Législatives 2024 : qui sera le prochain Premier ministre d'Emmanuel Macron ?
Qui sera le prochain locataire de Matignon ? Après la dissolution de l'Assemblée nationale, des élections législatives anticipées se dérouleront les 30 juin et 7 juillet prochains en France pour élire de nouveaux députés, rebattant ainsi toutes les cartes de la politique française.
Selon l'article 8 de la Constitution française, "le président de la République nomme le Premier ministre". C'est donc Emmanuel Macron qui devra choisir, à l'issue des résultats des élections législatives, le chef de son nouveau gouvernement.
Lorsque la majorité des députés élus à l'Assemblée nationale appartient au même parti que le président de la République, comme ce fut le cas entre 2017 et 2022 pour Emmanuel Macron, la politique du chef de l'État est soutenue et peut être facilement appliquée.
Sur la photo, Édouard Philippe, Premier ministre d'Emmanuel Macron entre 2017 et 2020.
Toutefois, après sa réélection à l'Élysée en 2022, Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale. Avec 245 sièges, le camp présidentiel s'est retrouvé en majorité relative, et a donc eu des difficultés pour faire passer ses propositions de lois. Cependant, Emmanuel Macron a pu nommer sans difficultés au poste de Premier ministre Élisabeth Borne en 2022, puis Gabriel Attal en 2024, puisque les groupes d'opposition n'ont pas réussi à s'allier pour voter une motion de censure.
Désormais, les prochaines élections législatives pourraient conduire à une cohabitation. En effet, si la majorité des députés à l'Assemblée nationale appartient à un parti d'opposition, le président de la République devra nommer un Premier ministre issu de ce camp. Bien que la Constitution ne l'exige pas explicitement, cette pratique est en vigueur depuis le début de la Vᵉ République.
Sur cette photo, Jacques Chirac et Lionel Jospin, président de la République et Premier ministre en cohabitation entre 1997 et 2002.
Quelle sera l'issue des prochaines élections législatives françaises ? Qui deviendra Premier ministre ? Évoquons ensemble les différents scénarios possibles.
Première hypothèse : le camp présidentiel garde sa majorité (absolue ou relative) à l'Assemblée nationale. Dans ce cas, Gabriel Attal (34 ans) garderait son poste de Premier ministre, comme il l'a clairement indiqué pendant une conférence de presse : "Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin, j’aimerais que les Français me choisissent".
Cependant, ce scénario est aujourd'hui le moins probable puisque le camp présidentiel n'aurait pas suffisamment de sièges pour former une majorité à l'Assemblée nationale, d'après plusieurs instituts de sondage. Selon un sondage Odoxa publié le 21 juin 2024, le parti d'Emmanuel Macron recueille 19 % d'intentions de vote lors du premier tour des élections législatives.
Deuxième hypothèse : le Rassemblement national (RN) obtient la majorité à l'Assemblée nationale. Dans ce cas, le parti de Marine Le Pen pourrait réclamer la nomination de son président Jordan Bardella (28 ans) au poste de Premier ministre, conformément à leurs affiches de campagnes proclamant "Bardella Premier ministre".
À l'heure actuelle, il s'agit du scénario le plus probable. Le parti d'extrême-droite remporte en effet 33 % des intentions de votes au premier tour, selon le sondage Odoxa, et aurait entre 250 et 300 élus siégeant à l'Assemblée nationale, soit une majorité relative à absolue.
Cependant, Jordan Bardella a prévenu qu'il ne deviendrait Premier ministre que si son parti obtenait la majorité absolue à l'Assemblée nationale (soit au moins 289 sièges). En cas de majorité relative, il pourrait en effet être confronté à une motion de censure. Mais s'agit-il d'un coup tactique ou d'un refus de faire face aux obstacles ?
Le troisième scénario possible à l'issue des élections législatives est la victoire de la gauche française, réunie dans le Nouveau Front Populaire (NFP). Dans ce cas, le choix du Premier ministre est plus épineux, puisque l'alliance comprend entre autres le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF), la France insoumise (LFI) et les Écologistes (EELV).
Sur cette photo : François Hollande, ancien président de la République et candidat en Corrèze avec le NFP aux élections législatives 2024.
Plusieurs noms ont déjà circulé pour endosser le rôle de Premier ministre, comme celui du leader de la France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon (72 ans - photo), de Clémentine Autain (51 ans), de François Ruffin (48 ans) et de la socialiste Carole Delga (52 ans). Mais aucun n'a été désigné officiellement par l'alliance de gauche.
Pour l'instant, le Nouveau Front Populaire ne semble vouloir désigner personne avant le premier tour des élections et préfère se concentrer sur son programme. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a indiqué sur les ondes de RTL que selon lui, "la logique est de faire voter tout le monde pour trouver un ou une Première ministre".
De son côté, LFI estime qu'il reviendrait au groupe parlementaire majoritaire à l'Assemblée nationale de désigner son candidat pour devenir Premier ministre. "Nous avons dit que c'est le plus grand groupe à l'Assemblée nationale, à l'intérieur du Nouveau Front populaire, qui proposera aux autres forces le nom d'un Premier ministre. C'est d'ailleurs Olivier Faure qui l'a dit en premier", a rappelé Mathilde Panot (photo - LFI) sur France 2. Le parti de Jean-Luc Mélenchon est celui qui présente le plus de candidats aux élections législatives au sein du Nouveau Front Populaire.
Plusieurs sondages positionnent le Nouveau Front Populaire comme la deuxième force politique française. D'après le sondage Odoxa du 21 juin 2024, le NFP recueille 28 % des intentions de votes au premier tour des législatives.