L'histoire mouvementée du Rafale : les hauts et les bas du célèbre avion militaire français
On n’arrête plus le Rafale ! Jadis réputé invendable, cette prouesse de l’aéronautique militaire française est désormais une success story internationale.
Le célèbre avion de l’entreprise Dassault a pourtant connu une histoire mouvementée avant de devenir l’un des principaux articles d’exportation tricolores. Un retour en images.
Comme le rappellent Les Échos, cet avion aurait pu ne jamais exister. Lorsque Paris cherchait un successeur au Mirage dans les années 1970, en pleine Guerre froide, un appareil européen avait été envisagé.
Finalement, le projet n’a jamais vu le jour faute d’accord entre les États concernés. La France s’est donc lancée seule dans un nouveau programme, dénommé « ACX » (« avion de combat expérimental »), renommé plus tard « Rafale » par Marcel Dassault.
En 1986, un démonstrateur du nouvel avion vole avec succès : les nouvelles technologies de l’appareil et le programme « Rafale » sont validés dans la foulée.
Véritable exploit technologique, le Rafale se distingue par son extrême polyvalence : défense aérienne, reconnaissance, frappe air-sol, ou encore dissuasion nucléaire et lutte antinavires…
« Autres avantages : sa taille raisonnable et son poids de 10 tonnes à vide (seulement) en font un biréacteur maniable et facile à entretenir », soulignent Les Échos.
Remplaçant sept types d’avions différents au sein de l’armée française, le Rafale est intégré à la Marine nationale en 2004, puis dans l’armée de l’Air en 2006. Avec un retard important, la mise en service a lieu après des années consacrées au développement et à la conception.
Après avoir vendu son bijou à l’armée française, l’avionneur Dassault a pour nouvel objectif de conquérir les marchés étrangers. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…
En effet, le Rafale perd de nombreux appels d’offres à l’international face à la concurrence américaine. Corée du Sud, Pays-Bas, Singapour, Maroc… la liste est longue des tentatives restées lettre morte dans les années 2000.
Après un nouveau revers sur le marché brésilien face au Gripen suédois en 2013, l’échec commercial du Rafale est de plus en plus visible, certains considérant même l’avion militaire français comme « invendable ».
À l’époque, Dassault met en avant le cours élevé de l’euro par rapport au dollar pour expliquer cet échec. D’autres observateurs voient dans son ultra-polyvalence un facteur de vulnérabilité, et surtout de coûts, ce qui le rendrait inaccessible aux pays moins riches.
Tout change brusquement en 2015 sous l’impulsion de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de François Hollande et ancien maire de Lorient, une ville bretonne célèbre pour ses chantiers navals militaires.
Après un tout premier contrat pour 24 appareils en Égypte, le Rafale compte de nombreux États clients près d’une décennie plus tard : Croatie, Grèce, Inde, Indonésie, Émirats arabes unis, Qatar…
Ce changement de cap chez les acquéreurs est lié aux succès militaires de l’avion, que la France utilisait à l’époque sur plusieurs théâtres d’opération, comme l’Afghanistan, la Libye ou la Syrie. L’engin acquiert la réputation de « prouvé au combat ».
D’autres raisons qui expliquent le soudain succès du Rafale sont le regain des tensions internationales, qui pousse les États dans une course à l’armement, et la volonté de certains gouvernements de réduire leur dépendance vis-à-vis des États-Unis.
En mai 2024, 234 Rafale avaient été vendus à l’armée française et 285 à l’étranger au total. Pas moins de 400 entreprises sont mobilisées pour fabriquer les 300 000 composants de l’avion, presque tous produits en France.
Début 2024, l’armée française a passé une nouvelle commande historique de 42 exemplaires supplémentaires pour son armée de l’Air. Les Rafale de nouvelle génération doivent remplacer les anciens Mirage 2000.
« L’objectif de l’armée de l’Air est d’atteindre 185 avions de combat de type Rafale d’ici à 2030, auxquels il faut ajouter la quarantaine de Rafale de l’aéronavale », indiquait à 20 Minutes le général de corps aérien (GCA) Laurent Lherbette.
Cependant, l’avion continue de perdre les appels d’offres chez ses proches alliés d’Europe de l’Ouest : l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et la Belgique lui préfèrent tous le F-35 américain.
Le Rafale continue de se moderniser au fil de ses versions successives et il devrait continuer à voler au moins jusqu’en 2060. Son successeur, le SCAF, un avion de guerre franco-germano-espagnol, est déjà dans les starting-blocks et doit être en service à l’horizon 2040.