Le bien-être mental des élèves peut-il prévenir les fusillades dans les écoles américaines ?
À chaque nouvelle fusillade dans les écoles américaines, le débat se porte sur la question suivante : est-ce que les responsables de l'établissement scolaire auraient manqué des signes annonciateurs de la part de l'élève ? Les experts et leurs données affirment que les tireurs montrent presque toujours des indices quant à leurs intentions avant de faire feu.
Le Washington Post nous rapporte que le tireur du massacre de l'école primaire d'Uvalde était un jeune homme solitaire de 18 ans qui était victime de harcèlement scolaire, avait une vie de famille perturbée et suicidaire, selon les témoignages de personnes qui lui étaient proches.
Selon une base de données sur les tireurs de masse créée par des experts pour l'Institut national de la justice démontre que 45 % d'entre eux avaient été témoins ou avaient vécu un traumatisme dans leur enfance et 77 % avaient des problèmes de santé mentale. Cette base de données qui recense ces faits depuis 1966, démontre donc que tous les tireurs scolaires présentaient un grand nombre de facteurs à risque pouvant mener à la violence.
75 % des auteurs de tuerie de masse dans les écoles américaines s'intéressent aux fusillades, comme en témoignent leurs écrits, leurs publications sur les réseaux sociaux ou autres médias, selon cette même base de données.
En plus de voler des armes à feu à leurs parents ou proches, 87 % des auteurs de tueries de masse dans les écoles présentaient des signes de crise, comme en témoigne leur comportement avant la fusillade. 78 % ont révélé leurs plans à l'avance, souvent sur les réseaux sociaux.
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Selon l'administration du district, les menaces publiées sur les réseaux sociaux obligent presque tous les jours des directeurs à fermer leurs écoles ou des districts entiers, à imposer un confinement ou à évacuer les bâtiments le temps que la police enquête.
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La même analyse a révélé qu'environ 80 % des auteurs de tuerie de masse dans les écoles ont déjà songé à s'enlever la vie. Presque tous sont morts sur les lieux de la fusillade.
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Selon la base de données, 15 % ont été tués par la police, 30% ont été appréhendés et 52 % se sont donné la mort.
Selon ScienceDirect (site web permettant d'accéder à plus de 3 800 revues académiques), en suspendant, expulsant ou poursuivant pénalement les élèves qui font des menaces explicites de violence ne fait qu'accroître le risque de recours à la violence et aggraver les griefs à l'égard de l'école, dans le cas des élèves suicidaires.
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La réponse aux fusillades de masse proposée par le précédent président Donald Trump était hélas inefficace. Il voulait condamner les tireurs à la peine de mort, mais hélas, cela s'avère inutile contre des gens qui veulent mourir.
Des exercices d'évacuation seraient contre-productifs dans ce cas, selon les experts. Jillian Peterson et James Densley, professeurs de justice pénale, nous expliquent dans "The Conversation" que "Si le tireur est un élève de l'école, cela ne fait que montrer aux agresseurs potentiels la réponse prévue par l'école, ce qui peut être utilisé pour augmenter le nombre de victimes". The Conversation est un média indépendant en ligne et sans but lucratif, qui propose du contenu provenant de la communauté universitaire.
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Parce que les éducateurs observent quotidiennement le développement émotionnel et comportemental des élèves, ils sont les mieux placés pour détecter les comportements à risque et intervenir, explique Elizabeth Englander, professeure de psychologie, toujours dans The Conversation.
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Les évaluations sont brèves et ne prennent pas plus de quelques minutes à réaliser. Elles comprennent environ 20 questions et sont remises à chaque élève de classe élémentaire.
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On demande aux élèves de noter certaines choses, comme "je perds mon sang-froid" ou s'ils se sentent "adaptables au changement". Les questions sont volontairement vagues et visent à identifier les élèves susceptibles de présenter des comportements problématiques intériorisés, comme la dépression, ou extériorisés, comme l'agressivité envers les autres.
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Dans "The Conversation", Nathaniel von der Embse, créateur du "Social, Academic and Emotional Behavior Risk Screener" (Dépistage des risques liés au comportement social, scolaire et émotionnel), nous explique que les évaluations sont réalisées et utilisées pour déterminer quels élèves ont besoin d'une intervention en priorité.
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Un programme mis en place à Los Angeles, financé dans le cadre de la loi californienne sur les services de santé mentale, se distingue par son excellent partage d'informations entre les organismes et par le degré de suivi des élèves préoccupants qu'il permet, nous rapporte le "New York Times".
Des directeurs d'école, des conseillers, des agents de sécurité de l'école ou des parents inquiets au sujet d'élèves qui ont évoqué la mort, manifesté un comportement bizarre ou proféré des menaces directes.
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Ils se rendent à l'école, les évaluent sur place, puis se rendent au domicile de l'enfant, demandent à voir la chambre et procèdent à une évaluation sur la base des données collectées. Les experts impliqués dans ce programme ont déclaré que, dans plus d'un cas, l'approche avait permis d'éviter un accès de violence.
Selon l'American Counselling Association, en raison des coupes budgétaires, de nombreuses écoles n'ont pas ou peu de psychologues scolaires, de travailleurs sociaux ou de conseillers en adaptation formés dans leur personnel. L'American Counselling Association est une organisation de membres représentant des conseillers professionnels agréés (LPC), des étudiants en conseil et d'autres professionnels en conseil aux États-Unis.
Selon les experts, tout le personnel scolaire devrait être capable de reconnaître les signes d'un élève en crise. Ils doivent être formés à l'intervention de crise, à la désescalade et à la prévention de l'automutilation, et doivent savoir comment mettre les élèves en contact avec l'aide dont ils ont besoin.
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Selon Parenting Science, les enfants acquièrent des compétences sociales grâce à leurs interactions quotidiennes avec les autres. Le temps de jeu apprend aux jeunes à contrôler leurs émotions, à reconnaître les sentiments des autres et à négocier.
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Dans "Building Academic Success on Social and Emotional Learning" (Construire la réussite scolaire sur l'apprentissage social et émotionnel), l'auteur, Joseph E. Zins, déclare que les élèves dotés de compétences sociales plus efficaces peuvent établir de meilleurs liens avec les autres, et ainsi être en mesure de reconnaître les camarades en difficulté qui ont besoin d'aide.
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La recherche suggère qu'il est temps de passer de la protection à la prévention et de la sécurité physique au bien-être mental.
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