadiennes et pointent du doigt le gouvernement.

Ensuite, avant de souligner quelques problèmes majeurs auxquels sont confrontées les forces armées, ils ont souligné que "des années de restrictions, de coupes budgétaires, de réductions d'effectifs et d'investissements différés ont entraîné une atrophie des capacités de défense du Canada".

Les experts ont également ajouté dans cette lettre ouverte : "nos capacités militaires sont dépassées et terriblement insuffisantes pour protéger notre surface continentale et nos frontières maritimes. Nous n'avons pas non plus contribué de manière significative au partage de la charge pour la défense et la sécurité collectives de nos alliés et de nos partenaires."

Photo : Kevinbercaw - Travail personnel, CC BY-SA 4.0

Lors de son entretien avec la journaliste et analyste militaire canadienne Mercedes Stephenson, le général Hillier est revenu plus en détail sur ces problèmes. D'après lui, aujourd'hui, les avions canadiens sont trop vieux pour pouvoir être utilisés au combat, l'équipement de l'armée canadienne est défaillant, ses navires sont limités en termes d'espace et de durée de navigation.

Photo : Spc. Jesse LaMorte, domaine public

Rick Hillier a par ailleurs déclaré : "je suis désolé pour les hommes et les femmes qui servent là-bas en ce moment. Je suis tellement reconnaissant que nous les ayons encore, et j'espère que des jours meilleurs se profilent à l'horizon. Je pense que c'est possible, mais pour l'instant, nous sommes dans un monde de douleur".

Jusqu'à présent, le gouvernement libéral de Justin Trudeau n'a pas fait grand-chose pour améliorer la situation. Et il n'est pas certain que des mesures gouvernementales soient prises à l'avenir pour résoudre les problèmes croissants auxquels sont confrontées les forces armées canadiennes.

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Un sondage a révélé que seuls 59 % des Canadiens croient encore que les forces armées canadiennes sont parmi les meilleures au monde, et que 75 % des personnes interrogées pensent que le pays devrait augmenter ses dépenses militaires. L'étude a été réalisée par la société mondiale d'études de marché Ipsos en août 2023.

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