Ce pays est le premier à interdire le mensonge en politique
Le 2 juillet 2024, le gouvernement du Pays du Galles, dirigé par les travaillistes, s'est engagé à mettre en œuvre une loi criminalisant le mensonge en politique. Il s'agit bien là d'une première mondiale.
Celle-ci permettra d'exclure, en cas de mensonge avéré, des membres du Senedd, le Parlement gallois, et de disqualifier des candidats à de futures élections.
Après un débat au Parlement gallois décrit comme "passionné et dramatique" par The Guardian, le conseiller général du gouvernement Mick Antoniw a annoncé que cette nouvelle loi serait instaurée d'ici les prochaines élections législatives prévues en 2026 dans le pays.
"Le gouvernement gallois présentera une législation avant 2026 pour la disqualification des membres et des candidats reconnus coupables de tromperie délibérée", a déclaré Mick Antoniw.
Adam Price (photo), leader du parti indépendantiste de centre-gauche Plaid Cymru, milite depuis des années pour interdire le mensonge en politique. C'est lui qui est à l'initiative de l'amendement : "Le mensonge en politique est une menace existentielle. Une démocratie commence à s'effondrer si les électeurs ne peuvent plus faire confiance aux élus. Alors, il faut innover, essayer des choses différentes", a-t-il déclaré.
Après le vote du Parlement en faveur de l'interdiction du mensonge en politique, Adam Price a salué un moment "historique" et "pionnier au niveau mondial". Il estime que cette nouvelle législation pourrait entrainer un effet domino dans le reste du monde : "Nous sommes au début d'un mouvement mondial", a-t-il lancé.
Au cours du débat, l'ancien Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, a été directement visé par Lee Waters, député travailliste : "Boris Johnson a menti en arrivant à Downing Street et a encore menti en partant. La politique dans ce pays est devenue plus sombre. Le public doit savoir qu'il peut faire confiance à ce qui est dit. Le mensonge ne doit pas devenir la norme."
L'un des objectifs majeurs de cette législation est de retrouver la confiance des électeurs. En effet, d'après le baromètre Ipsos, la confiance des citoyens britanniques envers leurs responsables politiques n'a jamais été aussi basse depuis la première vague de l'enquête, datant de 1983.
Ainsi, en 2024, seuls 9 % des Britanniques font confiance aux hommes politique, selon le sondage Ipsos, contre 12 % en 2022. Un chiffre encore plus bas dans certaines sous-catégories : seuls 3 % des Londoniens et 2 % des 25-34 ans considèrent que les hommes politiques sont sincères.
"La confiance dans les hommes politiques n'a jamais été aussi basse", confirme Jennifer Nadel, codirectrice du groupe de réflexion Compassion in Politics. "Cette décision marque le début d'une remise à zéro politique", s'est-elle félicitée. "Le mensonge en politique est normalisé depuis trop longtemps. Les électeurs attendent et méritent plus, et maintenant, ils vont l'avoir."
Concrètement, le gouvernement gallois n'a pas expliqué comment sa nouvelle loi allait être appliquée. Cependant, son conseiller Mick Antoniw a précisé que l'exclusion des membres du Senedd, et des candidats aux futures élections, reconnus coupables d'avoir menti, se ferait "dans le cadre d'un processus judiciaire indépendant".
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"Cette mesure garantira que les hommes politiques sont soumis aux mêmes normes que les avocats et les médecins, qui ont déjà des obligations exécutoires en matière de divulgation de la vérité. Il me semble que cette mesure était attendue depuis longtemps", a expliqué l'avocat Sam Fowles, qui a conseillé Adam Price.