Le Syndrome de La Havane, ce mystérieux trouble probablement dû à des impulsions électromagnétiques...
En 2016, le personnel du gouvernement américain à l'étranger, principalement des espions et des diplomates présents à Cuba, ont commencé à ressentir des troubles pathologiques. Les présumés symptômes, baptisés "syndrome de La Havane", ont continué à être signalés depuis.
La Chine, la Russie, la Colombie, l'Autriche, l'Ouzbékistan, le Royaume-Uni et la Pologne, entre autres… Depuis lors, on signale ces troubles dans tous ces pays.
Maux de tête, vertiges, sons inexpliqués, insomnies, douleurs perçantes, pertes de vision ou de mémoire, voire des signes de lésions cérébrales. Voici les symptômes signalés par les victimes du "syndrome de La Havane".
Ultrasons, pesticides, ou même une maladie psychogène de masse... au fil des années d'enquêtes, les causes potentielles sont extrêmement variées.
Certains de ses "épisodes" pourraient "plausiblement" avoir été causés par une impulsion d'énergie électromagnétique “émise par une source externe", déclare un groupe d'experts chargés d'enquêter sur ces incidents.
Il serait "peu probable que la Russie ou un autre adversaire étranger mène une campagne mondiale généralisée visant à nuire aux responsables américains", conclut un rapport datant du début de l'année (2022), mené par un autre groupe de travail de la CIA.
Alors que la plupart des cas peuvent avoir "des explications banales, comme le stress", la CIA n'exclut cependant pas une attaque d'une nation adverse, comme la Russie, par exemple. Mais il ne s'agit certainement pas d'une "campagne mondiale".
"Les impulsions d'énergie électromagnétique, en particulier dans la gamme des radiofréquences, explique de manière plausible les caractéristiques principales [du syndrome de La Havane], bien qu'il existe des lacunes dans les informations", indique le rapport.
Selon une déclaration faite à CNN, un médecin de la CIA envoyé à La Havane, à Cuba, pour enquêter sur les mystérieux incidents de santé qui touchaient le personnel de l'ambassade et de l'agence en 2017, a été frappé par le même ensemble de symptômes débilitants.
Certaines victimes, dont le médecin de la CIA (voir la photo), ont exprimé des inquiétudes quant à la manière dont l'agence a traité la première tranche de cas et ont affirmé que leurs afflictions n'ont pas été prises au sérieux.
Photo : CNN
En octobre 2021, le président Biden a promulgué la loi bipartisane "Helping American Victims Afflicted by Neurological Attacks Act" (Aide aux Américains victimes d'afflictions dues à une attaque neurologique), afin de fournir des soins et une indemnisation aux employés gouvernementaux présentant des symptômes.
Bien que cela puisse ressembler à de la science-fiction, ce ne serait pas la première fois que les forces américaines seraient ciblées par des armes électromagnétiques.
Entre les années 1950 et 1970, les Soviétiques ont bombardé l'ambassade des États-Unis à Moscou de rayonnements micro-ondes, ce qui a soulevé de nombreuses inquiétudes quant à la santé du personnel, et incité les États-Unis à étudier ce type d'armement en secret.
Après la guerre froide, les débats sur les dangers des armes électromagnétiques ont été abandonnés, et les quelques personnes à encore y faire allusion étaient ridiculisées et traitées de conspirationnistes.
Un projet de loi visant à interdire la militarisation des "radiations, énergies électromagnétiques" contre les humains a vu le jour en 2001, de la main de Dennis Kucinich, alors représentant de l'Ohio ; mais il a été abandonné lorsque les médias l'ont tourné en dérision.
Pendant ce temps, l'armée américaine a continué à développer des armes de ce genre, comme l'Active Denial System, ou "Pain Ray" (Rayon de la douleur), qui utilise l'énergie électromagnétique pour provoquer une sensation de brûlure sans réellement brûler la peau.
D'autre part, des milliers de citoyens américains se disent "individus ciblés". Ces personnes affirment avoir vécu des expériences similaires, notamment ce qui a été perçu comme des attaques d'armes télécommandées, dont le but est de provoquer des maladies à long terme.
Photo : Elisa Ventur/Unsplash
Si depuis des années, ces personnes alertent quant à un éventuel déploiement d'armes électromagnétiques sur le sol américain. Les autorités, elles, les qualifient simplement de délirants paranoïaques.
Photo : Tobias Tullius/Unsplash
Un immigré mexicain est convaincu que la CIA a fait des expériences sur lui avec des armes électromagnétiques, lui ayant causé insomnies et vives douleurs, entre autres symptômes. La fille de cet homme, une journaliste du "Los Angeles Times" a écrit un livre pour en parler.
Le père de la journaliste pensait que la CIA testait la capacité de ces armes à modifier radicalement le comportement en ciblant les toxicomanes. Il était consommateur de crack à l'époque, et a arrêté d'en prendre lorsqu'il s'est rendu compte des intentions de la CIA.
Ce n’est pas la première fois que la CIA mène des expériences sur des citoyens américains, comme en atteste le fameux projet "MK-Ultra". Celui-ci visait à étudier les effets des drogues et des électrochocs sur des centaines de personnes, et si cela pouvait leur octroyer des capacités supérieures ; il a été mené durant la guerre froide.
La journaliste assure également, dans un article, qu'après avoir écrit l'histoire de son père, elle a reçu des dizaines d’e-mails d'autres personnes qui affirmaient être victimes d'une torture électromagnétique similaire.
Photo : Usman Yousaf/Unsplash
Beaucoup de victimes gardent le silence par crainte d'être perçues comme mentalement instables. C'est ce qu'affirme Miles Taylor, un ancien chef de cabinet du ministère de la Sécurité intérieure qui a parlé de son expérience personnelle du "syndrome de La Havane" dans l'émission américaine "60 Minutes".
Photo : Gadiel Lazcano/Unsplash
L’aide accordée par la Maison Blanche ne s'applique pas aux civils, mais seulement au personnel gouvernemental et à leurs familles. Elle n'a pas non plus précisé si l'enquête en cours allait également concerner les cas civils.
Olivia Troye (première à gauche sur la photo), conseillère de Mike Pence en matière de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme à l'époque, qui a également connu le "syndrome de Havane", a déclaré que le gouvernement devrait créer un lieu centralisé pour le signalement des cas, y compris par les simples citoyens.
"Les enquêteurs devraient examiner minutieusement l'abus potentiel de cette technologie par les États-Unis eux-mêmes, et recueillir des témoignages en dehors du personnel du gouvernement américain", a déclaré Troye dans "60 minutes".
Photo : 60 minutes