Différentes menaces pèsent sur le résultat des élections américaines
À l'approche de l'élection présidentielle américaine, de nombreux agents électoraux craignent pour leur sécurité, dans un contexte de polarisation extrême.
Sur la photo : un membre d'un bureau de vote à Tampa effectue un test public du matériel électoral avant les élections générales du 5 novembre.
"Le défi vient des inquiétudes concernant la sécurité du personnel électoral", a expliqué Isaac Cramer, directeur exécutif du conseil électoral du comté de Charleston, en Caroline du Sud, au Financial Times. "Je sais que c'est l'une des principales préoccupations des personnes qui sont parties."
Des membres du personnel électoral ont en effet fait l'objet d'une vague de menaces après que le résultat de l'élection de 2020 a porté Joe Biden à la Maison-Blanche. Les partisans de Donald Trump affirmaient que ces agents n'avaient pas signalé les fraudes dans les urnes.
Cette demande a été rejetée par les tribunaux, mais un refus du résultat final pourrait poser un gros problème lors d'une élection qui pourrait se jouer à la virgule près.
Selon Reuters, plus de 100 menaces de mort ou de violence ont été proférées à l'encontre d'agents électoraux et de fonctionnaires américains au cours de l'année qui a suivi 2020. Ces menaces seraient associées à l'insistance de Donald Trump à affirmer que les élections de 2020 étaient frauduleuses.
Une enquête du Brennan Center for Justice, de la faculté de droit de l'université de New York, a révélé que 38 % des travailleurs électoraux ont été victimes de menaces, de harcèlement ou d'abus, et que sept personnes sur dix ont signalé une augmentation des menaces depuis 2020.
Selon cette enquête, 40 % des administrateurs électoraux ont déclaré avoir renforcé les mesures de sécurité pour assurer la protection du personnel dans les bureaux électoraux et les bureaux de vote, notamment par l'installation de vitres pare-balles et de boutons d'alarme.
Outre la perspective d'une intimidation pure et simple, le résultat des élections pourrait être faussé par des facteurs tels que l'encouragement des partisans à devenir agents électoraux afin de "surveiller" le vote et de vérifier qu'il n'y a pas de fraude.
Selon le Financial Times, c'est le cas de militants de groupes de droite tels que True the Vote, dont beaucoup contestent le résultat des élections de 2020.
The Guardian rapporte que le président du comité national républicain, Michael Whatley, affirme avoir recruté près de 200 000 observateurs, travailleurs électoraux et avocats bénévoles.
Parmi les autres problèmes susceptibles d'interférer avec l'élection, on peut citer le refus des autorités locales de certifier les résultats, mais aussi l'intrusion de militants dans des conseils d'administration.
Dans l'État de Géorgie, par exemple, les partisans de Donald Trump siégeant au conseil électoral de l'État ont récemment tenté de faire adopter une série de nouvelles règles qui leur seraient favorables et créeraient un climat d'incertitude.
Thomas Cox, juge dans l'État de Géorgie, s'est prononcé contre sept de ces changements, dont le comptage manuel des voix, les qualifiant d'"illégaux, inconstitutionnels et nuls", rapporte The Guardian.
Photo : capture d'écran de la vidéo de la Cour supérieure du comté de Fulton.
"Ces réunions de conseils locaux sont désormais remplies de [partisans de Trump] qui se lèvent et crient sur les membres du conseil s'ils ne sont pas d'accord avec eux", rapporte Sam Levine, journaliste du Guardian.
Pendant ce temps, l'un des plus célèbres partisans de Trump, Elon Musk, a tenté de faire naître une théorie du complot selon laquelle les démocrates échangeaient des votes contre la citoyenneté des immigrés clandestins, une théorie qui a depuis été démentie.
Dans le Tennessee, 14 000 électeurs inscrits dans des régions à forte population ethnique se sont vu demander une preuve de leur citoyenneté.
En Alabama, l'État a tenté d'empêcher 3 200 personnes de voter en prétendant qu'elles étaient des non-citoyens, avant d'admettre que 2 000 d'entre elles étaient éligibles.
Enfin, il existe la question des avocats du Parti républicain. En 2020, ils ont refusé de s'associer à la tentative de Trump de renverser le résultat. Aujourd'hui, Christina Bobb, opposante très en vue des élections de 2020, est à la tête de l'équipe chargée des litiges électoraux au sein du comité national républicain.