Alliances émergentes : qui sont les nouveaux partenaires commerciaux de la Russie ?
Surnommé parfois le « Davos russe », le Forum économique international de Saint-Pétersbourg de 2024 a été l'occasion pour les pays participants de négocier de nouveaux partenariats et de renforcer certaines alliances.
Cette année, des chefs d’États étrangers ont fait le déplacement, comme « le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, le président bolivien, Luis Arce, et le président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik », selon l'agence TASS.
« Selon des communications individuelles de chaque pays, Oman, l’Azerbaïdjan, l’Afghanistan, le Bélarus, le Vietnam et le gouvernement régional du Kurdistan », ont été représentés, ajoute Le Grand Continent.
Si certains dirigeants occidentaux, comme Angela Merkel en 2013 ou Emmanuel Macron en 2018, pouvaient se rendre à ce Forum avant l’invasion de l’Ukraine, la liste des invités a été restreinte cette année aux « amis » de Moscou.
Isolée sur la scène internationale depuis le début de la guerre, sanctionnée par l’Occident, mais soutenue par les régimes iraniens et chinois, la Russie est aujourd’hui en quête d’alliances et de partenariats renouvelés.
Sur le plan militaire, un axe composé de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord coopère de plus en plus étroitement, défiant ouvertement l’OTAN, l’alliance qui regroupe les démocraties occidentales.
RTL rappelle que Téhéran fournit à Moscou des drones depuis le début du conflit, tandis que de nouvelles preuves du soutien militaire de la Chine à la Russie ont été apportées début 2024.
Cette évolution n’a pas échappé au Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a évoqué une « alliance des puissances autoritaires » dans une interview à la BBC en avril 2024.
Mais, au-delà de la dimension militaire, la Russie est aussi à la recherche de nouveaux partenaires économiques pour contourner les sanctions et financer sa guerre très coûteuse.
Le pays ne ménage pas ses efforts pour tenter de prouver sa résilience. Dans les allées du Forum de Saint-Pétersbourg, un robot de plusieurs mètres d’envergure clamait : « Notre économie est aussi solide que l'acier de mon corps », a rapporté RFI.
Afin d’absorber le choc des sanctions, l’économie russe a opéré un pivot depuis deux ans en réorganisant son commerce extérieur vers les autres continents, à commencer par l’Asie.
Selon les données des douanes russes, citées par La Tribune, les exportations vers l’Asie ont augmenté de 5,6 % entre 2022 et 2023, tandis que les importations en provenance de ce continent ont augmenté de 29,2 % sur la même période. Cela compense en partie l’effondrement des exportations de la Russie vers l’Europe (- 68 %).
Avec environ 220 milliards d’euros d’échanges en 2023, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de la Russie. Un record, selon les douanes chinoises reprises par La Tribune, mais aussi le signe d’une dépendance croissante de Moscou à l’égard de Pékin.
Privés de leur débouché européen traditionnel, les hydrocarbures russes sont désormais vendus à des pays asiatiques, principalement la Chine et l’Inde.
Au-delà de la Chine, la Russie tente de surmonter la perte des marchés européens en trouvant de nouveaux partenaires au sud, notamment l’Inde et les pays du Golfe. Le pays s’est lancé dans la construction des infrastructures nécessaires pour mettre en place cette « route du sud ».
Pour cela, Moscou construit actuellement une ligne de chemin de fer qui doit relier le pays aux ports iraniens et lui donner accès à l’Inde, au Pakistan et à l’Arabie-Saoudite, indique La Presse. Plus d’un milliard d’euros ont été prêtés à l’Iran pour mener ce projet à bien.
Une fois achevée, cette ligne de chemin de fer s’étendra sur 7 000 kilomètres, totalement à l’abri des sanctions occidentales.
« Comme les routes commerciales traditionnelles de la Russie sont entravées, elle a dû regarder ailleurs », commente Rauf Agamirzayev, un expert en transport et en logistique établi à Bakou, en Azerbaïdjan, cité par La Presse.
Dans l’autre sens, la Russie contourne les sanctions occidentales en important des biens de consommation essentiels, notamment via la Turquie et les pays du Golfe, en plus de la machinerie de l’Inde et des armes iraniennes.
Si le pouvoir russe vante la réorganisation rapide de son économie, de nombreux observateurs soulignent la pénurie de main d’œuvre, les entraves au commerce international et la surchauffe liée aux dépenses militaires. La formation d’un nouveau bloc anti-occidental à l’est permettra-t-elle à la Russie de sortir de son isolement et d’éviter la stagnation économique ?