Les "bébés Covid" montrent un retard de développement cognitif à l'école

Oui, les "bébés Covid" ont désormais 4 ans... et ils vont à l'école ! Ces enfants nés pendant la pandémie de la Covid-19 ont vécu les premières années de leur vie dans un monde étrange, marqué par les confinements, les restrictions, les masques et la peur. Et l'impact sur eux de cet environnement semble bien réel, puisque beaucoup de ces enfants montrent des signes de retard cognitif.

Cette constatation, c'est celle du New York Times, qui s'est récemment entretenu avec une trentaine d'instituteurs, de pédiatres et d'experts de la petite enfance. Selon eux, la crise sanitaire a affecté le développement cognitif de la nouvelle génération. Ces enfants en bas âge rencontrent des difficultés à tenir un crayon, identifier des formes et des lettres, communiquer leurs besoins, interagir avec les autres, ou encore, gérer leurs émotions.

"Les enfants ne se livrent plus à des jeux créatifs et ne cherchent plus à rencontrer d'autres enfants comme ils le faisaient auparavant", explique Michaela Frederick, enseignante en maternelle à Sharon (Tennessee). L'institutrice a dû remplacer les petits matériaux de construction par de gros blocs souples, rapporte le New York Times, pour que les élèves puissent les manipuler, car ils avaient des problèmes de motricité.

Une autre institutrice témoigne : "Ils renversaient les chaises, lançaient des objets, frappaient leurs camarades et leurs enseignants", raconte Lissa O'Rourke, qui travaille à St. Augustine (Floride).

Mais comment peut-on concrètement expliquer le lien entre la crise sanitaire et le retard du développement de nos bambins ? En fait, les premières années de vie sont les plus critiques pour le développement du cerveau. Selon les chercheurs, plusieurs aspects de la pandémie peuvent l'avoir affecté.

Photo : Milad Fakurian / Unsplash

L'exposition au stress des parents est l'une des raisons qui pourraient expliquer les difficultés actuelles rencontrées par les enfants en bas âge, selon les experts de la petite enfance contactés par le New York Times.

D'après Rahil D. Briggs, psychologue pour enfants, lorsqu'un bébé est exposé au stress, on peut voir sur les scanners que les parties les plus actives de son cerveau "se concentrent sur la peur et sur l'agression". Ce qui se fait au détriment des autres parties du cerveau, notamment celles qui se concentrent sur le langage et l'apprentissage.

Photo : Sandy Millar / Unsplash

Autre explication mentionnée dans le New York Times : le manque d'interaction avec des adultes. Cela aurait entrainé pour certains enfants des difficultés de langage, mais aussi d'adaptation lorsqu'il se retrouve dans un groupe. "Ils peuvent avoir toutes les expériences éducatives et les connaissances, mais la socialisation est essentielle", explique Kelsey Schnu, une mère de famille américaine travaillant dans le domaine de la petite enfance.

Pendant les périodes de confinement, les parents ont dû jongler entre leur travail et leurs enfants, ce qui a considérablement augmenté le temps d'écran des bambins. Une mauvaise habitude qui s'est ensuite prolongée après la pandémie. Selon les enseignants interrogés par le New York Times, les écrans auraient des répercussions sur la capacité d'attention et la motricité fine des enfants.

De plus, la fermeture des crèches, dont la fréquentation facilite souvent la préparation à l'entrée à l'école maternelle, a été un autre frein à la socialisation des enfants.

Des professionnels de santé ont également alerté sur d'autres déficits. Heidi Tringali, ergothérapeute pédiatrique à Charlotte (Caroline du Nord) a constaté "des problèmes visuels, de force musculaire, de compétences sociales, d'attention" chez nombre de ses petits patients.

Si vous constatez des signes de retard cognitif chez votre "bébé Covid", n'ayez pas d'inquiétudes. Les chercheurs affirment en effet que les jeunes enfants ne devraient pas subir les effets de la pandémie sur le long terme.

Photo : Vitolda Klein / Unsplash

"Il est tout à fait possible de rattraper le retard, si l'on s'y prend tôt", explique le Dr Dani Dumitriu, pédiatre et neuroscientifique à Columbia. "Il n'y a rien de déterministe dans un cerveau à six mois."  Et la première étape pour rattraper le retard accumulé est simple : aller à l'école.

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