Les Massaïs chassés de Tanzanie à cause du tourisme et des safaris !

Les Massaïs doivent s'en aller
La protection de la nature invoquée
Un danger pour les écosystèmes ?
Plus de places pour les touristes et les chasseurs ?
Une entreprise de Dubaï bénéficiaire de l'opération
Des recettes pour l'État tanzanien
La montée des tensions
Des mesures répressives
Des blessés lors d'expulsions forcées
Des manifestations réprimées violemment
Les journalistes et les parlementaires ne sont pas les bienvenus
Les Massaïs cherchent du soutien en Europe
Le rôle de l'Allemagne
Des violations des droits de l'homme
Un épisode similiaire en 1959
Des promesses non tenues
Les Massaïs doivent s'en aller

Emblématiques du continent africain, les Massaïs sont un élément incontournable des guides de voyage sur la Tanzanie et le Kenya. Mais à la suite d'une décision du gouvernement tanzanien, ils doivent désormais quitter le territoire où ils vivent, avec leur accord ou non. Que se passe-t-il ?

La protection de la nature invoquée

Les autorités tanzaniennes veulent qu'environ 82 000 Massaïs quittent l'Aire de conservation du Ngorongoro, une zone proche du célèbre cratère du même nom, pour aller s'installer dans d'autres régions d'Afrique de l'Est. Une décision justifiée par la protection de la nature !

Un danger pour les écosystèmes ?

La présidente de Tanzanie Samia Suluhu Hassan (sur la photo) s'appuie sur une étude de 2019 qui considère les Massaïs comme un danger. Leur accroissement démographique, des troupeaux de plus en plus nombreux et le développement de l'agriculture détruiraient les écosystèmes. La surexploitation des terres serait également une menace pour cette zone protégée, si importante pour le tourisme.

Plus de places pour les touristes et les chasseurs ?

De leur côté, les Massaïs estiment qu'ils sont chassés pour faire de la place au tourisme de luxe et aux safaris. Selon eux, le mode de vie traditionnel des communautés autochtones comme la leur ne représente aucun danger pour la nature.

Une entreprise de Dubaï bénéficiaire de l'opération

Selon le média allemand 'Frankfurter Rundschau', le bénéficiaire de la nouvelle réserve de chasse serait la Otterlo Business Corporation, une entreprise de chasse des Émirats arabes unis qui loue le terrain depuis 1992 et qui y a fait construire des résidences de luxe et un aérodrome.

Des recettes pour l'État tanzanien

Toujours selon ce média, les safaris et la chasse sont un business juteux pour la Tanzanie. Car pour chaque animal abattu, des droits de licence sont versés directement au budget de l'État.

La montée des tensions

Le conflit porte sur un territoire d'environ 1 500 kilomètres carrés, non loin du cratère de Ngorongoro. Le gouvernement a évoqué un "transfert volontaire" de population, mais la réalité semble différente...

Des mesures répressives

Selon l'ONG FIAN Deutschland, le gouvernement tanzanien aurait adopté une série de mesures répressives qui constituent en pratique une migration forcée des populations. Le financement d'écoles et de centre de soins a été suspendu. De nombreuses zones ont été interdites d'accès, compliquant l'accès des Massaïs à l'eau et aux pâturages. La situation alimentaire est donc en train de se détériorer fortement.

Des blessés lors d'expulsions forcées

Certains Massaïs de Tanzanie ont fui vers le Kenya. Ils ont déclaré au journal allemand 'Tagesschau' que des policiers et des forces de sécurité sont venus armés. La police aurait déclaré que leur terre appartient au gouvernement et qu'ils doivent la quitter. Comme ils ne savaient pas où aller, les policiers auraient ouvert le feu, "y compris sur des femmes et des personnes âgées. Ils ont détruit nos maisons et abattu notre bétail."

Des manifestations réprimées violemment

Selon le 'Frankfurter Rundschau', les premières expulsions forcées auraient eu lieu en juin 2022. La police a alors réprimé violemment les protestations des Massaïs. Deux personnes sont mortes : un Massaï abattu par balles par la police, et un représentant de l'ordre tué par la lance d'un Massaï. Trente autres personnes ont été gravement blessées.

Les journalistes et les parlementaires ne sont pas les bienvenus

Joseph Oleshangay, un avocat des droits de l'homme qui défend les Massaïs, a déclaré début septembre 2023 : "Nous avons encore constaté que la venue de parlementaires européens a été bloquée par le gouvernement tanzanien." Les journalistes ne sont pas non les plus bienvenus, comme l'a assuré Antje Diekhans, la correspondante au Kenya de la télévision publique allemande.

Les Massaïs cherchent du soutien en Europe

En quête d'une aide internationale, une délégation de Massaïs s'est rendue en Europe fin mai 2023. Accompagnée par les représentants de différentes ONGs, elle a rencontré des femmes et des hommes politiques allemands. Car l'Allemagne apporte un soutien financier important à la Tanzanie.

Photo : capture d'écran du site web de FIAN Deutschland

Le rôle de l'Allemagne

L'Allemagne soutient des projets de protection de la nature en Tanzanie à hauteur de 80 millions d'euros par an. Et la Société zoologique de Francfort est sous le feu des critiques à cause de sa collaboration étroite avec l'administration des parcs nationaux de ce pays africain.

Des violations des droits de l'homme

"Si vous ne pouvez pas garantir que votre argent ne soutient pas des violations des droits de l'homme, alors gardez-le !" : voilà ce que leur ont reproché les Massaïs, selon un communiqué de presse de FIAN Deutschland.

 

Un épisode similiaire en 1959

Il ne s'agit d'ailleurs pas de la première expulsion subie par les Massaïs. En 1959, ces populations ont dû quitter la Plaine du Serengeti sous prétexte que leurs bœufs représentaient une menace pour la nature. En tant que parc national, le lieu n'a plus jamais été habité ni exploité.

Des promesses non tenues

Les Massaïs ont dû se construire de nouveaux villages dans l'Aire de conservation du Ngorongoro. Il leur avait été promis à l'époque qu'ils pourraient toujours y rester. Mais 64 ans plus tard, il en va autrement... Les Massaïs sont maintenant résolus à ne pas se laisser chasser une seconde fois. Vont-ils y parvenir ?

Et aussi