L'arsenal nucléaire de la Russie est-t-il désormais supérieur à celui de ses adversaires ?
La puissance nucléaire de la Russie fait actuellement l'objet d'une grande attention. En effet, l'un des plus proches alliés politiques de Vladimir Poutine à Moscou a récemment déclaré que l'arsenal nucléaire russe était le meilleur au monde, à la suite du tir d'essai du missile Bulava. Ces propos doivent-ils nous inquiéter ?
Catherine Belton du journal américain "Washington Post" nous apprend que Nikolai Patrushev est un nom que presque personne ne connaît en dehors de Moscou. Pourtant, il est l'une des personnalités les plus puissantes de Russie et l'un des "rares conseillers proches" de Vladimir Poutine.
Ils ont servi ensemble au sein du KGB et la situation politique de Patrouchev s'est améliorée parallèlement à celle de Poutine après l'élection de ce dernier en Russie. Ils se connaissent donc depuis bien avant l'effondrement de l'Union soviétique.
Nick Mordowanec, du magazine d'information américain "Newsweek", a indiqué qu'il avait "soutenu sans relâche la guerre de la Russie en Ukraine depuis l'invasion de février 2022". Aujourd'hui, M. Patrushev est secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie.
C'est lors d'un événement public à Moscou que cet homme, très proche de Poutine et au fait de la question de la sécurité, s'est exprimé publiquement sur la supériorité des armes nucléaires russes.
Selon la chaîne publique russe "RT", Patrushev a déclaré durant l'exposition Znanie : "Pour la première fois dans l'histoire de l'existence des armes nucléaires, notre pays est en avance sur ses concurrents dans ce domaine [nucléaire]".
Patrushev a poursuivi en affirmant que le système d'armes nucléaires de la Russie "garantirait la sécurité de la Russie pendant de nombreuses décennies", après avoir ajouté que le pays disposait désormais "d'armes stratégiques uniques, y compris des armes hypersoniques".
La Federation of American Scientists (Fédération des scientifiques américains) a estimé que le Kremlin contrôle environ 5 889 ogives. À l'heure actuelle, il est toutefois impossible de prévoir exactement les mauvaises surprises que la Russie réserve à ses ennemis en matière de puissance nucléaire. Pour rappel, la Federation of American Scientists est une organisation non gouvernementale qui estiment que les scientifiques ont l'obligation morale de partager connaissances et savoirs pour peser sur les grandes décisions nationales.
À l'occasion de la commémoration de l'invasion, Poutine a promis d'"accorder une attention accrue au renforcement de la triade nucléaire", même si on ignore encore le nombre d'ogives dont sont équipés les nouveaux missiles hypersoniques du Kremlin.
Et Poutine a tenu sa promesse, puisqu'il a récemment autorisé l'essai d'un nouveau missile nucléaire puissant. D'autre part, l'agence de presse internationale "Reuters" a indiqué que la déclaration de Poutine faisait référence aux missiles nucléaires russes basés sur terre, en mer et dans les airs.
Rebecca Falconer du site d'information américain "Axios" a rapporté que la Russie a testé avec succès, le 5 novembre, le nouveau missile balistique intercontinental Bulava, lancé depuis le nouveau sous-marin stratégique du pays, l'Imperator Alexander III.
Photo : Wiki Commons By Mil.ru
C'est après que les législateurs russes se sont retirés du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, à un moment où les tensions entre Washington et Moscou s'étaient fortement accrues, que l'essai nucléaire a été effectué.
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a déclaré dans un communiqué : "Moscou poursuit ainsi ses efforts inquiétants et malavisés pour accroître les risques nucléaires et les tensions alors qu'elle poursuit sa guerre illégale contre l'Ukraine".
La décision de la Russie de retirer sa ratification du traité d'interdiction des essais nucléaires inquiète également le département, qui estime qu'elle "représente un pas important dans la mauvaise direction, qui nous éloigne de l'entrée en vigueur du traité, au lieu de nous en rapprocher".
Le magazine économique américain "Forbes" a souligné que Poutine a retiré la Russie du traité de contrôle des armes nucléaires New START et a dévoilé des plans de déploiement de missiles hypersoniques RS-28 Sarmat à longue portée. Telles sont les autres mesures ambitieuses prises par la Russie en 2023.
La déclaration de Nikolaï Patrushev pourrait relever de la pure fiction. Cependant, bien qu'une guerre nucléaire soit peu probable, la situation mondiale ne semble pas évoluer dans la bonne direction, et il pourrait avoir raison lorsqu'il affirme que l'arsenal nucléaire de la Russie est désormais supérieur à celui de ses adversaires.
La Russie a subi ses pires pertes en véhicules blindés depuis le début de la guerre