Thierry Mariani en première ligne pour le Rassemblement national : les liaisons dangereuses entre certains Français et la Russie de Poutine
Pour le premier débat dans le cadre des élections européennes, le Rassemblement national a envoyé le député européen et ancien secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, malgré sa sympathie assumée pour le régime de Vladimir Poutine.
Ces dernières années, Mariani s'est illustré à de nombreuses reprises comme relais de la propagande russe. Favorable à l'annexion de la Crimée, il avait attribué à l'Ukraine une partie de la responsabilité de la guerre, avant de participer à la campagne de désinformation russe "Doppelgänger", selon 'Le Monde'.
Lors du débat organisé ce jeudi 14 mars sur 'Public Sénat', l'eurodéputé a été pris à partie par ses adversaires. Candidat de la liste Place publique-PS, Raphaël Glucksmann l'a qualifié de "petit télégraphiste du Kremlin" et de "patriote de pacotille".
D'autres personnalités françaises ont été remarquées ces dernières années pour avoir défendu le président russe ou entretenu des liens avec le régime de Moscou. Voici un passage en revue des Français aux liaisons dangereuses avec la Russie !
Peu après l'invasion de l'Ukraine, Éric Zemmour a été rattrapé par ses anciennes positions favorables à Vladimir Poutine, dont il considérait le régime autoritaire comme un modèle à suivre. Un soutien qui lui a coûté très cher en termes d'intentions de vote et qui explique en partie son échec au premier tour de l'élection présidentielle de 2022.
Aujourd’hui rallié à Zemmour, Philippe de Villiers n’a jamais caché son admiration pour la Russie. Il avait participé au projet de statut de Jeanne d’Arc à Saint-Pétersbourg, la ville natale de Vladimir Poutine.
Autre leader d’extrême-droite amie du Kremlin, Marine Le Pen a été mise en cause au début de la guerre. Outre ses sympathies pour Poutine, l’emprunt de plusieurs millions d’euros contracté par son parti auprès de banques russes lui a valu des accusations de dépendance à l'égard du Kremlin. Une situation que ses adversaires ne manquent pas de lui rappeler alors que son parti est en tête des intentions de vote pour les élections européennes.
Plus généralement, c’est l’ensemble du Rassemblement national qui était très proche de la Russie. Louis Aliot, Stéphane Ravier, Nicolas Bay (sur la photo)… plusieurs anciens ou actuels ténors de ce parti ont effectué des visites ou des interventions auprès des institutions politiques russes.
Lié depuis des années au régime au pouvoir en Russie, l’ancien Premier ministre avait rejoint le conseil d’administration de deux sociétés russes en 2021 : le pétrolier Zaroubejneft et le pétrochimiste Sibur, où siègent également des proches de Poutine. Il a quitté ses fonctions lorsque la guerre a éclaté.
Le régime de Poutine était également apprécié de certains hommes politique de gauche. Jean-Luc Mélenchon a condamné formellement l’invasion russe de l’Ukraine. Mais pendant des années, il avait soutenu de manière constante que les États-Unis et l’OTAN étaient les véritables agresseurs dans le conflit ukrainien.
Dans son livre « Un défi de civilisation » paru en 2016, l’ancien ministre socialiste avait assuré que la Russie n’avait pas d’intentions impérialistes. Il avait critiqué une « russophobie plus ou moins camouflée en poutinophobie ». En 2017, il avait été décoré par Poutine en personne de l’Ordre de l’Amitié.
Ce n’est pas en tant qu’homme politique mais en tant qu’homme d’affaires que l’ancien ministre de l’Économie et directeur général du FMI était installé en Russie. Dominique Strauss-Kahn a démissionné du Fonds d’investissement direct russe, un fonds souverain frappé par les sanctions occidentales.
L’ancien patron d’EDF Henri Proglio (à gauche sur la photo) est membre du conseil d’administration de Rosatom, le géant russe de l’énergie nucléaire. Malgré la guerre et les sanctions, il a fait savoir en mars 2022 qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. Il s'est fait très discret depuis.
Au-delà des milieux politiques et économiques, des personnalités françaises du monde de la culture avaient cultivé des liens étroits avec la Russie ces dernières années. Le cas le plus célèbre : l’acteur Gérard Depardieu qui avait quitté la France pour des raisons fiscales et demandé la nationalité russe fin 2012.
Dans la foulée, Brigitte Bardot, dont l’engagement pour la cause animale est connu, avait menacé de demander la nationalité russe si deux éléphants du zoo de Lyon étaient euthanasiés. Un an plus tôt, elle avait chaleureusement remercié Vladimir Poutine pour avoir interdit l’importation en Russie de peaux de phoques du Groënland.
Autre géant du cinéma français, Alain Delon a joué son propre rôle dans le film russe « Bonne année les mamans » en 2013. « La Russie et moi, c'est une longue histoire d'amour », avait-il déclaré à « Paris Match » qui l’avait photographié sur la Place Rouge.
Superstar en Russie, la chanteuse Mireille Mathieu avait donné un concert au Kremlin en 2008 (où Kadhafi était aussi présent…). Elle avait été décorée de l’Ordre de l’amitié russe en 2010 à l’occasion des 45 ans de sa carrière. Les liens semblent un peu moins proches aujourd’hui.
Contrairement à ses successeurs, l’ancien président de la République avait rapproché la France de la Russie par souci d’indépendance vis-à-vis de la puissance américaine. Le refus commun de la guerre en Irak avait été le moment fort de cette nouvelle amitié franco-russe au début des années 2000.
L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder avait participé au front du refus de la guerre en Irak avec Chirac et Poutine. Il entretient depuis des liens d’amitié très forts avec le président russe, qu’il a toujours défendu publiquement. Membre du conseil d’administration de plusieurs géants russes de l’énergie, il a refusé de démissionner et de condamner l’invasion de l’Ukraine. Une position qui a fait de lui un paria en Allemagne.